À L’OURO DE LA CIVADO

Li prat de « La Palus », crema pèr la calour,
Jaunisson douçamen, dins l’estiéu finissènt,
Dóu cabau aflaqui, amouli de tourpour,
S’enauro pas un brut, silènci languissènt.


Sus lou sòu fendiha, póussous e secarous,
La fournigo pressado, à la sousto di pibo,
Parié que lis arpian, de soun biais arderous,
Fai reservo d’ivèr, demié lis àutis erbo.


Dins l’infèr estoufant, barrulon li lesert.
Li mousco e li tavan, qu’enfèton li cavalo,
Mestrejon pèr un tèms, dins l’espàci desert,
Cadenciant si zounzoun au canta di cigalo.


Lou soulèu d’à cha pau, s’esvalis au couchant.
Dóu claus di coucardié, Raço maligno e fèro,
Un groupelet negras, s’avanço en espinchant
Lou gardian que d’à pèd, devers éli se sarro.


L’assoumanto calour, es un pau ameisado,
Lou fen es divisa, rèsto que li gamato,
Ounte lou countengut d’un saquet de civado,
Sara bèn-lèu vuja, quand levaran si bato.


Miraculous secrèt, e pamens journadié !
Tre que toumbo Phébus, espetacle magi,
La chourmo di biòulas, darrié soun primadié,
S’acampo plan-planet, sout l’azur enrougi.


Soun rèi de la manado, qu’an fa sa renoumado,
Feroun mai plan-pausa, an toujour doumina.
Prouvènço e Lengadò i‘an fa la capelado,
Que pèr l’afeciouna, es de biòu rafina.


Lis alo dóu capèu, aparant si parpello,
Lou sàvi gardo-bèsti, countèmplo à l’enviroun,
Si coumpan de vitòri, e de lucho tant bello,
Qu’emé passioun e gau, à quiha au cimoun.


La majo boulo roujo, trecolo aperalin,
Lis iue plega mai viéu, lou baile enca sounjous,
Sabouro soulitàri, qu’es soun verai destin,
Lou flouroun de la vido, d’un gardian courajous.


Aquéu bèu lot d’elèi, encaro jouvencèu,
Es uno recoumpènso enviado e coumplido,
E quouro l’Angelus sounara dins lou cèu,
Aquéu poulit tablèu, sara sa reüssido.


Nouvè DANIELE
À L’HEURE DE L’AVOINE

Les prés de « La Palus », brûlés par la chaleur,
Jaunissent doucement, dans l’été finissant,
Du cheptel avachi, amolli de torpeur,
Ne s’élève aucun bruit, silence languissant.

Sur le sol craquelé, tout poussiéreux et sec,
La fourmi si pressée, à l’abri des peupliers,
Tout comme les rapaces, de son allure ardente,
Fait provisions d’hiver, parmi les hautes herbes.

Dans l’enfer étouffant, trainent quelques lézards.
Les mouches et les taons obsèdent les juments.
Dominant pour un temps, dans l’espace désert,
Cadencent leurs envols, au chanter des cigales.

Le soleil peu à peu, disparait au couchant.
Du clos des cocardiers, Race rusée et sauvage,
Un petit groupe noir, s’avance en surveillant
Le gardian qui, à pied, au devant d’eux s’avance.

L’assommante chaleur, commence de s’éteindre,
Le foin est divisé, ne reste que les auges,
Où le contenu d’un petit sac d’avoine,
Sera bientôt versé, dès qu’ils feront la place.

Secret miraculeux et pourtant journalier,
Quand se couche Phébus, ô spectacle magique,
Le groupe des taureaux, escortant son meneur,
Se rassemble doucement, dans l’azur rougissant.

Ils sont Rois de la manade, dont ils ont fait la renommée,
Farouches mais réfléchis, ils ont toujours dominé.
Provence et Languedoc les ont tous honorés,
Car pour le connaisseur, ce sont de purs cocardiers.

Les ailes du chapeau, protégeant ses paupières,
L’averti chef-gardian, contemple à son entour,
Ses copains de victoires et de luttes si belles,
Qu’avec passion et joie, il a conduit au sommet.

La grosse boule rouge, se noie dans le lointain,
Les yeux plissés mais vifs, le gardian rêve encore.
Solitaire il savoure, ce qui est son vrai destin,
Le fleuron d’une vie, d’un professionnel sérieux.

Ce magnifique lot d’élite, pourtant encore jeune,
Est une belle récompense, enviée et construite,
Et lorsque l’Angélus sonnera dans le ciel,
Ce magnifique tableau, sera sa réussite.

Noël DANIELE