Voici sous la forme de trois épisodes, un article écrit par Eric sur ce que faillit devenir la Bouvine à Marseille... (NDW)

  De Par le Roi _ Monsieur le Marquis _ De Pilles Viguier, _ Et _ Messieurs les maire et échevins, _ Conseillers du roi _ Lieutenants-généraux de police _ De cette ville de Marseille


 ORDONNANCE DE POLICE


QUI fait défenfes à toutes perfonnes de paffer avec des Voitures fur la Plaine St. Michel, les jours auxquels on donnera le Spectacle de la Courfe & Combat des Taureaux

Le 24 Juin 1770, Plaine Saint-Michel

Cette ordonnance, placardée sur les murs de la ville le 21 Juin 1770 annonce la tenue d’un ‘SPECTACLE DE LA COURSE ET COMBAT DES TAUREAUX qui doit fe donner au premier jour fur la plaine Saint-Michel’.
Une autorisation a en effet été obtenue par Mr Jean l’Ainé, entrepreneur de Montpellier pour Quatre représentations, dans un plan monté hors des remparts de la ville. Les constructeurs ont donc bati une enceinte de ‘3750 Francs’, dont ils ne seront jamais dédommagés.
En effet, après la première course, l’entrepreneur disparaît avec la caisse de 5 000 F. La deuxième course est quand même donnée dans la foulée. Le succès obtenu est grand, mais entre la disparition de l’entrepreneur et les troubles suivant la seconde, l’autorisation de faire tenir les deux dernières est supprimée. On ne sait pratiquement rien de cette course, sinon que les taureaux sont mis à mort à la fin. Cette mise à mort précipitera la décision de ne pas faire tenir les deux dernières courses.
La polémique sur la viande échauffée enfle, certains claironnent que mettre une bête aux abois éclaircit le sang et rend la viande comestible, les bouchers des alentours, suspectés de revendre la viande des taureaux morts dans le plan, voient leurs ventes diminuer au lendemain des premières courses. Les promesses faites alors d’enterrer les animaux tués pendant la course ne suffisent pas.
La fuite de l’entrepreneur, le trouble de l’ordre public et la grogne des bouchers entraîneront la suppression des deux courses restantes.

1818, des Chiens...

Un nouveau type de spectacle, qui marche bien en Italie est tenté à Marseille. Le jeu consiste à lâcher « des Dogues de forte taille, en grand nombre sur des Taureaux ». Ce spectacle attire beaucoup de monde, lors de la première, tant et si bien qu’une partie des gradins s’effondre. Pour en finir, les taureaux se sont fait déchiquetér par les chiens.
Spectacle si dégoûtant qu’il fut interdit.

Le 28 Avril 1834, La Camargue à l’honneur

Le 27 Avril 1834, le quotidien « le Message » annonce pour le lendemain :
« Le Premier exercice de taureaux, accompagné d’une ferrade telle qu’on la fait en Camargue et qui sera exécutée par les hommes les plus expérimentés de ce pays. »
La course a lieu chez Mr Saiton, boulevard de la Paix. Celui-ci a fait installer trois rangs de gradins pour l’occasion . En fait, pour 1 ou 2 francs, le public se masse sur « un échafaudage assez mal construit et dont l’incommodité les irritait ». C’est alors que les taureaux sont lancés, ils ne sont ni vifs, ni fâchés. Tant et si bien que la foule se mêle aux ébats, et que le tout se termine en pugilat général.

1864, Le château des Fleurs

Après maintes requêtes, autorisation est donnée à l’hippodrome du château des fleurs d’organiser des spectacles peu connus à Marseille, constitués de jeux hispano-provençaux, composés de pose de banderilles, pose de cocarde, et saut de taureau.
L’inauguration se passe plutôt mal, le public déçu par le bétail envahit la piste, mais les jeux se poursuivent toute l’année malgré ce début peu prometteur.

Le 8 septembre 1872 Place Saint Lazare : l’accident.

Messieurs Eloi, Hugues et Contel n’avaient pas tout prévu, mais pouvaient-ils prévoir ce qui se passa...
Ils annoncent une course animée par des matadors et toréadors de renom. Les portes ouvertes laissent entrer plus de personnes que ces arènes improvisées ne peuvent en contenir. Cinq mille personnes se massent, le retard pris par l’organisation devient inquiétant quand la foule commence à crier « Remboursez ! ».
Les matadors restent invisibles. Mais les taureaux...
Le premier sort, se rue sur des planches mal assurées qu’il brise et se jette dans la foule. La panique s’empare alors du public, mais un boucher présent fait un lasso et attrape l’animal aux cornes. La mise à mort est effectuée par un fantassin, qui ajuste sa baïonnette, et l’enfonce dans le poitrail de l’animal.
Le deuxième taureau sort dans les mêmes conditions, et subit la même fin. C’est à ce moment là que la porte du toril cède, (ou plutôt qu’un plaisantin juge malin d’ouvrir). Les taureaux se précipitent dans l’arène, cherchant une issue. L’agitation qui suit est fatale aux animaux. Un d’entre eux est abattu d’un coup de feu. Un boucher en rattrape un autre dans un terrain vague et l’abat. Les deux derniers « disparaissent ».
Cette mascarade était organisée afin de rafler la caisse. _ Lorsque les marseillais s’en rendent compte, reconnaissant sous le costume de toréadors 2 tondeurs de chien du quartier, ils détruisent tout.

Avril 1878, les premières courses

Le théâtre Valette dans la rue Paradis, à l’angle de la rue Sainte Victoire, voit 3 courses organisées au mois d’avril 1878, les 21, 27 et 28. Devant le succès remporté par le spectacle présenté, la décision est prise de créer de nouvelles arènes, dans la rue Borde.
Arènes qui deviendront les premières arènes du Rouet.

1881 : une catastrophe.

Au 127 Avenue du Prado, une piste est montée. Ce sont les Nouvelles Arènes du Rouet. Ces arènes sont constituées de 8 rangs de gradins soutenus par des poutres. Ces gradins à claire-voie permettaient également aux gens d’assister au spectacle « par-dessous » en regardant à travers les planches.
Le 12 Août 1881, le " Petit Marseillais " annonce une grande course de taureaux espagnols pour le Dimanche suivant. Le succès rencontré dépasse les espérances des organisateurs. _ A 14H30 l’enceinte est archicomble, pleine d’une foule beaucoup trop nombreuse, et trop houleuse pour envisager une annulation. Ainsi, sous la pression des organisateurs, le spectacle est maintenu... Jusqu’au troisième taureau.
A ce moment là un craquement retentit, une partie des gradins s’effondre faisant 415 victimes dont 27 morts et 174 blessés sérieux.