UTILISATIONS THÉRAPEUTIQUES :

Si les piquants du hérisson servaient de peigne à carder, on utilisait ceux du porc-épic en guise de cure-dents et on leur attribuait la propriété d’affermir la dentition, vertu dérivée sans doute du fait que ce rongeur possède lui-même une excellente dentition.
Mais l’essentiel de ses vertus thérapeutiques du porc-épic et du hérisson repose sur leurs épines ou piquants.

Porc-épic à crête (Hystrix cristata)

Ces poils particuliers à l’écorce dure doivent avoir une action efficace sur le système pileux.
On ne s’étonne donc point de voir ces animaux fournir des remèdes contre la calvitie ou "alopécie".

Réduites en cendres, la tête ou la peau ou la bête entière donnent en composition avec le miel, la poix liquide ou la graisse d’ours, diverses pommades qui assurent la repousse des poils, même sur les cicatrices.

Le fiel du hérisson était employé pour empêcher la repousse des cils gênants.
Plus surprenante paraît être l’utilisation de la cendre de porc-épic pour assurer le maintien du fœtus dans la matrice. Elle s’explique peut-être par des modalités particulières de la gestation de l’animal.

UN BUFFET AMBULANT

Le hérisson se sert de ses piquants tout d’abord pour sa défense, défense qui se trouve renforcée par l’habitat qu’il se choisit dans les ronciers et les épines.
C’est là sa nature, nous dit l’ Élucidàri de las proprietaz [1], de se mettre dans les grands fourrés et les lieux couverts de grands ronciers afin qu’on ne puisse le prendre, il pique d’ailleurs de toutes parts, et il prend soin de se tenir près d’un pommier afin de pouvoir manger au creux même du buisson :
"Erisso a tal natura que se met en las grand bartas et en las grans rodas d’espinas que nol puesca hom penre, que per totas partz ponh : e garda que sia en loc pres de pomier, que dins de la barta puesca manjar".

Mais le hérisson utilise aussi ses piquants pour une autre fin.
On dit qu’il secoue les branches des arbustes et les ceps de vigne pour faire choir les fruits et, se roulant sur le sol, il larde ces fruits à la pointe de ses piquants pour les porter à ses petits qui, sur son dos, viennent se nourrir.

L’ORDRE DU PORC-ÉPIC

Le hérisson a servi à blasonner des individus qui lui ressemblaient, soit par une pilosité particulièrement rêche et droite qui rappelait les piquants de l’animal, soit, le plus souvent, au sens figuré, par leur abord difficile.

Sur ces surnoms se sont établis les patronymes méridionaux tels que Heirisson, Hérisson, Hirisson, Iris-son, Anisson.

La famille des Teissier, de Marguerittes (Gard), portait dans son blason un porc-épic.

Le porc-épic était aussi l’emblème du roi de France Louis XII.
On peut le voir figurer sur une cheminée du château de Blois, jouxtant l’emblème une hermine, d’Anne de Bretagne, son épouse.

Louis XII (1391-1495) était le fils de Charles d’Orléans, lui-même fis aîné de Louis de France, Duc d’Orléans (1372-1407) qui, à l’occasion du baptême de Charles d’Orléans, avait fondé, en 1934, l’Ordre du porc-épic, dit aussi du Camail.

Une bague, portant une agate (camail) [2] où était gravé un porc-épic, était portée par les membres de cet ordre qui aurait pu prendre pour devise le fameux « Qui s’y frotte s’y pique ».

[1Élucidàri de las proprietaz : encyclopédie qui compile les savoirs du XIIIème siècle

[2Les chevaliers de cet ordre recevaient, lors de leur nomination, un anneau d’or garni d’un camée (appelé à cette époque, « camaïeu » ou « kamaheu » ou encore « camail ») sur lequel était gravé un porc-épic.