Chers adhérents, sympathisants et amis,

L’association « la Camargue à l’Unesco » a vu le jour en juin 2023 afin de créer une entité juridique permettant le soutien à l’inscription au Patrimoine mondial naturel de l’Unesco du Delta du Rhône dans sa dimension géomorphologique.
Nous avons souhaité vous informer du développement de notre projet après six mois d’existence.
Nous vous informerons trimestriellement de nos activités, rencontres et avancées.

Pour rappel, le but de notre initiative, qui s’appuie sur la Réserve de Biosphère de Camargue, est de préserver ce territoire de Camargue pour les générations actuelles et futures et d’améliorer les fragiles équilibres dynamiques du vivant en favorisant conjointement une nature en libre évolution et des activités humaines respectueuses de l’environnement, en harmonie avec la nature.

Cette inscription aura pour mission essentielle de permettre de porter un regard bienveillant, international sur cette zone humide unique et fragile qui pourra devenir un laboratoire d’expérimentation face aux enjeux du dérèglement climatique et la crise de la biodiversité.
La Camargue est déjà concernée par l’existence d’une Réserve de Biosphère de l’UNESCO depuis 1977 qui doit servir de base à la réflexion sur un classement au Patrimoine mondial du delta du Rhône, une zone humide majeure méditerranéenne. Seuls deux deltas dans le monde sont inscrits à ce jour au Patrimoine mondial en tant que deltas : ceux du Danube en Roumanie et de l’Okavango au Botswana.

Les enjeux de protection de la Camargue s’inscrivent notamment autour de l’équilibre et de la gestion de l’eau douce du Rhône et de l’eau salée, de la gestion du littoral, du traitement des pollutions et de la protection de la biodiversité.
Ces enjeux étant contraints par les impacts croissants du changement climatique, la pertinence de la démarche de classement se justifie par la prise en compte de ces risques et les avantages futurs notamment de sauvegarde qui découleront de cette inscription au patrimoine de l’Unesco. Cette reconnaissance permettra ainsi de reconnaître l’universalité et l’exceptionnalité des patrimoines camarguais et l’importance de la relation homme-nature dans le delta et sa zone marine associée.

Le point essentiel à nos yeux est de mettre en place une gestion conservatrice d’une eau douce de qualité, tant de surface que souterraine. Une telle gestion passe prioritairement par la préservation des écosystèmes naturels (forêts riveraines, prairies humides et marais d’eau douce) qui en assurent le stockage et le renouvellement.
L’association favorisera les démarches interrégionales de gestion et de conservation du patrimoine naturel et culturel à l’échelle de la Camargue géomorphologique située sur deux Régions Sud-Provence Alpes Côte d’Azur et Occitanie, deux départements les Bouches du Rhône ; l’Hérault et le Gard et une vingtaine de communes.
Elle veillera à la prise en considération des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies en Camargue.

Actions :

Conférence de presse tenue le 5 septembre au Symadrem à Arles.

Devant une audience d’une quarantaine de personnes, nous avons présenté notre démarche aux journalistes et aux élus.
Des articles parus dans Midi Libre, la Provence, le Chasseur français, Objectif Gard, BFM TV et un reportage sur France 3, le journal Méteo de France et le Journal de 13.00 sur France 2 ont donné un écho particulièrement positif à notre action.

Octobre – Novembre : Rencontres avec les élus de Camargue.

Nous avons rencontré les Maires du Grau du roi, Aigues-Mortes, Le Cailar, Saint Laurent d’Aigouze, Aimargues, Marsillargues, Générac, Beauvoisin, Saint Gilles, Fourques, Maussane, Fontvieille, le Paradou, Port Saint Louis du Rhône et les Saintes Maries de la mer.
Notre projet a reçu un accueil chaleureux et attentif de leur part.
Notre démarche les concerne tous, aussi nous allons formaliser ce soutien dans les prochaines semaines. De même nous avons rencontré les sénateurs et députés élus sur le territoire camarguais ainsi que la présidente du Conseil départemental du Gard ; là encore nous avons reçu un soutien appuyé de principe.

Rencontres avec les acteurs institutionnels de la Réserve Nationale de Camargue, la Tour du Valat et le Conservatoire du littoral.

Nous avons reçu une écoute et un soutien affirmé de la part de ces institutions qui reconnaissent d’abord une difficulté à communiquer et à appréhender le territoire et les différents acteurs qui ont chacun leur vision propre du territoire, pas forcément comprise par tous, mettant en évidence la complexité de la mosaïque humaine camarguaise.

En particulier, lors de notre rencontre avec le Conservatoire du Littoral, M Fouchier délégué de rivage PACA nous a rappelé l’importance patrimoniale de la Camargue, reconnue à différents niveaux et par plusieurs classements depuis maintenant plusieurs décennies : « La richesse de son patrimoine naturel lui a valu son inscription dès 1977 au réseau des réserves de biosphère de l’Unesco. En 2006, à l’occasion de la procédure de révision de la Réserve de biosphère, celle-ci a été étendue afin de prendre en compte l’ensemble du delta biogéographique. C’est sur ce périmètre que vous défendez le projet d’inscription de la Camargue à l’Unesco. Le Conservatoire du Littoral intervient en Camargue depuis sa création, l’un des premiers terrains acquis par l’établissement ayant été celui du Domaine de la Palissade à l’embouchure du grand Rhône.
Depuis, l’action de notre établissement a été continue pour aujourd’hui parvenir à plus de 25 000ha sur l’ensemble du delta biogéographique.

