’’HISTOIRE de la CAMARGUE’’ (24/26)
La Provence, le Languedoc, des origines à notre époque contemporaine.
VIII - LE XVIe SIECLE
Source : Supplément du "Camariguo" dont le contenu doit être rapproché fin des années 1970.
VIII - LE XVIe SIECLE
1 - L’ESSOR DEMOGRAPHIQUE
De 1490 à 1680, la population augmente rapidement, au début, plus lentement dès 1570.
Cet accroissement caractérise le XVIe siècle qui ne connut pas de guerres mais qui fut riche d’histoire sociale et culturelle.
Le peuplement récupère les anciennes terres abandonnées. La population des villes croit considérablement, mais cet essor se ralentit lorsqu’il approche du plafond car dans cette économie sans croissance, le ravitaillement devient difficile.
Dès 1520, les guerres de religion [1] ralentissent cette croissance, tandis que disparaissent les anciens fléaux, lèpre et peste, pour faire place à la « vérole » [2] apportée d’Amérique.
Les montagnards du Massif Central, les « gavaches » [3] émigrent en Bas Languedoc, attirés par les richesses.
En même temps arrivent les tziganes d’Ouest, Mousques d’Espagne, Marranes [4].
2 - PAYSAGE ET SUBSISTANCE
Les Languedociens pratiquent la vieille polyculture méditerranéenne, vignes, oliviers, châtaignes, jardins, élevage, des nouvelles plantes font leur apparition, artichauds, melons, pêches, poivrons, tomates.
Les techniques ne se sont pas modernisées, l’irrigation n’est pas très répandue, les bergers incendient, dégradant peu à peu les forêts méditerranéennes qui feront place à la garrigue et surtout on défriche les mauvaises terres abandonnées.
Dès 1504, le manque de blé se fait sentir presque un an sur deux. Mais la consommation de luxe des classes parasitaires se développe. Les épices voient leur consommation s’accroître.
Vers 1500 les hommes sont rares et les troupeaux nombreux, troupeaux de bœufs et de chevaux de Camargue.
La viande abonde, l’engrais animal permet d’augmenter la production du blé, ce qui permet à la population de s’accroître.
Vers 1530, les troupeaux déclinent.
Le produit brut agricole est en pleine stagnation de 1500 à 1530.
L’industrie piétine, la plus répandue, celle du textile ne fournit que des gros draps, exportés vers Constantinople.
3 - LA SOCIETE DES CAMPAGNES.
Le nombre d’hommes augmente plus vite que les subsistances, en conséquence les salaires diminuent.
Les seigneurs voient leurs revenus diminuer, aussi sont-ils plus âpres à percevoir les redevances. Mais, ils sont un modèle pour les riches bourgeois qui imitent leur façon de vivre.
Cependant la noblesse est pratiquement inexistante quant à sa richesse.
Pendant les guerres civiles (religion) elle est au premier rang des bandes armées.
4 - LA SOCIETE DES VILLES.
Les villes sont de plus en plus florissantes, elles sont encore enfermées dans leurs murailles, avec des rues étroites et sombres.
Le Languedoc se protège contre la chaleur.
La vie ne connaît pas de luxe, ni dans la nourriture ni dans les vêtements, mais les habitants ont un sens vif du bonheur, de l’amour, de la douceur et de la fragilité de l’instant qui passe.
Tout est occasion de fêtes, danses et mascarades. Cependant, on note une part de violence et de sadisme. Les supplices, les exécutions sont publics. Il y a une certaine irréligiosité.
Dès 1550, la minorité protestante prépare son ascension.
En effet, les hommes sont trop nombreux pour une croissance économique pratiquement nulle. La faim, la misère physiologique, les épidémies, les mauvaises récoltes sont les causes de ce ralentissement démographique.
(...)
[1] En France, on appelle Guerres de Religion une série de huit conflits (guerres civiles, guerres de religion et opérations militaires) qui ont ravagé le royaume de France dans la seconde moitié du XVIe siècle et où se sont opposés catholiques et protestants (appelés aussi huguenots).
[2] La petite vérole ou variole fut un fléau de l’Ancien Régime.
Il compte parmi les plus meurtriers de l’histoire depuis son apparition en Occident au VIIe siècle jusqu’à son éradication au XXe siècle.
Il serait arrivé d’Éthiopie ou d’Arabie voire d’Égypte...
La petite vérole aurait été introduite en Espagne par les Maures lors des invasions arabes, et se serait ensuite répandue en Europe.
