Hommage a la manade Blanc et a Ulmet
Ulmet est marqué du N° 11.5
Chers amis camariniens ,
Si vous êtes en recherche de sérénité, de calme, d’oubli des tracas du quotidien, je vous conseille de prendre rendez-vous avec le Domaine de Paulon, entre Arles et le Sambuc, au cœur du Parc Régional de Camargue, fief de la manade Jean Claude BLANC.
En ce début novembre, si vous croisez une voiture c’est un miracle. La nature est à vous, superbe. En ces lieux tout est beau : les champs, les arbres,, les oiseaux multiples, et cette allée immense qui mène au mas de Paulon, un mas très ancien, datant du XVe siècle, un des plus vieux mas de Camargue, ancienne Commanderie des Chevaliers de l’Ordre de Malte.
Jean Claude BLANC nous attend, toujours aussi convivial, pondéré, attentif, précis. Il ne se force pas, il est comme ça…..
Chers amis, cette manade n’est pas une inconnue pour nous. En effet en 2004 nous la recevions ici même, pour lui remettre notre Trophée remporté par RASCAILLON ….il y a déjà 12 ans ! Le taureau est toujours en vie, en bon état au milieu de ses congénères et il a 21 ans !
Cette manade ne sort pas de nulle part et même elle déroule une très belle histoire. Ses origines remontent à 1931 quand Jean THIBAUD crée sa manade par l’achat de bétail aux frères Aubert du Petit Badon puis à l’élevage Mistral qui avait pour vedette l’étalon FRISE. Il s’installe à Saliers près de St Gilles.
En 1975, à la mort de la veuve Thibaud, ce sont les petits enfants qui se sont partagés la manade, une moitié pour Daniel THIBAUD, et l’autre moitié pour Paulette THIBAUD qui était mariée avec Alain LEBRET, d’où l’appellation de la manade LEBRET-THIBAUD.
Déjà à cette époque Jean Claude BLANC a fondé son propre élevage de chevaux, et monte avec passion en 1972 chez Gallon, en 1976 chez Lebret et Mailhan, participant activement, en amateur bien sûr, à la vie de ces divers élevages, en particulier chez LEBRET.
Il me dit : » J’en suis venu à m’occuper de taureaux par et grâce au cheval. Je suis passionné comme mes trois enfants par le travail à cheval dans les taureaux. Etant mitoyens avec Lebret, on s’est rapprochés, on est venus l’aider, si bien qu’on est partie prenante depuis le début avec cette manade ».
En 1998, Alain LEBRET qui n’avait pas d’enfants, a souhaité se séparer de sa manade. La tractation a été simple et directe : »Jean Claude il n’y a que toi qui puisses reprendre. Nous sommes en août, si tu ne reprends pas, la manade entière part à l’abattoir. »
Conseil de famille, enthousiasme des enfants et décision positive tintée d’un côté sentimental ont clôturé l’affaire mais rien d’aventureux car après vingt ans d’aide bénévole, Jean Claude connait toutes les familles, les vaches d’origine Mailhan et Pastré pour l’essentiel, les étalons utilisés tels BARCARIN, TAVAN, BIGARRA tous de Mailhan, les taureaux et vaches du moment et leur niveau.
Et tout de suite le travail paye. Depuis 1998 les têtes d’affiche se succèdent : CABOTIN de 98 à 2003, RASCAILLON et FOURNELET DE 2001 à 2008, AGASSOUN de 2008 à 2015, ULMET de 2012 à 2016, OURASI en 2015 et 2016 et peut-être ST ELOI et FUSTIER en 2017 en tout cas on l’espère.
Mais arrêtons-nous un instant sur le taureau ULMET, ce N°511 au nom si particulier. Est-ce le nom d’une abbaye fondée en 1173 sur les bords de l’étang du Fournelet, est-ce le nom d’une branche du Rhône dite « Rhône d’Ulmet » ou bien le nom d’un étang à côté de l’étang du Fournelet, l’étang d’Ulmet ? à vous de choisir mais chapeau pour l’originalité !
C’est un taureau sans histoire en pays, ultra calme et jamais dominateur vis-à-vis des autres, jamais à l’écart. Ce n’est pas un dominant, d’ailleurs les très bons taureaux sont très rarement des dominants.
Mais surtout ULMET c’est une carrière extrêmement bien menée. Depuis ses débuts en Ligue en 2010 où il remporte la Finale de Provence à Salins de Giraud jusqu’à l’année 2016, il a couru de 4 à 6 fois maximum par saison. Pour ma part, je m’arrêterai sur trois saisons qui comptent : En 2012 à 7 ans il fait 5 courses dont deux à Port St Louis et Montfrin sublimes et il accède à la Finale de l’Avenir à Lunel, une finale qui a fait date. En 2014 sa saison la plus accomplie il fait six courses dont deux exceptionnelles au Grau du Roi et Fontvieille et accède à la Finale des As à Nimes où il se fracture le bassin après un raset malencontreux de Katif. Enfin en 2016, à 11 ans, malgré son opération au poitrail début 2015, malgré cette fracture du bassin qui le handicape, le taureau accomplit une saison inattendue, inespérée même avec 5 courses et chaque fois une prestation marquante comme à Beaucaire et Chateaurenard.
Hélas la veille de la Finale des As à Nimes, il déclare forfait pour boiterie, un véritable crève cœur pour ce taureau et pour ses manadiers.
Amis afeciouna, ULMET est un vrai bon taureau, aux qualités affirmées ; Doté d’une très grosse anticipation à gauche, il termine à la planche le pied sur le marche pied et cornes en avant en de puissantes conclusions, dans le raset il baisse la tête ce qui complique l’affaire. Aux attributs il flotte un peu de par son placement, mais aux ficelles il se met dans les planches et devient dominateur. En 6 années de carrière et 29 courses, il est rentré 27 fois avec ses 2 ficelles, 1 fois avec 1 ficelle et 1 fois sans ficelle à Beaucaire après 13 minutes. Cela s’appelle une performance. On imagine la récompense que cela représente pour son éleveur.
Chers amis et en conclusion, j’ai posé une question simple à Jean Claude BLANC : » vous baignez depuis déjà longtemps dans le monde camarguais, qu’est ce que vous êtes venus y chercher « ?
Sa réponse est d’une limpidité incroyable : »Je cherche un plaisir, mon plaisir ! Je ne cherche pas à vivre de l’élevage de mes taureaux, car ce n’est pas possible. Déjà quand on arrive à boucler la boucle c’est bien…Pour moi c’est aussi une passion. Mes enfants ont cette même passion. On est venus dans l’élevage parce qu’on est passionnés par le travail à cheval au plus prêt des taureaux. Le plaisir c’est de se lever le matin, attraper nos chevaux, trier nos taureaux, les mettre dans le camion, les mener dans une arène, les voir évoluer, progresser, les ramener le soir aux pâturages. Le plaisir, la passion, sans cela rien n’est possible ».
Amis Camariniens, pour cette façon de concevoir leur métier, pour le sérieux avec lequel ils traitent chacune de leurs entreprises, pour l’amitié qu’ils savent diffuser autour d’eux, je vous demande de faire une ovation à Jean Claude et Brigitte BLANC et à leurs trois enfants Véronique, Olivier et Laurent.
Bernard DUMARCHER, président de l’association Camarina