Claire CONTE - Quelle est la date de création de votre manade ?
Georges NAVARRO - Le 7 février 1984.

C.C. - Les origines ?
G.N. - Diverses...

C.C. - Quels sont vos pâturages ?
G.N. - J’en ai à Fontvieille, Tarascon, Mas THIBERT, les Saintes-Maries-de-la-Mer, Salin-de-Giraud et Saint-Martin-de-Crau. Cela revient à environ 150 hectares entre pays d’hiver et pays d’été.

C.C. - Quelle est l’escoussure de vos bêtes ?
G.N. Fendu à droite et aramon à gauche.

C.C. - Le fer ?
G.N. - C’est le mariage des initiales G et N.

C.C. - Et les couleurs de votre manade ?
G.N. - Ce sont le bleu ciel, le blanc et le gris clair.
J’ai été gardian salarié à la manade de Denys COLOMB de DAUNANT de 1981 à 1984 et j’ai gardé les couleurs auxquelles j’ai rajouté le bleu ciel qui, pour moi, est signe d’espoir, de liberté.

C.C. - Êtes-vous affilié à une des deux associations d’éleveurs ?
G.N. - Non, je ne l’ai jamais demandé.

C.C. - Vous préférez rester indépendant ?
G.N. - Oui, tout à fait.

C.C. - Cela ne vous crée-t-il pas des problèmes pour sortir des courses ?
G.N. - C’est possible, mais je n’en suis pas sûr.

C.C. - Combien de courses sortez-vous par an ?
G.N. - Je pense que cela doit tourner entre 20 et 30 courses par an, en tous les cas 30 au maximum.

C.C. - Combien avez-vous de bêtes ?
G.N. - J’en ai une centaine ; je ne pense pas aller au-delà de 120 têtes. Je préfère avoir moins de bêtes, faire une sélection rigoureuse plutôt que de donner dans la quantité.

C.C. - Puisque vous parlez de sélection, allez-vous axer votre sélection plutôt vers le cocardier ou plutôt vers le barricadier ?
G.N. - Je crois qu’à l’heure actuelle, on ne peut pas se permettre de miser tout sur l’un ou tout sur l’autre. Il faut tenir compte des origines, des sangs que l’on a et essayer de faire de notre mieux.

C.C. - Pour le moment, qu’est-ce qui domine ?
G.N. - C’est difficile à dire mais nous ne sommes pas très spectaculaires ; bien que dans les origines et par la sélection, on devrait avoir un peu plus de taureaux barricadiers.
Nous avons des taureaux vaillants mais pas très spectaculaires. Cela devrait confirmer un peu plus tard. Je fais un travail de sélection depuis le début, et je pense que cela devrait commencer à payer...
De toute façon, il faut une quinzaine d’années à une manade pour que cela commence à être sérieux.

C.C. - Pouvez-vous nous donner le nom de vos espoirs ?
G.N. - Il y a LOU GAOU et CASANOVA qui sont des taureaux de première partie.
Ensuite, il y a LE CAILLET, CESAR, MANOUCHE, BOHÉMIEN, FORAIN, TAMARIS. Tous ont entre 6 et 10 ans. Sinon, j’ai aussi l’étalon BOUMIAN et des taureaux jeunes de protection.
Tous les taureaux que je viens de citer sortiront en 1998.

C.C. - Dans tous les noms que vous venez de mentionner, vous n’avez pas parlé de CENTURION ?
G.N. - Il m’a fallu faire abattre CENTURION. En effet, il avait de gros problèmes pour manger suite à une fracture de la mâchoire contractée lors de sa dernière course à Mouriès.

C.C. - Quel type de plan leur convient le mieux ?
G.N. - Ce sont des taureaux que les rands plans ne dérangent pas trop. Je les ai tous mis aux Saintes- Maries-de-la-Mer pour voir leur comportement et cela s’est plutôt bien passé.

C.C. - Quels sont les problèmes que peuvent rencontrer les manades qui débutent ?
G.N. - Les anciennes ont un potentiel de travail dû à leur sérieux, leur ancienneté...
A nous de prouver que nous en sommes aussi capables, mais à un échelon moindre de sortir des taureaux présentables, qui tiennent la route ; avoir des contacts avec les clubs taurins, les organisateurs...
Cependant, il ne faut pas négliger le facteur chance.

C.C. - Justement, avez-vous déjà rencontré des problèmes d’ordre relationnel avec des clubs taurins, des raseteurs ?
G.N. - Ni avec les uns, ni avec les autres.
Au contraire, je suis en bons termes avec les clubs taurins, avec des raseteurs puisqu’il y en a certains qui viennent m’aider à la manade. Je leur fais même encocarder des taureaux...

C.C. - Pensez-vous que cela soit bénéfique aux raseteurs ?
G.N. - Oui, tout à fait. Il y en a de plus en plus qui vont dans les manades.
Je trouve que c’est une bonne chose : ils touchent plus facilement du doigt les problèmes que l’on a. Je pense qu’à travers cela, ils apprécient encore plus le taureau, en le voyant grandir, en voyant ce que l’on fait.
Cependant, une fois en piste, je pense qu’il y aura toujours des conflits entre manadiers et raseteurs. Dans l’action, le taureau vient pour attraper et le raseteur ne peut pas lui faire des caresses.

C.C. - Avez-vous des amateurs qui viennent vous aider régulièrement ?
G.N. - Oui, je suis très bien entouré.
Leur nombre tourne entre dix et vingt. De plus, depuis l’année dernière nous nous sommes mis à faire des abrivado aux Saintes-Maries-de-la-Mer.
Il nous a fallu nous procurer d’autres taureaux pour ce travail, une autre cavalerie et des amateurs...

C.C. - Quelles sont les activités de la manade NAVARRO ?
G.N. - Nous sortons quelques courses, nous faisons des abrivado. Depuis cette année, nous avons fait des installations pour pouvoir faire des ferrades et recevoir des groupes.
Ce sera situé en face du musée Camarguais, au mas du Petit Tamaris, chez Alexandre GUINTOLI qui est éleveur de chevaux en Camargue.

C.C. - En toute franchise, quels seront les taureaux à suivre en 98 ?
G.N. - J’aime bien TRISTAN (SAUMADE), DAINES (LAURENT), OURAL (JANIN), VULCAIN (LAGARDE), LOU VIRA (GUILLIERME), BECCARO (SAINT ANTOINE) et bien d’autres encore. Je trouve qu’il y a de plus en plus de bons taureaux dans toutes les manades.
Il faudrait qu’ils sortent un peu plus...