UN ÉLEVAGE qui commençait à grimper vers le haut de la hiérarchie vient d’être frappé en pleine ascension :
une catastrophe comme celles qui avaient durement atteint les élevages d’Henri Aubanel voici quelques années et plus récemment celui des frères Raynaud.

Pour la première, un soir d’hiver, les animaux avaient péri noyés dans le Vistre ; pour la deuxième, la mer déchaînée avait englouti une partie du troupeau.

Mais, cette fois-ci, aucun doute n’est permis après les analyses de l’eau par l’Ecole Vétérinaire de Lyon, un produit organophospaté [1]— le Lemissol pour être plus précis — a été versé dans les abreuvoirs.

Le gardian de la manade : Roger Agnel alias "La Truffe", du Cailar

Les deux troupeaux en ont bu : la dimension et la profondeur des récipients en a dilué le poison en proportions différentes et certaines bêtes — les cocardiers surtout — ont en réchapper après les soins immédiats et longs.

L’enquête continue : mais aucun doute, une main criminelle est à l’origine de cet empoisonnement.
Pourquoi ?
Voilà la question qu’on se pose, même si cela paraît incroyable.

Le bilan est lourd, très lourd !
42 vaches adultes, la plupart pleines sont mortes, ainsi que 5 taureaux !
Deux vieilles vaches, quelques doublenques, dix veaux en ont réchappé, non sans mal.

Les jeunes taureaux, les " gros " cocardiers : Parpaïoun, Gastaboi ; Baillot, Canaulois ont pu être sauvés et pourront assurer les engagements durant la saison.

Les pâturages se trouvent sur le territoire de Générac.

Les deux manadiers ont été profondément abattus par cette hécatombe. Tout le travail accompli, toute la sélection rigoureuse, viennent d’être anéantis, puisque la base, les vaches reproductrices sont quasiment toutes mortes !

Il faudra repartir presque à zéro, recommencer tout ce qui avait été minutieusement fait, avec tous les aléas que cela comporte !

Certes, le monde de la bouvine, dans un grand élan de solidarité va venir en aide à ces " sinistrés " par l’achat de jeunes vaches qui viendront pallier dans une certaine mesure ces disparitions.

Puisse cet élan généreux, apporter un peu de réconfort à ces deux jeunes manadiers profondément désemparés devant ce désastre, qui sont décidés courageusement à poursuivre l’oeuvre entreprise, sans avoir songé un instant à renoncer !