Le Taureau

Dans l’immense étendue où paissent les manades
Quand tu fonces dans l’air violent, chargé de sel ;
Ou bondissant, furieux, contre les barricades,
Toi dont le sang, jadis, a coulé, sur l’autel ;

Que tu foules l’arène ou bien les salicornes,
Notre peuple aime à voir briller sur ton frontal,
Taureau de mon pays, la blancheur de tes cornes
Comme un croissant de lune à notre ciel natal.

Animal fabuleux, tu restes notre idole,
Car la race à gardé croyance en toi, taureau.
Les hommes du pays, tel un vivant symbole,
Te conservent, jaloux, dans leurs us ancestraux.

Depuis le grand taureau dont Minos fit l’offrande,
Apis l’étoile au front, et le divin Mithra,
Jusqu’à ces noms fameux déjà dans la légende,
Du Provence au Sanglier que la gloire illustra ;

Sous son signe, taureau, les fils de notre race
Uni devant ton front, cocarde d’idéal,
Ont incarné l’amour qu’ils ont gardé vivace
Dans ces jeux où chez nous le geste est triomphal.

Et c’est plus qu’une lutte, et c’est plus qu’une bête,
Que nous glorifions, peuple méridional,
Quand nous faisons courir le taureau dans les fêtes,
C’est l’amour qui nous lie au pays de Mistral.

Jeux sacrés des aïeux, symbole de courage,
Ancrés à notre sol par la divinité,
Taureau, nous te gardons, ô précieux héritage,
Car c’est toi le rempart des vieilles libertés.