La journée a été particulièrement agréable et bien organisée malgré un Mistral assez violent, six taureaux en course camarguaise et deux en caballero ont animé l’après-midi qui s’est poursuivie avec un " verre de l’amitié " offert par Jacques à ses nombreux invités.

Cet apéritif s’est tenu dans les locaux de la Bergerie que notre hôte a transformée avec l’ingéniosité qu’on lui connaît, en deux grandes salles dont l’une peut recevoir jusqu’à 600 personnes. Compartimentables grâce à un système astucieux fait à partir de mangeoires à moutons, montées sur des roulettes, ces séparations amovibles permettent de recevoir des groupes différents, le tout avec un plafond insonorisé qui contribue à préserver une ambiance semi-feutrée malgré le nombre de convives.

Quant aux cuisines que nous avons eu l’occasion de visiter, d’une propreté irréprochable, elles s’étendent, spacieuses, modernes, fonctionnelles, et permettent d’assurer un service rapide, efficace.

En fait, ce n’est pas par hasard que Jacques Bon se trouve aujourd’hui à la tête de cette " entreprise ".
Petit-fils et fils de Camarguais, né au " Mas de Peint " [1] où il habite toujours, il a vécu dans la tradition chère aux gens de notre région.
Il monte à cheval à l’âge de quatorze ans, chez les amis, les voisins, avant que de longues discussions familiales ne l’autorisent à avoir son propre cheval.

Photo de l’auteur

En 1950, il prend la suite de son père : élevage de moutons, culture de riz.
Mais l’entrée de l’Angleterre dans le " Marché Commun " l’incitera à renoncer à l’élevage : il ne conserve plus qu’un troupeau qu’il consacre à sa consommation personnelle et auquel on doit le fameux " Agnèu Roustit " - Agneau rôti - dont il régale ses convives lors des ferrades et autres manifestations qu’il organise.

C’est en 1980 que Jacques décide de constituer une manade.
Il espère avoir un jour la satisfaction de voir un de ses taureaux au meilleur niveau des courses, ce qui est possible compte tenu de leur origine, puisqu’il les achète à son neveu Henri Laurent et à ses amis M. Mailhan, Mlle Fanfonne Guillierme, M. Pastré.
Dans ces conditions, Jacques ne peut qu’être stimulé dans ses aspirations à atteindre le " Top-Niveau " de la course camarguaise !
C’est d’ailleurs à cette fin qu’il a construit le bouvaou, et tout le monde connaît déjà en Camargue et alentours le célèbre camion peint en blanc, rayé aux couleurs de la devise de Jacques Bon : violet - vert - rouge.

Jacques Bon et sa fille Catherine Reine d’Arles (1981)
Liste des Reines d’Arles (1981) *

Ami de Monsieur Hoffman — ardent défenseur de la Camargue, connu pour avoir rendu de grands services à cette région et à habitants — Jacques soutient avec vigueur ses théories.
De même, il emploie toute son énergie à montrer aux touristes notre pays dans les meilleures conditions, ne négligeant aucun point. Tout est pensé, réglé dans le moindre détail.

Quand il n’est pas à " La Cabane dis Ego " ( " Cabane des juments " et non pas des " aigles ", comme l’avait rebaptisée un Parisien profane...), Jacques vit au " Mas de Peint ", dans un décor de meubles en bois massif ; il passe de longs moments près de la cheminée qu’il allume volontiers pour son plaisir personnel et celui de ses amis.
Ce perfectionniste a bien besoin de prendre quelque détente, entouré de ceux qui lui sont chers, en compagnie de ses chiens et… de deux très affectueux sangliers qu’il a nourris au biberon ! …

Mas de Peint

Jacques n’est pas le seul de la famille à être connu dans la région !
Sa soeur, Henriette Bon, fut " couronnée " Reine d’Arles de 1958 à 1962, puis .sa fille Catherine, de 1981 à 1983, qui insista par ailleurs pour être portée en croupe par son père.

Mais il faut reconnaître que les instants de loisir sont rares pour Jacques, constamment préoccupé par le désir de faire toujours mieux.
Ainsi, vous ne serez pas déçus si vous aimez les divertissements où rien n’est laissé à l’improvisation. Pendant toute la saison à " La Cabano dis Ego ", Jacques propose des activités multiples, propres à satisfaire le touriste en quête de dépaysement et de couleur locale : ferrade traditionnelle suivie de jeux de gardians, course de vachettes dans les arènes (avec participation de volontaires ! ...), course de six jeunes taureaux ou vaches emboulés, avec raseteurs en tenue blanche, promenade à cheval, en calèche, le Tour du Pelot (visite guidée en charrette, des manades et d’un mas camarguais du XVIIème siècle)... sans oublier, pour couper la journée et reprendre des forces, un repas typiquement camarguais, avec agneaux et taureaux... à la broche !... le tout avec animation musicale.
Que demander de plus ?!...

