Rouvillain est donc maintenant à la tête d’une manade qui promet. Peu d’aficionados connaissent encore ce bétail, qui n’a presque jamais courru encore, tout au plus trois ou quatres courses, par an, pas d’avantage. Mais comme nous avons vu hier à Nimes, quatres taureaux intéressants sur six, nous espérons que, désormais, les courses de cet élevage seront un peu moins rares.

Le bétail était parfaitement présenté, nous ne savons pas si les taureaux qui composaient la course ont été soignés particulièrement, mais tous étaient bien en chair et en pleine forme .

Le premier de la course le « Juan » que nous conaissions déjà, fut mauvais ; on peut sans regrets, l’envoyer aux abattoirs de Marseille, ce ne sera pas une perte sensible.

Le « Frisé », lui aussi fut quelconque, mou, ne répondant que faiblement aux raseteurs, il mérite tout juste la note de passable.

Avec « Mauguiolen », la course s’anima et devint intéressante, se défendant bien de la nuée de raseteurs, il fit plaisir au public parce qu’il répondit à tous les rasets et ne se laissa pas effrayer un seul moment.

Le « Japonnais » fit une excellente course, une course de cocardier de race, chose très rare chez un croisé !
Ce cocardier qui ne court guère et n’a pas la ruse des vieux habitués des plans, fit quelques très jolis coups à la barricade, passant même complètement les planches de toute la tête à plusieurs reprises.

Le cinquième fut bon, lui aussi, et se défendit jusqu’à la dernière minute.

Le sixème, quelle ne fut pas notre joie quand il sortit, un taureau neuf, absolument, nous l’afirmons, de retrouver chez ce petit quatrain, gros comme une boule, l’armure, les pattes, la tête et le garrot d’un véritable camarguais. Deux petites cornes noires plantées bien droit, sans cette inflexion en avant caractéristique des croisés !

Voilà enfin la surprise que nous attendions depuis le début : un taureau neuf !
C’est bien rare que les Nimois aient un pareil régal, et je me demande même s’ils se sont bien rendu compte de la course que fit ce jeune taureau. Effrayé par les raseteurs très nombreux, il parut se demander tout d’abord quel homme il devait poursuivre, mais, à la cinquième minute, il se ressaisit et racompagna même deux ou trois razeteurs jusqu’aux planches, ce jeune taureau nous fit plaisir et nous le répétons à nouveau, c’est toujours un véritable régal de voir une course de taureaux neufs, non pas que l’on puisse juger un quatrain sur sa première course, mais parce qu’il est toujours très intéressant d’observer un cocardier qui affronte la piste pour la première fois.