Madame veuve Mistral, fidèle au vœu du poète, la fit placer le 26 septembre 1920 sur la Place Frédéric Mistral qui fut rebaptisée Place Mireille.

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La statue de Mireille a été réalisée par Marius Jean Antonin Mercié. Né à Toulouse, Antonin Mercié a étudié à l’École des Beaux-Arts de Paris où il fut l’élève de François Jouffroy et d’Alexandre Falguière.


Récit du sauvetage de Mireille

D’après un article de P. Aubanel paru dans l’Espero n°6

""L’histoire foisonne de Grands hommes ; d’autres plus discrets la traversent, ne laissant trace de leur héroïsme que dans la mémoire incertaine de quelques contemporains. Julien DURAND est de ceux-là. Qui de nous sait ce que cet homme a fait pour notre terre ? Qui en Provence ou en Camargue se souvient encore de lui ? Pourtant, durant la deuxième guerre mondiale, Julien Durand a tout simplement sauvé lla statue d’Antonin Mercié.

La famille Durand, établie à Nîmes, vénérait la Camargue et se rendait régulièrement au pèlerinage des Saintes-Maries, emmenant avec elle le jeune Julien, qui grandit dans le respect des traditions et de la culture provençale. Durant la deuxième guerre mondiale, Julien, qui exerçait alors le métier de ferrailleur, dut, sous la contrainte, transporter à la fonderie les métaux réquisitionnés par l’armée ennemie.

En 1943, il fut envoyé aux Saintes-Maries où il découvrit avec effroi que la pièce qui allait être fondue n’était autre que la statue de Mireille ! La statue déboulonnée fut chargée dans un camion et conduite sous bonne escorte à l’entrepôt de Nîmes pour y être pesée et dès le lendemain matin fondue. Mais Julien Durand ne pouvait se résoudre à laisser faire une telle ignominie. Mireille, "la fillette" comme l’appelait Mistral, si douce, si pure, transformée en pièce d’armement, il ne pouvait le supporter !

Sa décision fut prise : il la sauverait envers et contre tous. Il la cacha, et pendant toute la nuit il récupéra du cuivre afin d’atteindre le poids de la statue. Au matin, tremblant que le subterfuge ne soit découvert, il conduisit sa cargaison à la décharge. Le poids correspondait aux métaux qui avaient été pesés la veille, personne ne vérifia ce qui était déversé dans le brasier, et le vieux cuivre fut fondu à la place de Mireille.

Après la guerre, la population des Saintes-Maries se désolait de la perte irréparable de la statue. Quel ne fut pas son étonnement de voir arriver un jour Monsieur Durand qui ramenait Mireille !

Grâce au courage d’un homme et à sa détermination, sur la place du même nom se dresse désormais toujours encore la "Mireille", hommage vibrant à la poésie de Frédéric Mistral et à la Provence toute entière.""

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