LE LANGUEDOC

3 - DEPRESSION ET DESORDRE.

La vie est surtout locale et rurale et se déroule dans la « villa » où la technique agricole est très primitive et où la famine menace.
Cependant on peut noter une lente remontée de la population, ce qui augmente les zones surpeuplées, et on dut défricher les terres vierges.
Les villes n’ont plus qu’une vie relative, leur décadence est liée à l’éclipse du commerce.
Nîmes se resserra autour de deux centres ; l’amphithéâtre des Arènes qui fut organisé en logements et la cathédrale...

Dans cette civilisation, la place des femmes fut importante, en effet, héritant du droit romain, elles pouvaient posséder des biens et les administrer.
Les tribunaux aussi ; en l’absence de véritable gouvernement, maintiennent un peu d’ordre. Les châteaux se multiplient vers l’an 1000.

4 - VIGUIER ET FAIBLESSE DE L’EGLISE

Les fondations de monastères se poursuivent, comme celui de St Sauveur, dit La Font, pour les filles, créé en 900 par l’évêque de Nîmes.
Les biens des églises s’accumulent considérablement, du IXe au XI° siècles. Ces domaines furent en butte aux convoitises, mais on sait que les évêques et abbés étaient des fils de nobles, ils eurent des difficultés à défendre leurs biens.
Vers 990, se réunit le Concile d’évêques, instituant la "Paix de Dieu" [1], qui protégeait les paysans et les marchands.

5 - LA VIE CULTURELLE.

Le X° siècle est une période de déclin, le droit romain, wisigothique et franc se perdent.
Le jugement de Dieu, les ordalies [2] servent de droit.
La langue est le latin, mais un latin décadent qui n’a jamais retrouvé sa pureté d’origine, peu à peu les scribes introduisent des expressions de la langue vulgaire.

Le premier texte en langue d’Oc connu date de 1002.

Cette langue est proche du latin.
L’activité artistique se poursuit, les églises s’édifient. Hélas ces monuments ont aujourd’hui disparu.
La sculpture se développe.

6 - LA CROISSANCE ECONOMIQUE

Ce sont d’abord les défrichements qui, en se multipliant, peuplent les abords montagneux du Gardon et le Haut Hérault.
La côte s’anime, on organise la lutte contre les marais, surtout contre les boues, les eaux stagnantes de Camargue qui offre ses ressources propres comme la chasse, la. pêche, les salines.
On produit du blé, de l’orge, des ovins, des porcs, l’olivier progresse, le vignoble se développe.

Le trafic anime à nouveau les routes anciennes, d’autres sont créées, la machinerie se développe ainsi que la draperie, l’activité minière : mine d’argent de Lodève, du Vigan, les foires se développent, on peut citer celles de St Gilles.

Nous allons nous arrêter un peu à st Gilles.
Au début du VIII° siècle, aux confins de la Costière et d’un bras du Rhône coulant plus à l’ouest que, de nos jours, mourut l’ermite St Gilles en ce lieu, qui fut rattaché en 878 à Rome.
Les pèlerins étaient nombreux, car les miracles se multipliaient.
Le pèlerinage anime le marché qui au Xlle siècle devint une véritable foire lors de la fête du Saint, le 1er Septembre.
Là, sont échangées des marchandises aussi variées que les soieries, épices, parfums apportés par les Italiens et les produits régionaux, vin, blé, sel, poissons.
Toute une ville y grandit avec ses maisons, sept églises, son enceinte et un château comtal, car le comte Raimond IV maître de la Seigneurie y résida, dans la deuxième moitié du XI° siècle.

Le péril Sarrazin a, à peu près, disparu et le commerce renaît, mais reste faible.
En 1187, les bourgeois du Languedoc obtiennent des privilèges avec les royaumes d’Orient.

(...)

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[1 Paix de Dieu : mouvement spirituel et social des Xe et XIe siècles, organisé par l’Église catholique et soutenu par le pouvoir civil.
Son but est d’obtenir une pacification du monde chrétien occidental et de maîtriser l’usage de la violence dans la société.

[2 l’ordalie consiste à faire passer à l’accusé des épreuves physiques diverses dans le but de démontrer la justesse de sa cause.
Ceci sous le regard de la divinité tutélaire de la justice, qui par définition ne peut pas laisser périr l’innocent ou triompher l’injustice.