X - DE 1685 A 1789
C’est la fin de l’existence du Languedoc comme entité administrative.
Sous Louis XIV, l’unité monarchique s’achève avec les désirs d’une unité de foi.
La véritable autorité est aux mains de l’intendant, l’ordre fait des progrès et les mœurs s’adoucissent, on construit les routes, l’économie devient une économie de marché.
Le Languedoc est exportateur, la viticulture est en progrès, l’industrie en pleine expansion, le travail de la laine, le charbon, le coton, la foire de Beaucaire devient la plus importante du royaume.
Le Languedoc se peuple, s’enrichit et s’urbanise.
On distingue trois périodes :
1685-1730 : les temps difficiles
1730-1770 : le plein essor
1770-1789 : le ralentissement.
1 - LE DESERT.
Le drame protestant ne constitue qu’un des aspects d’un drame beaucoup plus vaste : la crise d’une société appauvrie et diminuée.
Dès 1670, voyant que la « caisse des conversions » [1] n’amenait pas de nouvelles recrues, on a recours à un moyen beaucoup plus violent et plus efficace ; les dragonnades [2].
Aussi, le 18 octobre 1685, le roi peut signer l’Edit de révocation, persuadé qu’il n’y a plus de protestants. Il ne leur reste que l’exode ou la révolte.
Elle couve jusqu’en 1702.
Les Camisards tiennent en échec l’armée royale jusqu’en 1704. De vingt à vingt cinq mille personnes ont quitté le Languedoc.
La guerre, la révolte et les mauvaises récoltes ont accéléré la crise qui aboutit, pendant l’hiver 1709 à une grande famine. Les communautés sont en déclin, la terre retourne à la friche. La taille [3] et la capitation [4] (impôts) deviennent accablantes.
2 - L’ESSOR.
Au moment de la crise, la ville se défend mieux.
C’est d’elle que va venir en partie la renaissance.
L’immigration joue un rôle important.
A partir de 1730-40, la mort recule, la natalité restant élevée, la population s’accroît. Il y a un vieillissement de la population.
Cependant la maladie demeure aussi présente de même que le manque d’hygiène. Les épidémies continuent à sévir (peste de 1720), il y a disparition de l’endémicité pesteuse. Mais d’autres maladies apparaissent.
L’alimentation fait des progrès, quantitativement et qualitativement, les cultures progressent, le vignoble s’étend, la vinification s’améliore, le Languedoc se constitue un grand vignoble pour l’exportation vers le Nord.
Sur le plan industriel le Languedoc devient une des principales régions minières du royaume.
La production est différenciée.
On a d’un côté, un artisanat rural et diffus et d’un autre une expansion des manufactures.
Marseille a le monopole de l’organisation du circuit mondial.
Nîmes est la ville la plus peuplée du Languedoc après Toulouse.
Les industries neuves s’affirment, la production de charbon permet une industrialisation, fer, verrerie.
L’industrie chimique naît à Montpellier.
Le coton prend de l’avance sur la laine, les foires en témoignent, mais leurs poids diminuent, elles faiblissent après 1770. Seule la foire de Beaucaire subsiste [5].
3 - PROGRÈS DE L’INSTRUCTION
L’analphabétisme recule, le savoir est plus répandu dans les régions imprégnées de calvinisme. L’usage du Français se répand au détriment de l’Occitan.
Parallèlement à la diffusion de l’instruction, les mœurs s’adoucissent. Le Languedocien, dans son comportement religieux, passe du fanatisme à la tolérance, mais le protestantisme se reconstitue et vers 1760, le culte devient pratiquement libre et déjà chez les catholiques, le sentiment religieux faiblit.
On glisse à l’indifférence et à l’irréligion.
Le Languedoc manifeste peu de puissance créatrice, on peut remarquer Dom Jean Vaissette, Fabre d’Eglantine et Florian.
Les peintres comme Natoire, né à Nîmes, font carrière à Paris.
Quant aux architectes nés ou attirés en Languedoc, ils y demeurent, Mareschal par exemple [6].
![]() |
La tour Saint-Louis |
Vers 1740, apparaissent les premières loges maçonniques, elles se multiplient dans la deuxième moitié du siècle.
4 - LES TENSIONS SOCIALES.
Il y a un enrichissement citadin et la montée de la bourgeoisie s’affirme. La ville demeure un nœud de contrastes et un foyer de tensions sociales.
Les pauvres prennent conscience de leur pauvreté.
Aussi, sur cette société la crise économique de la fin de l’ancien régime, provoquera un vent d’impatience.
XI - DISPARITION DU LANGUEDOC
1789. Le Languedoc suit Paris d’une manière hâtive. Déjà le XIXe siècle avait révélé une volonté de rénovation.
La Révolution fera perdre au Languedoc son originalité régionale qu’il avait réussi à conserver sous l’ancien régime.
Cette région en tant que telle disparait, le Languedoc est partagé en huit départements par les Jacobins du Pouvoir Central Parisien.
Le décret du 4 Août 1790 attribue l’île de la Camargue à la Provence.
Le 31 Août 1791 se termine l’histoire du Languedoc, région libre et originale.