A gauche, le gardian Auguste Calais dit "Lou Gai"

Elle a navigué entre ces différents élevages : Camargue, Croisés, Espagnols.

Devise : jaune et rouge
Fer : un fer a cheval surmonté d’une croix

Quelque temps après le décès de Mosca Viret, le revistero à la plume leste et étincelante, la direction des arènes de Nîmes organisa une fête au profit de la veuve de notre regretté collègue.
Les novilleros et les razeteurs français offrirent leur concours. Les manadiers offrirent le bétail. Il me souvient qu’un certain caballero en plaza, de Saint Martin de Crau, je crois, devait toréer un Viret. Il devait le banderiller au simulacre.

Lorsque sortit ce pensionnaire de Viret, ce fut, parmi les spectateurs, un cri d’admiration.
Bien en chair, nerveux, haut sur pattes, avec une tête énorme et coiffé d’une paire de cornes un peu là !
Le Viret sortit du chiquero comme un véritable Miura. Après avoir fait quelques bonds, il aperçut le caballero qui, sur un joli cheval bai, attendait. Ce fut vite fait , bien plus vite fait qu’écrit et même lu. Tel un bolide le Viret partit sur le cheval, souleva canasson et caballero par deux fois.
Cette petite scène terminée, les novilleros entrèrent en jeu et je n’ai jamais vu taureau plus noble, franc, brave. Il prenait le leurre comme un bébé boit du petit lait.

Avant d’aller plus loin, présentation de l’élevage Viret. C’est d’ailleurs par là que j’aurais dù commencer cet article.
Les aficionados regardent cette manade comme une planche de salut si la peseta continue à monter. Ils n’ont pas tort. Si nous sommes obligés d’organiser des spectacles avec toros, c’est à Madame Viret d’abord qu’il faudra s’adresser. Peut-être courrons-nous à une désillusion. Nous sommes habitués aux déceptions et, franchement, je crois, qu’on pourrait tirer un bon parti des toros qui mangent toute l’année dans les pâturages de l’Etourneau à Mas Thibert.

Je ne connais pas madame Viret et le regrette vivement. J’aurais aimé lui demander des renseignements sur son élevage . Mme Viret est fière de ses produits. Elle suit attentivement les progrès, et le bayle gardian Berrard lui rend des comptes sérieux et sincères. La prospérité de cette manade est due à la bonne entente qui existe entre le propriétaire et le gardian.

En 1888, Messieux Viret, Chauffard et Bataille achetèrent à Valentin Cales « lou négre » une partie de la manade que celui-ci détenait de Desfond.
Cales avait acheté 6 étalons à Carriquiri, et de ce fait les bêtes qu’achetèrent Viret et Cie étaient déjà croisés.
Ce croisement n’ayant rien donné de bon, les nouveaux propriétaires décidèrent d’acheter huit toros de 2 ans à Roquemirando, 6 vaches à Lisazo, de Pampelune, et de là est partie la manade qui fait l’admiration des aficionados de notre région.
Depuis 1900, on fait tous les ans une tienta sérieuse et les mauvais produits sont envoyés illico à l’abattoir.
En 1889, le triumvirat afferma l’Etourneau, jusque là les bêtes étaient restées à Tenque près de Fos.
En 1912, Viret pris tout seul la direction de l’élevage et contribua la sélection. Le sang Camargue est remplacé tous les ans par l’espagnol, qui est de beaucoup en avance aujourd’hui, si bien que c’est une véritable ganaderia de toros espagnols qui vivent en Camargue.

J’ai voulu les voir avant d’écrire cet article.
Je suis allé à l’Etourneau et avec Berrard j’ai fait le tour de la manade. Je n’ai pu voir les vaches, qui sont loin du mas, mais nous avons regardé, un par un, pourrais-je dire, les taureaux de ceux de cinq ans qui vivent dans les près qui touchent le mas à Mas Thibert.

J’ai été absolument émerveillé, des taureaux des véritables taureaux, et je vous assure que les aficionados qui seront chargés de choisir les courses y voient clair , on pourra trouver des bichos qui feront 250 à 280 kilos en canal.
Hé ! je crois que pas mal de gens vont sourire. Ceux qui en doutent n’ont qu’a venir à l’Etourneau, jeudi, j’y serai et je leur ferai voir des taureaux comme nous n’en avons pas vu en France cette année.