Roger Douleau est né le 22 juillet 1925 à Arles ; il est le plus jeune des trois, il commence à raseter les emboulés.
Sa personnalité ne tarde pas à se manifester.
C’est un gagneur que rien ne rebutera. C’est le type même du travailleur infatigable, acharné qui veut la victoire à n’importe quel prix, ce qui lui a valu bien des déboires.

Dès 1948 pour ses débuts en blanc, il reçoit un coup de corne dans le bras par Topinambour de Nou.
C’est malgré tout le début d’une grande carrière qui va durer une quinzaine d’années, carrière jalonnée de triomphes et de blessures, mais bien représentative de cette grande époque de la course libre.

Beaucoup ont eu le souvenir de sa très grave blessure pour la Cocarde d’or 1953 par le taureau Aspirant de Nou de la Houplière.
Roger convoitait cette victoire en tant que raseteur, mais surtout en tant qu’Arlésien.

Il avait la victoire en main car en tête de cette compétition.
Aspirant sur une grande action criminelle à la barrière vint le prendre au saut, très haut dans le couloir, cette action a fait la réputation de ce cocardier. L’artère fémorale avait été mise à nu, tirée par la corne ; mais après quelques soins il revint en piste affaibli certes mais encore plus acharné.

Il se marie en 1951.
Il ne pouvait faire autrement que de rencontrer celle qui allait devenir son épouse sur les étagères de arènes d’Arles. Ils eurent un fils qui ne fut jamais raseteur, pour avoir assisté très jeune à une grave blessure de son papa dans les arènes de Vallabrègues.

1954 Roger est à l’apogée.
Ce fut sa grande année, Cocarde d’or, Palme d’or, Trophée du Provençal.
On ne pouvait pas faire mieux à l’époque, les trophées n’étaient pas légion comme de nos jours.

Cette cocarde d’or il devait encore la gagner en 1959 a égalité avec un autre très grand raseteur Falomir.
1960 il gagne la Marguerite d’or et le Giraud à Mouriès.

Il gagna la palme en ne faisant que deux courses les jeudis et lundi sur les quatre possibles.

Il n’avait pas un raset aussi classique que son frère André.
Il partait à quelques mètres, allait dans la tête, et parfois sans sauter refaisait un autre raset.
C’était la fougue, la générosité, le mépris du danger qu’il allait payer très cher du début à la fin de sa carrière.

Outre Aspirant il a été blessé par Majouraou de Laurent à Vallabrègues, par Gendarme d’Arc en Ciel à Salin, par Madur de Raynaud à St Privat et à Fourques par Listoun de Tardieu à St Rémy coincé contre le mur avec 2 vertèbres fracturées, cinquante cinq jours dans un corset, Desbrouta de Laurent le blessa aussi.

Ne comptons pas le nombre de fois ou il s’est fait déshabiller entre autres par deux fois mémorables, par Bicyclette de Thibaud et par Moulinois de Pouly.
Il sortit de l’aventure marqué sur tout le corps, pantalon et chemise en lambeaux à chaque fois. Ce n’était pour lui que péripéties. Des souvenirs, il pouvait en raconter pendant des jours, jusqu’au bout de sa vie il n’a été que passion.

Roger Douleau déshabillé par Cerf de Bilhau

Vidourle de Laurent un jour mangea sa serviette en piste, du jamais vu, son frère ayant chuté en pleine piste à Arles, il vint le récupérer et réussit a se sauver, malgré une poursuite et une arrivée des plus mouvementées et spectaculaires à la barrière.

Il aimait par-dessus tout raseter Cosaque de Lafont et lors d’une finale du Trophée du Provençal, enlevé par son frère André, il lui pris une ficelle a 80.000 fr ; Gandar le rendait prudent, il lui enleva sa cocarde à 32.000 fr, mais à sa prochaine course à Lunel il ne lui toucha même pas la tête.
Pour Vovo ça a été pire il en avait peur, et il le reconnaissait bien volontiers.

Il eut pour tourneur son frère aîné Alfred, puis Paulet et Maurice Bonnet.
Falomir, Volle et Soler sont ceux qu’il a le plus apprécié.

Roger s’est retiré des pistes en 1963 mais il est resté ce qu’il était, un homme de tempérament. Son enthousiaste est resté égal jusqu’à son dernier souffle.

La carrière des deux frères fut parallèle de 1945 à 1960 pour André et de 1948 à 1963 pour Roger, ils partageaient tout sauf en piste où là, la compétition était de mise.

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