La grande vérole ou syphilis, est une infection sexuellement transmissible contagieuse, due à la bactérie tréponème pâle.
La syphilis serait apparue en Amérique « après la conquête, amenée par les Européens et peut-être par les esclaves noirs arrachés à l’Afrique équatoriale ». Une hypothèse pourrait être qu’elle aurait fait son apparition en 1494 à Naples, apportée par des marins espagnols de l’équipage de Christophe Colomb qui participaient à une campagne militaire de Charles VIII.
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|François d’Assise semblant s’occuper de malades atteints de petite vérole
La Franceschina (1474)|
[3] Gavache ou en espagnol gabacho, en portugais gabacho et gavatx en catalan, désigne tous les français avec une résonnance péjorative
Gavach en occitan c’est le montagnard grossier
[4] Les marranes sont, à partir du XVe siècle, les Juifs de la péninsule Ibérique et de ses colonies (Espagne, Portugal, Amérique latine) convertis au catholicisme mais qui continuaient à pratiquer leur religion en secret
Messages
1. ’’HISTOIRE de la CAMARGUE’’ - 24, 24 octobre 2015, 18:34, par Morra
Bonjour,
avez vous entendu parler d’un canal en Camargue appelé "le fossé Meyrol" ?, je fais des recherches sur le canal du Japon.
"Conseil du 3 septembre 1758
Approbation de la dépense de la réparation du fossé meyrol.
Le conseil a unanimement approuvé les enchères et délivrance du recurage du fossé meyrol comme aussy la dépense de la réparation concernant cette communauté."
Je pense qu’il s’agit de la roubine du Roi permettant d’amener le sel des salins de Badon à l’ancien bras de fer qui par la suite s’est appelé canal du Japon.
Merci d’avance
M Morra
1. ’’HISTOIRE de la CAMARGUE’’ - 24, 26 octobre 2015, 15:34, par Bernard
Je pensais que ça me parlait, mais finalement je n’ai rien sur ce nom,
Je ne peut malheureusement rien vous apporter de plus, est-ce a dire qu’il faut chercher dans les archives communales ? mais là c’est pas des plus facile, je préfère et de loin le fond ancien de l’espace Van Gogh.
2. ’’HISTOIRE de la CAMARGUE’’ - 24, 27 octobre 2015, 09:03, par Liberté
Bonjour monsieur MORRA.
Je suis toujours aussi impressionné et séduit par vos recherches sur les origines des noms de lieux de notre région, sujet sur lequel je me suis moi même attaché.
Je ne peux pas répondre à la question du "fossé Meyrol" et je vois que notre archiviste historien Bernard n’a pu trouver de réponse non plus.
J’ ai cependant une question qui me taraude à mon tour depuis quelque temps : d’où vient le nom de lieu des "Quatre Maries" aux Saintes Maries de la Mer, lieu situé au grand Radeau ?
Liberté.
3. ’’HISTOIRE de la CAMARGUE’’ - 24, 27 octobre 2015, 10:12, par Salva
Une piste ?
"Le 13 août 1548, quatre galères, commandées par Villegaignon, entrent dans le port de Brest, et débarquent sur le rivage quatre enfans, toutes du même âge, Marie Fleming, Marie Seton, Marie Livingston et Marie Stuart.
On conduit à Saint-Germain en Laye les quatre Maries, dont l’une sera la femme de François II"
Tiré de Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 25.djvu/14
Autre :
Il y avait quatre Maries au chevet de Jésus après la crucifixion : Sa mère, de Bethanie, de Magdala et une autre ( la repentie ? )...
Dans le Musée national San Marco à Florence, dans l’ex-salle capitulaire, on trouve une fresque monumentale "Crucifixion et saints" de Fra Angelico. Elle comporte en frise, les prophètes et une sibylle, les dominicains éminents, entourant la scène des trois croix devant lesquels sont montrés les groupes des saints fondateurs de l’ordre, des quatre Maries et des saints protecteurs de la ville de Florence et des Médicis.
A vous...
4. ’’HISTOIRE de la CAMARGUE’’ - 24, 27 octobre 2015, 13:18, par Liberté
Salut SALVA ! (Un érudit de plus !)
Merci de m’avoir mis sur la voie.