Ainsi, compte tenu des enjeux naturels, des activités socio-économiques et culturelles qui font toute la richesse de cet espace et lui confèrent ainsi son caractère exceptionnel, le Conservatoire du Littoral souhaite apporter un soutien fort à votre projet et vous assurer de notre présence à vos côtés dans cette démarche. »

Nous sommes une structure souple qui porte un projet fédérateur : préserver la Camargue en la classant au patrimoine naturel de l’Unesco. Nous créons ainsi un espace de discussion entre les différents acteurs camarguais qu’ils soient politiques, économiques, scientifiques ou culturels, dans un esprit de recherche, d’unité et de bienveillance. Nous souhaitons que la Camargue devienne un laboratoire d’expérimentation qui permette de trouver des solutions durables face au dérèglement climatique que connait ce delta comme d’autres dans le monde, et en particulier de lutter contre la salinité, la pollution humaine et économique, la diminution du trait de côte et l’eau du Rhône. Véronique Jullian

6 novembre - Réunion publique au sujet de l’évolution du trait de côte Camarguais à Arles

Étaient invités Mr Malet du Symadrem, Mr Jalbert de la Tour du Valat, Mr Sabatier (hydraulicien) du CEGE de Marseille. Une réunion passionnante, un public nombreux, des inquiétudes exposées par la salle des scénaris proposés par les intervenants...
Bien que l’élévation du niveau de la mer se soit accélérée ces dernières années passant de 2/mm à presque 4 mm/ an pour les années futures se seront les vagues submersions qui seront à redouter lors des tempêtes hivernales pouvant suivant leur puissance remonter très loin dans les terres.

Les digues malgré leur défaut majeur, l’envasement, dans les zones entre Beauduc et Port St Louis la plus proche de la mer (ancienne digue des salins) sera abandonnée laissant un vaste territoire comme zone tampon et la "digue à la mer" qui va jusqu’au Saintes sera consolidée.
La pointe de Beauduc connaîtra un accroissement ainsi que dans la baie d’Aigues Mortes, en revanche tout le littoral entre port St Louis et Beauduc et surtout entre Beauduc et l’Espiguette connaîtra une forte érosion avec un recul sensible du trait de côte. Des travaux pharaoniques d’enrochement seront entrepris pour protéger les Saintes.
Cette érosion s’accompagnera d’une forte augmentation de la salinité des sols par la
pression exercée par la nappe phréatique marine.

Je suis intervenu à ce moment-là pour questionner Mr Sabatier l’hydraulicien au sujet d’une redynamisation possible du petit Rhône. En effet, depuis l’endiguement en 1870 le delta est figé en 2 bras.
Le débit du fleuve était partagé entre70% pour le grand et 30% pour le petit. En 1970 au cours des grands travaux d’aménagement, comme outil industriel (barrages, navigation des grands bateaux) un énorme rocher a été détruit dans le fond du fleuve au niveau du mas de Terrin au sud d’Arles modifiant drastiquement le flux de l’eau avec un impact catastrophique sur la Camargue.

À cette époque qui parlait de dérèglement climatique ?
Qui se souciait de l’enfoncement de la Camargue (2mm/an) mais cet aménagement allait modifier pour toujours le visage du Delta.

Moins de sédiments arrivent aujourd’hui (reboisement des massifs alpins, barrages) 100.000 m3 /an face à une érosion marine de 300.000 m3/ an, la répartition s’en trouve modifiée avec un gd Rhône à 90% du débit lors des crues pendant les "délestages" des barrages la grande majorité des sédiments sont transportés très au large dans le golfe de Fos qui fait 60m de profondeur c’est là que se construit la nouvelle Camargue.
On peut considérer le petit Rhône comme "mort" : faible débit (10 %) draguage régulier de Fourques à l’écluse de St Gilles ( péniches gros gabarit) rejets de dragage dans le cour inférieur, etc.
De St Gilles aux Saintes Maries sur 35 km, depuis 50 ans, une quantité gigantesque de sédiments s’est déposée et ferme peu à peu le petit Rhône... "Ce que la main de l’homme a défait, la main de l’homme peut le refaire".

J’ai demandé pourquoi ne serait-il pas possible de redynamiser le petit Rhône par un ouvrage hydraulique au niveau d’Arles pour lui rendre son débit de toujours (30% de l’eau), qui déboucherait le lit aval, rendrait au littoral Saintois des millions de m3 de sédiments bloqués, en ramènerait de nouveaux chaque année au cor des crues, apporterait de l’eau douce sur l’ouest du Delta compensant la pression saline de la mer permettant ainsi et ce gratuitement par la dynamique seule du fleuve, côté oriental avec un gd Rhône à 70%( au lieu de 90% aujourd’hui) au lieu de projeter les sédiments au large ils viendraient protéger le littoral de Port St Louis et de Salin de Giraud et ainsi de retarder et de modifier efficacement et pour longtemps la destruction programmée d’une partie importante du littoral camarguais.
Bernard Poujol.