Souhaitons à Jacques Bon d’être récompensé pour tout le mal qu’il se donne et que son souci permanent d’innovation répondra au désir du plus grand nombre.
Rendez-vous donc à " La Cabano dis Ego " pour " Une journée plein-air, soleil, taureaux, chevaux ", qui, de toute manière, ne vous laissera pas indifférents.

Fréderic Bon, son fils

BEAUCAIRE LE 26.05.2018

HOMMAGE A LA MANADE Jacques BON et à son pelot Frédéric BON
prononcé par Bernard Dumarcher

Amis Camariniens,
Nous sommes ici à la « cabano dis Ego », c’est-à-dire « la cabane des juments » en bon français, propriété de la famille BON depuis les années 80.
L’histoire de cette manade, relativement jeune car débutée en 1980, est passionnante, l’histoire de cette grande famille de Camargue l’est encore plus et remonte très loin dans le temps.

On s’aperçoit très vite que cette histoire est intimement liée à celle de Jacques Bon, né en 1927 et décédé en mars 2010 à 83 ans.

Fils d’agriculteur, Jacques avait acheté la propriété du Mas de Peint en 1952, et sur les 500 ha du domaine a cultivé le riz et élevé des moutons, beaucoup de moutons, avant de devenir manadier.
Homme inventif, courageux, opiniâtre, il était loin d’être fou quand il a voulu être berger à 16 ans, puis agriculteur, puis manadier, puis hôtelier , un touche à tout de génie, avant-gardiste ce qui dérange et fait peur à beaucoup , sauf à lui qui aimait avoir un coup d’avance et même deux.

Homme d’une élégance rare et raffinée, perfectionniste, clairvoyant, il a toute sa vie fait des choix impliquant des changements de cap radicaux avec une grande réussite.

Cette personnalité très forte manque terriblement dans le paysage camarguais d’aujourd’hui.

Je vous disais, la famille Bon, grande famille de Camargue ?
On va le voir avec Henriette Bon, sœur de Jacques, 4ème Reine d’Arles de 1958 à 1962, une des très rares Reines blondes et puis avec Catherine Bon , fille de Jacques, 11ème Reine d’Arles de 1981 à 1984 , la reine du Mas de Peint, mais aussi avec Marguerite Laurent , épouse du manadier Paul Laurent et sœur de Jacques.

Autant vous dire qu’il a ainsi l’occasion de fréquenter souvent la Manade des Marquises et les milieux de la Bouvine.
Aussi l’idée de fonder sa propre manade germe en lui et quand la culture du riz et l’élevage du mouton deviennent moins rentables, il va mettre son projet à exécution.
C’est ainsi que dès 1980 il arrive à convaincre son beau frère, Paul Laurent et son neveu Henri de lui vendre quelques bêtes.
Le premier pas est franchi.
Il cherche et trouve des pâturages qu’il loue à proximité de la Tour du Vallat où pour seul abri on trouve une ancienne bergerie.

Il aménage des installations provisoires puis très vite des vastes bâtiments, inaugurés en 1986, pour accueillir avec un maximum de confort des groupes importants pour des journées camarguaises.

En suivant, il fait d’autres acquisitions dans les manades Fabre Mailhan, Guillierme, Pastré puis, avec les naissances annuelles, il entreprend sa propre sélection.

Et la réussite arrive très vite avec en 1992 une Royale où émerge ST REMOIS mais aussi ARLESIEN, FOURQUATEN, MOURIESEN.

Tous ces taureaux à la carcasse souvent très imposante et aux cornes très longues, ont des qualités de barricadier. C’est une constante qu’on retrouve ensuite chez TINOIR en 2001 et 2002.
Tinoir vainqueur du trophée Camarina en 2001.

On va citer aussi MIRANCHOU, GEVAUDAN, PALUNEN, HARPAGON , puis
TABARLY, CATHARE en 2005, CLODOMIR en 2008, APOLLON , CAMPUCEU, en 2011 pour arriver à MONRO, PELICAN, CHAMBAO, TRANCARDEL de 2016 à ce jour.

Depuis longtemps déjà Frédéric assure la pérennité de la manade et son père avait su lui laisser les rênes bien avant sa mort.
C’est dire si l’héritage a été bien géré et si la continuité dans la voie qui a été tracée a été assurée.

Mesdames et Messieurs je vous demande de faire une ovation à cette famille Bon, à Frédéric ce manadier, jeune peut-être mais ô combien talentueux.

Bernard DUMARCHER
Président de l’Association Taurine Camarina de Beaucaire


L’adieu à Jacques Bon *

[1Le Mas de Peint a été construit en 1602.
Un riche drapier, M. Antoine Peint, avait prêté de l’argent à la ville d’Arles. Mais, la commune ne pouvant s’acquitter de sa dette elle lui céda des terrains.
Amoureux de la région, il décida d’y construire sa maison, son Mas.
Le Mas s’est transmis à travers les siècles, de la famille Peint à la famille Blain, puis à la famille Bon.