Effectivement, recherche effectuée, j’ai trouvé un renseignement à partir de la fresque de Fra Angelico du musée de Florence en Italie. Sur la fresque "crucifixion et saints" il est mentionné le nom des 4 pleureuses : Marie de Nazareth, mère de Jésus (Madeleine), Marie de Magdala (qui pourrait être la compagne de Jésus ?), Marie Salomé et Marie Jacobé, soeurs de la mère de Jésus.
Voilà donc les 4 Maries ?
Un pêcheur des Saintes à qui j’ai posé la question après plusieurs recherches infructueuses m’a dit qu’il pourrait s’agir d’une famille de 4 enfants (filles ?) qui occupaient le poste de garde avancé (les quatre Maries) d’une vieille embouchure d’un Rhône, dont les parents se seraient appelés MARIES ?
On a déjà au moins deux pistes ?
Liberté
5. ’’HISTOIRE de la CAMARGUE’’ - 24, 27 octobre 2015, 18:19, par Morra
Monsieur bonjour,
il y a quelques mois, j’ai demandé sur le site de Bouvine et Traditions si quelqu’un avait des infos sur l’origine du nom "Chamone" qui matérialisait l’entrée du Bras de Fer.
Je pense avoir enfin trouvé.
"...Enchères et délivrance de la coupe de deux cent pieds d’arbres bois d’Aubes au profit du délivrataire, sous les conditions portées aux enchères. + plantation de Plaçons
1777 L’an mil sept cent septante sept et le neuf vième jour du mois de novembre jour de dimanche après midy.
« la coupe de deux cent pieds arbres bois d’Aube a été exposé aux enchères, à faire sur les iles St François de Paul et St Claire, excepté les deux grosses (pièce de terre) près de la cabane de Chamon gardien du Japon à la charge par le délivrataire de plantés une certaine quantité de plançons de saules de six pans au moins longueur, selon l’indicati}on de l’inspecteur de la communauté ou du fermier des iles …dont parties seront complantées…"
Il est fort possible que l’appellation du mas qui actuellement se nomme Chamone vienne tout simplement du nom du gardien qui était chargé de la surveillance du canal du Japon, (partie du bras de fer qui cheminait de l’Est à l’ouest en Camargue)l’entrée du canal qui servait au transport des bateaux de sel,avait des portes afin de réguler la hauteur d’eau. Le gardien devait faire office d’éclusier.
Il est vrai que souvent nous allons chercher midi à quatorze heure alors que la réponse est toute simple.
Vous avez devinez, actuellement le "bosse" sur le Bras de Fer, le Canal du Japon et les Salins de Badon aux fils des siècles.
Bien à vous M Morra
Ps : si je trouve des infos sur les Quatres Maries, je pense à vous.
2. ’’HISTOIRE de la CAMARGUE’’ - 24, 27 octobre 2015, 20:27, par Bernard
Ou allez-vous dégoter ça ? bon il suffit parfois de trouver l’ouvrage qui éclaire tout,
1. ’’HISTOIRE de la CAMARGUE’’ - 24, 28 octobre 2015, 09:23, par Morra
Mes "trouvailles" viennent tout simplement des archives communales d’Arles ou du Fond Ancien. Je suis retraité j’ai donc du temps, + la passion. Les historiens eux n’ont pas toujours cet avantage, d’éplucher systématiquement les séries.
Au plaisir de vous lire
M Morra
3. ’’HISTOIRE de la CAMARGUE’’ - 24, 28 octobre 2015, 14:10, par Bernard
Ah, d’accord, mais jusqu’à ce jour je ne suis pas allé les voir, effectivement il y à de quoi y faire, c’est sur.
4. ’’HISTOIRE de la CAMARGUE’’ - 24, 28 octobre 2015, 14:12, par Bernard
Et aux AVA (Amis du Vieil Arles) ?
1. ’’HISTOIRE de la CAMARGUE’’ - 24, 28 octobre 2015, 14:19, par Morra
Pour les AVA, pratiquement l’ensemble des bulletins sont disponibles sur le net.
Il faut aller sur le site des AVA, après c’est très simple. Pour les archives d’Arles, c’est relativement facile aussi.
A bientôt M MOrra
5. ’’HISTOIRE de la CAMARGUE’’ - 24, 28 octobre 2015, 19:16, par Bernard
Je possède pas mal de N°, mais il suffit que je ne possède pas celui qui parle d’un sujet précis pour passer à coté, j’ai fréquenté la place du sauvage, maintenant le lycée (ancien) Mistral, ou j’y ai fait une partie de mes études.