La tenue Baroncellienne du gardian

En s’inspirant de la tenue des gardians professionnels, Baroncelli crée une sorte de costume d’apparat, destiné à homogénéiser la tenue des cavaliers de la Nacioun Gardiano lors des diverses manifestations auxquelles ils participent.

  • «  La Nacioun Gardiano et le Marquis de Baroncelli surtout, ont codifié cette vêture traditionnelle, en l’adaptant aux nécessités de la vie gardiane  » (4)

Le marquis est influencé par ses goûts personnels, qui font de lui un homme coquet et préoccupé par l’apparence, car selon lui, le vêtement constitue l’élément le plus symbolique de la gardianité.

  • «  Le chapeau de Lunel, cabossé de deux coups de poing par-devant et légèrement aplati par derrière, est devenu classique ; le chemise s’est portée bouffante à la taille, et de préférence ornée de motifs de couleur vive ; la « taiolo » est devenu simple foulard chamarré, à la mode saintine, qui se noue sur les reins ; la veste de velours, bordée d’une ganse, a pris une coupe plus moderne et sa doublure intérieure est devenue rouge ; la cravate, portée parfois dans les fêtes, remplacée par le foulard imprimé ; le pantalon de peau, épais et solide, s’est orné d’un passepoil ; très ajusté à la taille et sur le ventre, il a formé aux cuisses le pond qui le rend cavalier, s’est resserré aux genoux, afin de ne pas remonter dans le mouvement de galop, tandis qu’il s’élargissait sur le pied, à la mexicaine. » (5)

Baroncelli crée la coupe gardiane, qui prend véritablement sa forme définitive dans le courant des années 20. Certains éléments sont plus novateurs que d’autres, l’élément le plus remarqué dans l’élaboration de la tenue gardiane Baroncellienne réside principalement dans l’apparition de la veste de velours noire et du pantalon en peau de taupe :

  • «  La tenue devenue traditionnelle des cavaliers de bouvino tient à l’adoption de la veste de velours noir doublée de soie rouge et le pantalon serré aux genoux en « peau de taupe » ou en « peau de diable » passepoilé de noir, veste arrivée, semble-t-il, sur le dos d’Yvan Pranishnikoff. Cet ingénieur russe et artiste peintre… termina sa vie aux Saintes. C’est là qu’il montra à Baroncelli la veste d’uniforme qu’il portait au Collège impérial russe pendant sa jeunesse. Baroncelli adopta aussitôt ce vêtement qui devint la veste traditionnelle des gardians ». (6)
    La tenue Baroncellienne du gardian comporte un certain nombre de règles d’ordre esthétique : le gilet est catégoriquement banni.
  • «  Les partisans d’une manade, d’une « marque à feu » de taureaux se reconnaissent d’ailleurs entre eux à divers détails du costume…ceux du marquis ne portent jamais de gilet, car cette pièce vestimentaire est interdite par l’étiquette de la Nacioun Gardiano », mais ils se parent volontiers de chemises rouges ou à pois, à ramages, et enfin, ces derniers temps, à grands carreaux ». (7)
  • "La raison de cette interdiction est d’ordre moral : au cours des abrivado auxquelles les cavaliers de la Nacioun Gardiano participent et qui se déroulent en été, c’est-à-dire en pleine chaleur méridionale, ceux-ci doivent donner le meilleur d’eux-mêmes, de leur capacité à encadrer les taureaux tout en bravant mille obstacles déposés sur leur passage par les sectateurs en délire. On attend des gardians qu’ils « mouillent la chemise  » (8) ou plus simplement, qu’ils transpirent, ceci afin de prouver leur dévouement au public et à la cause de la bouvine.

Le trident symbolise à la perfection le personnage du gardian.

  • « Le trident est l’outil par excellence du gardian depuis plusieurs siècles. Il a peu évolué et constitue au bout d’un manche de quelques 2.5 mètres un compromis entre une arme de défense et un indicateur de direction » (9)

Plusieurs poèmes provençaux sont dédiés au trident, « Lou ferre », de Joseph d’Arbaud à Bernard de Montaud-Manse. Le trident accompagne toujours les cavaliers de la Nacioun Gardiano au cours des défilés et fêtes traditionnelles. Il constitue le plus grand symbole de la bouvine et de la gardianité. Le trident est le meilleur emblème de la Camargue gardiane, le reflet de la supériorité du sentiment régionaliste partagé par les membres de la Nacioun Gardiano ; en témoigne la prise de position de Baroncelli lors de la visite du président de la République Raymond Poincaré en 1913 à Arles :

  • «  Es bèn entendu, coundicioun espressamen pausado au maire d’Arle, que metren li coulour prouvènçalo en dessus di coulour franchimando à nòsti fèrri » (10)