X - LE 18e SIECLE ET LA DISPARITION DE LA PROVENCE.

Les Trente Années après la mort de Louis XIV auraient pu être une époque de paix et de reconstruction si la Provence n’avait été ravagée par la peste et par les querelles religieuses de l’époque

Le Grand Saint-Antoine qui amena la peste à Marseille en 1720

La peste de 1720 fut désastreuse, amenée à Marseille par un navire en provenance de Syrie, elle pénétra d’autant plus facilement dans la ville que l’on n’éloigna pas tout de suite le bateau et que les marchandises furent débarquées et vendues.
De Marseille la peste se répandit dans toute la Provence atteignant gravement Aix, Arles, Toulon.
Elle ne se termina qu’en 1722, après avoir fait plus de 80.000 victimes dont 40.000 à Marseille.

Les querelles religieuses :
en France les Jésuites [1] tout puissants s’opposaient aux Jansénistes [2] qui étaient majoritaires dans les parlements tandis que les Jésuites sont soutenus par le roi.
Cette querelle retentit jusqu’en Provence où le parlement d’Aix s’oppose aux ecclésiastiques jésuites. Avignon a connu aussi quelques affaires de « convulsionnaires » [3] (quatre).
On voit ainsi que la Provence suit Paris, le gouvernement royal a réussi à unifier la Provence.

La guerre de succession d’Autriche amena une nouvelle invasion de la Provence, les ennemis sitôt repoussés, la querelle Jésuites-Jansénistes reprenait et en 1763, les Jésuites sont chassés de Provence.

Les corsaires provençaux prirent une part active à toutes les guerres, on peut rappeler le nom de Georges Roux dit Roux de Corse, qui s’enrichit pendant la guerre de sept ans.

Le parlement d’Aix prenait une part active à la résistance des parlements, à l’augmentation des charges fiscales, la réforme de Maupeou en 1770 fut refusée par les parlements et en 1771 Maupeou supprima tous les parlements.
Celui d’Aix fut remplacé par. la Cour des Comptes, sa rivale de tous les temps. Les parlementaires furent exilés, l’intendant dut partir et il fut remplacé par deux fonctionnaires Monthyon et Sénac de Meilhan.

Le 12 janvier 1775, le Parlement fut rétabli, mais assagi par son exil, il ne joua plus qu’un rôle effacé.

A la fin du règne de Louis XIV, l’administration avait atteint sa quasi perfection, grâce à des réformes successives, et c’est à cette époque que la vie de société se fit brillante, les théâtres se multiplient, les artistes se sont fixés en Provence, tels les architectes « Esprit-Joseph BRUN », « Claude d’Ageville », les peintre Van Loo, Arnulphy, André Badon, les sculpteurs Chastel, Verdiquier, Toucou, et Tossati et un graveur, Baledou d’Arles.

Les industries d’art se développèrent comme la faïence de St Jean du Désert, près de Marseille.
Les idées des Philosophes avaient pénétré en Provence, tandis que la noblesse et le clergé sont de plus en plus attachés à leurs privilèges et demandaient le rétablissement des privilèges et des franchises du comté de Provence. Mais les privilégiés se refusaient à toute concession.

L’approche de la réunion des Etats Généraux (le 5 Mai 1789) occupait les esprits.
L’élection des députés doit se faire par les assemblées électorales des sénéchaussées, on demande l’égalité devant l’impôt et c’est le début de nouvelles violences qui provoquèrent par réflexe de peur, l’abolition des privilèges.
Le 20 Mars, le clergé renonce aux exceptions d’impôts, le 27 Mars, la noblesse aux privilèges pécuniaires et le 28, le parlement abandonne son exemption de la taille.

Mirabeau

Mirabeau fut élu à Marseille et à Aix.

Maintenant les événements importants se passent à Versailles, mais l’agitation continue à Marseille.

L’existence de la Provence se termine le 22 septembre 1789, janvier 1790.
L’Assemblée nationale divise la France en départements. La Provence forma trois départements : les Bouches-du-Rhône, le Var, et les Basses-Alpes [4]. Les municipalités entrèrent en fonction dès le mois de février.

Des troubles se poursuivent à Marseille et à Toulon démontrant la faiblesse du gouvernement. Le 16 mai les représentants des municipalités jurent la fidélité à l’ordre nouveau.
En juillet 1790, les cadres nouveaux de l’administration furent mis en place avec des administrateurs et directeurs des districts qui s’installent dans les chefs-lieux.

La Provence en tant qu’unité administrative n’existe plus.
Sa langue déjà frappée par le diktat de Villers-Cotteret l’est à nouveau par la Révolution.

(...)

Retour au Sommaire*

[1Les Jésuites sont les membres d’un ordre religieux catholique appelé la Compagnie de Jésus.
spécialistes dans la propagation de la foi catholique, ils fondèrent de nombreux collèges où ils enseignaient aux garçons des classes aisées dirigeantes.

[2Le jansénisme est un mouvement religieux catholique qui se développa au XVIIe siècle, en France. Il propose de revenir aux idées de Saint Augustin sur la grâce divine qui permet de sauver l’âme des pécheurs.
Les jansénistes s’opposent aux jésuites qu’ils accusent d’avoir trop d’indulgence avec les pécheurs.
NdR

[3Autre appellation des jansénistes dont les convulsions mystiques sont souvent vues comme une déchéance du jansénisme.
NdR

[4les Basses-Alpes sont devenues les Alpes-de-Haute-Provence en 1970
NdR