— Bon-jour Moun, diguè la Cambeto. Quàuqui jour de mai e crèse bèn qu’aurai lou bonur d’uno espelido. La fin de ma couvesoun s’avanço e dins lis iòu que caudejon me sèmblo que sènte fresi.
— Te destournen pas trop, ansin, tant de grossi bèstio, en batènt ras de toun nis ?
— Pas de-founs, diguè la Cambeto. De la bouvino ai segur à faire que de coumplimen e siéu pretoucado de vous vèire tóuti, tant atenciouna pèr moun nis. E segur, n’i’a un que, lou pode dire, ié siéu recouneissènto mai que mai. Dèu èstre nouvèu apeirici que peravans jamai l’aviéu vist.
— Nouvèu ? Coumprène pas quau pòu èstre.
— Pèr bèn dire, faguè la Cambeto un pau en chancèlo, vous a uno tèstasso loungarudo que noun-sai, emé ges d’auriho à moun vejaire e de bano mouligasso que se brandusson quand camino.
— Hòu ! s’escridè Moun, acò es pas un biòu, es que l’ase ! Ma pauro Cambeto, de mounte as sourti ? Au mens, diguèsses jamai acò davans mi fraire, qu’éli de segur te farien pas quite. Es que l’ase.
— Jamai n’aviéu ges vist counfessè la Cambeto em’uno voues neco. Anen, d’abord qu’es acò l’ase e que s’es tant bèn coumpourta, ié poudriés pas faire uno coumeissioun ? Crese èstre plaçado pèr ié rèndre un bon service.
— Se sian jamai parla diguè Moun la vaqueto, mai m’es eisa de ié manda dire ço que te fara plesi.
— He bèn, s’es ansin, fai ié saupre que iéu lou pregue de se rèndre eici au pulèu.


— Bonjour Moun, dit la Cambeto. Quelques jours encore et je crois bien que j’aurai le bonheur d’une naissance. La fin de ma couvaison approche et dans les oeufs qui chauffent, il me semble sentir frissonner.
— On ne te dérange pas trop, nous, les gosses bêtes, en allant et venant ainsi près de ton nid ?
— Pas du tout dit la Cambeto. Pour sûr, je ne peux que complimenter la bouvine et je suis très touchée de l’attention que tous portent à mon nid. Et c’est sûr, il y en a un, je peux le dire, envers lequel je suis encore plus reconnaissante. Il doit être nouveau par ici parce que je ne l’avais jamais vu auparavant.
— Nouveau ? Je ne vois pas qui ça peut être.
— A vrai dire, répondit la Cambeto un peu hésitante, il a une grosse tête incroyablement allongée, sans oreille d’après moi et des cornes tellement molles qu’elles se dandinent quand il marche.
— Hòu ! s’écria Moun, ce n’est pas un taureau, c’est l’âne ! Ma pauvre Cambeto, d’où sors-tu ? Au moins, que tu ne dises jamais ça devant mes frères qui ne te le pardonneraient pas. C’est l’âne.
— Je n’en avais jamais vu confessa la Cambeto d’une voix penaude. Allons, puisque ce n’est que l’âne et qu’il s’est si bien comporté, ne pourrais-tu pas lui faire une commission ? Je crois être bien placée pour lui rendre un bon service
— Nous ne nous sommes jamais parlé dit Moun la vachette, mais il m’est aisé de lui faire dire ce qui te fera plaisir.
— Hé bien, puisque c’est ainsi, fais lui savoir que je le prie de se rendre ici au plus tôt.

...

"La Cambeto" prévient Hi-Han que son berger le recherche. L’âne se cache alors parmi les taureaux avec lesquels on peut le confondre au milieu des roseaux.

la suite demain...