Les habitants de l’Isle (3/3)
Extrait du manuscrit de Mr Poule, ingénieur des Ponts et chaussées de la ville d’Arles, édité ou re-édité par R. Baranger
je possède le N° 74
40/ Inégalité apparente dans leur caractère.
Ces même hommes, qui fêtent, avec tant de bienveillance, les hôtes qui vont les visiter aux champs semblent devenir beaucoup moins prévenants, en entrant dans la ville.
Leur amour propre souffrirait sans doute, de recevoir des convives dans des maisons mal montées ? Qui ne leur servent, en quelque façon, que de pied à terre.
On ne peut pas attribuer à d’autres motifs le changement qui opère en eux lorsqu’on les voit, hors de leurs logis, reprendre leur aménité habituelles et vous engager avec instance, d’entrer, où ils s’établissent la grande partie du jour : dans les cafés .
41/ Causes de corruption.
Les fermiers de la Camargue, heureux par leur genre de vie, le seraient davantage encore s’ils ne respiraient jamais qu’autour de leur mas.
Mais Arles étant le lieu de la réunion des travailleurs à gage, ils s’y transportent, les jours de fête et dimanches, pour louer les bras dont ils ont besoin, ils s’y pourvoient la plupart, pour le ménage, de domestiques complaisantes et laissent, presque dans le veuvage, leurs femmes à la ville.
Or la corruption règne, dans diverses classes de la société et conduit tôt ou tard les plus jeunes à un amour déréglé des plaisirs.
Du reste, ces travers, que le climat favorise et que l’exemple développe, trouvant une grande facilité à se satisfaire, ne deviennent pas, comme il arrive ailleurs, la source de vols et de crimes.
On observe, au contraire, qu’ils sont fort rares de la part d’habitants isolés de la Camargue
42/ Les habitants de Notre Dame de la Mer sont misérables
S’il s’y commet quelques vols, il est le fruit du besoin et de l’extrême misère, où sont plongés les habitants de Notre Dame de la Mer
43/ Ils prétendent occuper un lieu saint, Fête des Trois Maries
Ce bourg, relégué sur les bord de la Méditerranée dans le coin le plus aride et le plus marécageux de l’isle, prétend occuper la place où débarquèrent Marie Jacobé, Marie Salomé, Marie Sara leur servante.
C’est en leur honneur qu’ils les célèbrent, tous les ans, avec pompe , le 25e jour du mois de mai. Les bonnes gens du pays et des environs qui ont pour les trois saintes, une confiance sans bornes, accourent les implorer pour la guérison de leurs maux .
Des ex-voto tapissent l’intérieur de la chapelle qu’on leur a consacré, au premier étage de l’église paroissiale. C’est de cette chapelle, où reposent leurs reliques, qu’on fait descendre lentement dans le temple, à l’aide d’une machine, la cage de verre qui les renferma.
A la vuet de cette cage, les malades trépignent de joie, se pressent et tendent leur bras suppliants.
Une pierre à demi rongée ailleurs d’autres hommages, elle fût, au milieu du parement intérieur de l’église dont elle fait partie, incrustée à hauteur d’appui, par les patronnes du lieu . On s’approche en foule de cette pierre sacrée, que l’on assure préserver des fièvres ceux qui la rayent de leurs ongles.
44/ Mélange de religion et d’impiété dans cette fête, autres excès parmi le peuple des Saintes Maries.
Cependant, tandis qu’au sein de la nuit qui précède la fête, l’église retentit du champ d’hymnes pieux, des couples sacrilèges la souillent souvent, à la faveur des ténèbres.
Tel est l’habitant des Saintes Maries.
Rien n’est saint ni sacré pour lui. Comme homme civilisé, il n’a que les vices de l’état social. Comme homme de la nature, toute vertu lui est étrangère.
C’est un être essentiellement immoral, un vrai sauvage, qui souffre impatiemment de toute domination et dont la liberté farouche ne rêve que le pillage et ne respire que de la rapine.
Messages
1. Les habitants de l’Isle (3/3), 17 décembre 2017, 13:24, par Liberté
Voila une belle enquête de Bernard sur les Saintes Maries de la Mer et sa population camarguaise d’après M. POULE ingénieur des ponts et chaussées de la ville d’Arles vers 1835.
La conclusion est un véritable réquisitoire dressé à l’encontre des habitants des Saintes.
Je gage qu’ils pourraient en être fâchés à la lecture de ce qui précède, tant les affirmations sur leur caractère indépendant sont blessantes.
Je vous conseille en revanche de lire expressément le livre de Louis BOREL (ingénieur hydraulicien, membre de l’Académie d’Arles, auteur de la mise sur pied du parc régional de Camargue....) "histoire des Saintes Maries de la Mer.
Histoire passionnante s’il en est qui s’appuie sur des faits réels, authentiques, historiques et qui laissent aussi une place à la rêverie que ce pays nous inspire.
Liberté.
1. Les habitants de l’Isle (3/3), 18 décembre 2017, 17:16, par Bernard
"Belle enquête de ma part" !!!
vous y allez un peut fort, je ne retransmets que le travail de cet ingénieur.
Comme j’ai trouvé fort intéressant son travail, je fais en sorte que le plus grand nombre en profite.
— Un regret que personne n’ai repris ça 100/150 ans plus tard pour voir l’évolution comparative, mais !!!