En 1647, sur la proposition de l’évêque de Nimes, Denis Cohon, les états de la province s’en étaient occupés, mais ce ne fut qu’en 1785 que les consuls, la nécessité de prendre une détermination. Le conseil, par délibération du 7 avril et du 2 mai, reconnaissant que les dépenses projetées étaient au-dessus des ressources de la communauté, sollicita l’appui des commissaires du diocèse auprès du Roi et des Etats, le 14 février 1786, les Etats, sur l’avis favorable de l’assemblée de l’assiette du diocèse, votèrent la somme de 150 000 livres ; le 24 février suivant, la ville s’engagea à payer pareille somme.
Enfin, le conseil d’état, par arrêt du 28 août 1786 ordonna l’exécution et indiqua les voies et moyen. Sa majesté ordonnait que le produit de la vente des matériaux provenant des démolitions servirait à l’indemnité à payer aux propriétaires des maisons ; que l’estimation en serait faite par l’architecte de la ville et, en cas de difficultés par des experts nommés par l’intendant, auquel elle attribuait la connaissance des contestations qui pourraient s’élever à ce sujet, à l’exclusion de ses cours et autres juges.
Pour couvrir les dépenses, les états étaient autorisés à emprunter 150 000 livres, payables en trois termes, le premier après l’adjudication des ouvrages, le second après la démolition des maisons, le dernier après l’exécution des autres travaux. Le Roi accordait une pareille somme de 150 000 livres et la ville devait parfaire le reste.
Le 26 mars 1786, l’ordre fut donné d’évacuer les maisons par lesquelles ont devait commencer la démolition. C’est le moment de se demander quelle était alors la physionomie de cette ville étrange et quel genre d’industrie en faisait vivre les 2000 habitants.

Un coup d’œil jeté sur le croquis, qui accompagne cette notice, donnera une idée générale de son aspect. Pour se rendre compte de l’emplacement des maisons qui, à l’intérieur, semblent chevaucher sur le podium, il ne faut pas oublier que celui-ci avait disparu sous les ruines, accumulées par tant de siècles, qui avaient exhaussé le sol de l’arène jusqu’à recouvrir les premiers gradins. Une rue ouverte sous les arcades traversait l’enceinte de l’est à l’ouest, un pâté de maison en occupait le centre, deux petites places et étroites impasses en permettaient l’accès, tandis que des escaliers anciens ou improvisés conduisait aux réduits bâtis sur les degrés supérieurs. Les arceaux du rez de chaussée, séparés par des cloisons les uns des autres et coupés généralement par un plafond formant étage, constituaient avec les passages voûtés conduisait aux galeries intérieures, autant d’habitations séparées que les propriétaires entretenaient plus ou moins ou laissaient dans l’abandon. Dans l’estimation qu’il en fut fait, la puissante ossature du colosse romain fut considérée comme la propriété des occupants qui reçurent 2500 francs en moyenne par arceau. D’après les archives de la ville et du département, c’était le dépôt des denrées et des récoltes des habitants aisés ; on y voyait des écuries, des moulins à huile, des cuves vinaires et surtout des caves établies sous les sous les voutes massives et très recherchées, « les seules de la ville où le vin se conserve pendant les grandes chaleurs »
De plus, comme la population qui grouillait dans l’enceinte devait être sans préjugé, on y avait logé le bourreau, qui devait trouver difficilement à s’installer ailleurs.

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