Lengo Nostro
Traduction
Dintre tóuti li flour que lou mes de mai espandi sus la terro, soun de tout segur li rouvello (o rousello) que tiron lou mai lis iue dis enfant.

Sa Bello coulour roujo fai pensa à la cresto di gau e se coumpren eisa que i’ agon douna, entre proun d’àutri noum, aquéu de cacaraca que retrais lou cant déu segnour dóu galinié.

Aquelo flour se noumo tambèn poulo-gau vo gau-galino en estènt que, dins un amusamen de la ninèio, avans de n’en creba lou boutoun, se dono à devina se sara un gau vo uno galino que l’on val trouba. Sara un gau se li fuioun soun rouge e sara uno galino se soun blanc o tiron sus lou rose, lou vioulet vo lou blu.

D’aquéli boutoun di cacaraca, lis enfant s’agradon, dòu mens de moun jouine tèms s’agradavon, de n’en faire de capelan e de clerjoun, en li fendènt d’un cop d’ounglo, pèr n’en sourti li fuioun que n’en retipavon, la raubo, roujo vo blanco, souto la chasublo verdo di sepalo.

S’óublidavo pas de planta, sus lou bout que s’èro garda dóu pecout, la bouiteto di grano pèr n’en faire la tèsto couifado de sa barreto.

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S’amusavian tambèn, dins aquéli tèms viscu à l’ouro dóu soulèu, de faire peta li bèu fuioun rouge di cacaraca, sus noste poung em un bacèu baia de l’autro man.

Aquélis amusaio nous fasien trouba lou tèms mens long quouro nous mandavon culi de planto de rouvello que se fasien manja i galino. Se disié qu’acò ié fasié faire de gros iòu.

Bessai qu’aquéu crèire venié just de la semblanço de si flour emé la cresto di galino que venié d’un bèu rouge quand venié la sesoun de faire lis ièu. N’en fau souvènt pas mai pèr baia vido à de cresènço. A mens que, coume acò se vèi souvènt tambèn, aquelo semblanço fugue estado remarcado coume estènt " lou signe " aguènt de faire counèisse e reteni aquelo vertu.

Campavian e fasian seca li flour di rouvello pèr n’en faire, l’ivèr, d’enfusioun qu’apasimavon lou tussi. D’ùnis oustau se n’en servien pèr li mau d’ iue e se levavon lou mau-de-dènt en trissant, pèr acò, si grano. D’aqui d’àutri noum baia à la planto, coume mau-d’iue, esparpai, parpèu (pèr li parpello), flour-de-maisso...

Souvènt, coume acò, li noum soun aqui pèr que pousquen garda memòri di vertu que lis erbo podon agué.

Parmi toutes les fleurs que le mois de mai fait épanouir dans les champs, ce sont certainement les coquelicots qui attirent le plus l’attention des enfants. Leur belle couleur rouge fait penser à la crête des coqs et l’on comprend aisément qu’on leur ait donné ce nom de coquelicot qui rappelle le chant du seigneur du poulailler.
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Le coquelicot est aussi nommé en provençal, poule-coq ou coq-poule, du fait que dans un jeu enfantin, avant d’en crever le bouton, on cherche à deviner si l’on va trouver un coq ou une poule.

Ce sera un coq si les pétales sont rouges, une poule au contraire, s’ils sont blancs, roses, violets ou bleus.
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De ces boutons du coquelicot, les enfants se plaisent, du moins se plaisaient en mon jeune temps, à faire des curés et des enfants de chœur, en les crevant de l’ongle pour en sortir les pétales qui représentaient leurs robes, rouges ou blanches, sous les chasubles verts des sépales.

On n’oubliait pas, pour parfaire la ressemblance, de piquer sur le fragment que l’on avait gardé du pédoncule, la capsule de graines, ayant ainsi la tête coiffée de sa barrette.
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Nous nous amusions aussi, en ces années vécues à l’heure du soleil, à faire claquer sur notre poing, les beaux pétales des coquelicots.

Ces petits jeux nous faisaient trouver le temps moins long quand on nous envoyait cueillir les plantes de ces coquelicots que l’on donnait en pâture aux poules.

On disait que cela leur faisait pondre de gros œufs.

Cette croyance venait peut-être tout simplement de la ressemblance des fleurs avec la crête des poules qui devenait très rouges lorsque la saison de pondre approchait. Souvent, il n’en faut pas davantage pour asseoir une conviction. A moins que, comme cela se voit souvent aussi, on ait voulu souligner cette similitude comme étant " le signe " devant faire connaître et rappeler cette vertu.

Nous cueillons et faisions sécher les fleurs des coquelicots pour avoir, en hiver, une bonne tisane contre la toux. Certaines familles les utilisaient pour soigner les maux d’yeux et savaient guérir les maux de dents avec les graines pilées de ces fleurs. De ces usages, d’autres noms sont donnés aux coquelicots, tels mal-d’yeux, " parpèu " (paupière), fleur de mâchoire...
Souvent, ainsi, les noms sont là pour nous aider à garder en mémoire les vertus que les herbes peuvent avoir.