Evoquer la carrière prestigieuse de Clairon, le grand cocardier de Fernand Granon, c’est faire un long et émouvant retour en arrière, c’est décrire dans le même temps la genèse des fêtes triomphales que la ville de Beaucaire devait consacrer au taureau de Camargue, en se dimanche 30 juillet 1939, en inaugurant le premier monument élevé "
A la gloire du taureau de Camargue : Le Clairon"
oeuvre du maître sculpteur Marcel Courbier, Grand prix de Rome de l’institut de France en 1925.

La longue carrière de cet extraordinaire cocardier s’est terminée le 19 septembre 1937 où il est venu à Beaucaire faire ses adieux à tous les afeciouna ,tandis que l’air célèbre du toréador jouait en son honneur.

1927-1937
10 ans d’affiches, dix ans de gloire, dix ans d’ovations pendant les quelles les afeciouna se sont pressés aux guichets des différentes arènes de la région, pour voir ou revoir ce digne successeur de l’immortel " Sanglier"
Tant il est vrai que des deux illustres cocardiers de dimensions incommensurables, forment les premiers maillons de la célèbre devise verte et rouge, chère au manadier Jean Lafont depuis 1945, une exeptionnelle trilogie qui a beaucoup apporté à la bouvine et à l’afecioun.

Aux applaudissements de foules ardentes de la Provence, du bas Languedoc et du comtat Venaissin, les arènes se repeuplèrent et un manadier , grand afeciouna plus afeciouna que manadier, Fernand Granon, dont la manade s’inscrit sous le nom de Combet-Granon depuis 1851 dans les traditions de la région qu’a immortalisé Mistral, fit don à la ville de Beaucaire du glorieux Clairon qui fit tant de fois vibrer les foules dans les pistes de nos villes et de nos villages.

Je donne le Clairon à la ville de Beaucaire. Il servira à améliorer l’ordinaire des vieillards de l’hospice .
C’était un beau cadeau mais le taureau ou son souvenir disparaissait à jamais.

L’hommage de Fernand Granon à leur cité ne pouvait que toucher profondément ceux qui avaient pris tâche d’assurer cette résurrection des jeux de l’arène. Aussi forts des succès obtenus, déléguèrent-ils nos amis Pierre Viaud, président des afeciounados indépendants, Pierre Figuière et Marius Gardiol auprès du maire de Beaucaire pour recueillir son opinion sur le don de Fernand Granon et lui dire combien la joie des amis de la bouvine serait grande, si l’on pouvait obtenir qu’à la fin de sa vie le Clairon naturalisé attesta dans le musée du Vieux Beaucaire l’amour des Beaucairois pour leurs jeux ancestraux.

Maurice Sablier, le maire socialiste de l’époque, à qui l’aficion devait déjà beaucoup, ne pouvait qu’être très sensible au geste du manadier Granon. " Nous ferons mieux, dit-il aux délégués, nous ferons statufier le Clairon. Rajeuni dans le bronze, son monument consacrera avec nos efforts pour le maintien de nos traditions, la gloire de l’afecioun et l’immortalité dans l’histoire de cette région de la manade Combet-Granon.

Restait à réaliser l’idée, mais le maire de Beaucaire savait qu’il y avait a la direction des Beaux-Arts un éminent directeur Georges Huisman. il savait combien ce dernier était sensible à tout ce qui se rapporte à l’histoire de notre pays, à ses origines, à ses moeurs, à ses coutumes, et il plaida sa cause avec tant de chaleur, aidé en cela par monsieur le sénateur Georges Bruguier, que par arrêté en date du 3 mars 1938, l’exécution de la statue du Clairon était commandée par l’état pour la ville de Beaucaire.

Et puis ce fut la guerre 39-45 , l’occupation de sinistre mémoire , le déboulonnage et l’enlèvement de la statue en bronze de Clairon dans un matin froid de février 1943, dans le cadre de la campagne de récupération des métaux non ferreux, au grand désespoir des afeciouna beaucairois.

La guerre terminée, la situation alors rétablie, c’est le 12 février 1959 que ce fonda le club taurion " Le Clairon" qui songea dès ses premiers balbutiements à remettre une nouvelle statue sur son socle d’origine, désespérément vide. les Beaux arts n’ayant pas voulu considérer " le rapt" de la statue comme dommage de guerre, c’est par une souscription populaire dans les milieux taurins et autres subventions diverses que le club taurin " Le Clairon" réalisa son projet de réédification du monument élevé à la gloire du taureau de Camargue avec l’aide précieuse de José Boyer, maire de Beaucaire et le soutien du conseil municipal radical socialo-communiste de l’époque

La réalisation du monument fut confiée au maître sculpteur Camille Soccorsi de Tarascon , médaille d’or du diplôme national de Paris qui signera sa première grand oeuvre dans la pierre, en un temps record et un prix défiant toute concurrence.

Il fut inauguré en grande pompe sur la légendaire banquette , le "gros" dimanche de la foire, le 28 juillet 1963.

Mais là ne s’arrête pas l’histoire, en effet, le 12 juillet 1982, grâce à la généreuse initiative de la municipalité José Boyer, il est procédé au déplacement de la statue de "Clairon" qui repose désormais sur un nouveau piédestal, construit sur le rond-point du pont sur le Rhône.