"Quelques notes historiques de cette manade.

Roger Barin * maire de St-Clément et membre de la Chambre d’Agriculture du Gard était devenu manadier en s’associant en 1957 avec de Montaut-Manse puis tout seul en 1958.

On se souvient de la bonne race que possédait le fameux tribun avocat nîmois de Montaut-Manse et des grandes prestations que fournirent ses cocardiers qui de 1948 à 1953 participèrent aux Cocardes d’Or arlésiennes et s’y distinguèrent, Crespito - Rinard - Eyraguen - Coute-Nègre et surtout Arrogant et Sabre qui y triomphèrent.

Brutus - Sultan - Torpilleur - Cailaren furent les dignes successeurs des cocardiers de de Montaut-Manse et nous nous souvenons de leurs courses tant à Méjanes qu’à Lunel, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, au Cailar.

Puis vint Calvissonnais révélé en 1971, brillant à Vauvert, à Aramon où il remporta le " Biòu d’argent " puis au Cailar avant de gagner la Coupe Révélation du club Le Clairon à Beaucaire, à Aigues- Vives.

On sait aussi que ce cocardier, devenu la propriété de Chauvet, triompha d’une finale du Trophée des As le 9 octobre 1977 en Arles où il fut classé le meilleur taureau de la finale.

Muscadet - Montecristo - Cévenol - Perroquet - Voltigeur furent également des cocardiers valables dans l’élevage cailaren.

On voit donc que nos deux manadiers Milhaudois ont acquis en 1976, des taureaux qui ont des lettres de noblesse. Et il ne faut donc pas s’étonner de voir actuellement un " Parpaioun " perpétuer le bon sang des Montaut et Barin.

Ce " Parpaioun " dont l’âge fut vivement contesté lorsqu’il participa au Trident d’Or en 1981.
Et pourtant " anouble " ou " doublen " lorsque les Lagarde en devinrent les propriétaires en 1976, il avait donc 5 ou 6 ans quand il courut à Salin-de-Giraud et s’y révéla lors de la course de Classement avant d’aller remporter la Coupe le 21 juin à Jonquières, de briller ensuite à Fontvieille, puis à Beauvoisin en 1982 et de gagner une nouvelle coupe Midi-Libre pour les fêtes de St-Gilles en 1982, après avoir triomphé à Vergèze.
Au total, 5 coupes en 1982.
Quel beau palmarès déjà, et ce n’est pas fini.

Il convient peut-être maintenant de situer quelque peu nos manadiers.

Bernard âgé de 36 ans est marié à une charmante Pélissannaise, deux enfants de 9 et 10 ans, qui déjà ont chacun leur " camargue ", parqué autour de la villa familiale entre Générac et St-Gilles, embellissent ce ménage languedocien-provençal.

Claude quant à lui âgé de 33 ans est célibataire et vit dans la maison des parents à Milhaud.

C’est donc le soir, après leur journée de travail, et lors de leurs week-end ou congés, qu’ils peuvent s’occuper de leurs taureaux.
Nous les avons suivis, une fin d’après-midi d’avril, alors qu’ils allaient donner leur abondante ration de fourrage aux taureaux, d’abord dans les prés d’hiver, au lieu-dit " Les Genêts " (territoire de Bernis) en bordure de l’autoroute.

Là, une vingtaine d’hectares dont une partie vallonnée, bien abritée par de grands genêts, avec peupliers. On y reconnaît Parpaioun certes et Gastoboi, Canaulois, Baillot - la Braguette mère de Gastaboi qui à l’âge de 18 ans procrée toujours, mais aussi de nombreux veaux car les 32 vaches ont déjà donné 25 veaux et les dernières vêleront certainement dans les prés du Cailar.

Après une courte halte au domicile familial de Milhaud, où l’on peut voir le tau Lazare dans une cour avec les anoubles, nous voici dans les pinèdes de Générac où au lieudit "La Rouquette ", près du " ranch " d’un afeciounado gardian Généracois Thomas, sont les ternens et quatrens, tous de bonne taille et bien en chair qui eux aussi reçoivent leur bonne ration de foin.

A l’heure où paraîtront ces lignes (1983 : NdR), la manade aura rejoint les prés du Cailar où se trouvent en plusieurs " pays " les pâturages d’été. La Clapière, Rabinel - Chaberton, c’est là que se font les ferrades printanières et estivales.

Ce sont ces lieux que fréquentent aussi les amateurs de la " marque ", Roger et Chantal Agnel du Cailar, Alain Lebrun dit Gastaboi, Vincent et Joseph Grau de Vauvert, qui sont de précieux auxiliaires pour Bernard et Claude Lagarde.

L’élevage Lagarde est maintenant reconnu par l’Association des Éleveurs de taureaux de race camarguaise, après quelques années de stage, alors qu’aucune contestation n’aurait dû s’élever pour leur admission immédiate.

Ils ont fait leurs débuts en courses camarguaises en 1979 à Pélissanne et à Canaules.
Débuts timides certes, mais au fil des années, quelques cocardiers se sont affirmés, tels Parpaioun - Canaulois - Gastaboi (qui a remporté le Biòu d’Argent d’Aramon en 1982) - Baillot (Trophée à Uchaud).
Cette année, avec ces taureaux confirmés, ils présenteront à Marguerittes (pour le Trident d’Or) trois jeunes cocardiers.

Gastaboi, pH : Naval

A l’heure où les grands cocardiers se font rares, il est bon de constater que des petits manadiers puissent, avec la " fé " qui les anime et le grand et sérieux travail qu’ils accomplissent, amener ainsi dans nos pistes des taureaux de valeur."