En écrivant cet article, j’ai sous les yeux la reproduction d’une gravure qui fait partie des Archives iconographiques du Palais du Roure en Avignon.
Cette gravure représente une ferrade, il y a six milles ans. Ce ne sont pas des méridionaux qui marquent le taureau, mais des Égyptiens.

La seule différence, avec la ferrade de nos jours, c’est que la marque est appliquée sur l’épaule droite de l’animal, qui est ligoté.
Le jeu était absolument pratiqué comme de nos jours et la ferrade entraînait de grandes fêtes.

Voilà une nouvelle preuve si elle était nécessaire, montrant bien que nous suivons une belle tradition en continuant les jeux du taureau de Camargue.

Un 26 mai du pont de Sylvéréal aux Saintes. Sur la route blanche et poudreuse de la basse Camargue. Un trafic de voitures, de chars-à-banc, de roulottes, de cavaliers, d’automobiles même.

Les uns retournent aux Saintes, d’autres descendent ver l’église nef. Au midi, , le soleil tout rouge. Il y a un instant les eaux de l’étang du Vaccarès se sont ouvertes, le soleil en feu en a jailli.
Les poulains galopent follement, les juments et les Camargue blancs partent au galop aussi. C’est une chevauchée fantastique dans les sansouires, que la lumière recouvre lentement d’une poudre d’argent.
Les taureaux sont immobiles. Ils prient sans doute. Les veaux se mettent debout. Près de leur mère, ils regardent avec toute la bouvine, le soleil qui monte lentement dans le ciel. Un mugissement de quelques secondes. C’est la fin. Toutes les bêtes se sont remises à manger.

On entend plus que les cigales qui chantent toujours sans souci, les passereaux qui piaillent heureux de la chaleur qui revient. Les roseaux bruissent lentement en se caressant les uns, les autres, les saladelles reprennent leur beau mauve, les tamaris sont violets sous les rayons du soleil, les enganes argentées. Toutes les herbes de la plaine immense sont unies entre elles par le fil de la vierge qui, interminable, se balancent aux frêles roseaux et au faible tamaris.

En face au bout du rouleau blanc de la route, le petit village se réveille. Le clocher de la vieille église dresse fièrement sa silhouette dorée dans le ciel bleu. Le ciel est beau, clair, immense.

Tout au loin, bien au large, la mer bleue semble se confondre avec le firmament
Au dessus de toute cette beauté magique, de ce rêve féerique, le bruit majestueux des vagues qui viennent mourir sur la terre du mirage et de la poésie.
Sur la route, les voitures continuent de se croiser.
Les Bohémiens s’éveillent dans leur roulotte. Ils viennent de prier sainte Sarah, la servantes des Maries.