Actuellement, si les manadiers ont des problèmes pour rentabiliser leur élevage, c’est d’une part à cause de la hausse des prix de location du fourrage, du matériel, d’une manière générale à cause de leurs dépenses qui augmentent plus vite que leurs recettes, phénomène classique dans le monde agricole méditerranéen, plus accentué en ce qui concerne le monde des manadiers, d’autre part à cause de la concurrence acharnée qu’ils se font entre eux pour subsister.

Individualistes et trop nombreux, ils ne réussissent pas à s’entendre pour imposer leurs conditions aux consommateurs de leurs productions. Un des moyens qui permettrait dans une certaine mesure de limiter les effets néfastes de cette concurrence serait de limiter le nombre de manades.
Cette limitation qui ne peut en aucun cas s’appuyer sur des mesures administratives coercitives dépend du bon vouloir des manadiers, de l’esprit de solidarité qu’ils peuvent instaurer entre eux.

Cet esprit de solidarité consiste à mettre au point des mesures qui permettraient de limiter le nombre de manades à ce qu’il est aujourd’hui ?
Chaque manadier accepterait et respecterait de lui-même ces mesures qui pourraient être :
1/ Tout manadier qui désire vendre des bâtes, doit les vendre aux abattoirs , aux landais, à des confrères, mais, jamais à des personnes qui souhaitent monter une nouvelle manade, ce qui est très fréquent

  • 2/ Tout manadier qui souhaite vendre sa manade doit la vendre à ses confrères, aux abattoirs, mais jamais à plusieurs personnes qui souhaitent monter de nouvelles manades ce qui est fréquemment le cas actuellement.
  • 3/ En fait, tout manadier qui souhaite vendre sa manade doit vendre le fer de cette manade. Seule la marque, le fer , devrait avoir aux yeux des manadiers une valeur réelle.

Ce n’est qu’en vendant les fers des manades et non les bêtes, en donnant une valeur aux fers, que les manadiers réussiront à limiter le nombre de manades à ce qu’il est aujourd’hui, et donc par là même le nombre de concurrents.

Nous sommes conscients que ces mesures draconiennes qui devraient être aussi bien acceptées par les manadiers que par les clubs taurins sont difficilement applicables.

Toutefois, hormis ces mesures, nous ne voyons pas comment les manadiers réussiront à limiter les effets néfastes de la concurrence qu’ils se font entre eux, à rentabiliser un peu mieux leur manade.
Par ailleurs, nous ne voyons pas non plus comment sans ces mesures, l’organisme foncier agricole pourrait fonctionner, apporter une aide réelle à toutes les manades du delta et non pas simplement à quelques manadiers privilégiés.

Si la collectivité se doit de faire un effort en faveur des manadiers, notamment de résoudre les problèmes qu’il leur est impossible de régler seuls, comme par exemple la régression des pâturages, en contre partie les manadiers se doivent de faire un effort pour régler leurs propres problèmes ; d’éviter de devenir de perpétuels assistés.