La cigale, célébrée par les poètes de la Grèce antique qui la glissaient dans leur chevelure, est choisie comme l’un des emblèmes de ceux qui œuvrent au renouveau de la langue d’oc : les félibres*.

Frédéric Mistral lui-même orne son écusson personnel d’une cigale d’or sur un champ d’azur chantant sous le soleil, associée à sa devise :
Lou soulèu me fai canta (Le soleil me fait chanter).

Grâce à la production des faïenciers provençaux, la cigale va devenir un véritable symbole de la région, au même titre que l’Arlésienne en costume.

Le Félibrige se réfère couramment à l’Antiquité grecque, avec laquelle elle partage l’amour des arts et de la littérature et dont il a repris l’un des symboles, la cigale qui, comme nous l’avons vu plus haut, figure sur l’ex-libris de Mistral.

Cigalia mistralica gloriosa 1913.
Coll. Palais du Roure, Avignon.

L’insecte est, avec l’étoile à sept branches et la pervenche, l’un des insignes des Félibres.

Il aurait pu le demeurer si les faïenciers provençaux ne l’avaient pas fait sortir du cercle relativement fermé des défenseurs des traditions du Sud de la France, tout en l’associant plus précisément à la zone provençale.

Il y a un peu plus de cent ans, en 1895, la puissante Société Générale des Tuileries de Marseille commande à Louis Sicard, faïencier à Aubagne (1871-1946), la création d’un cadeau d’entreprise évoquant la Provence. Louis Sicard modèle alors un presse-papier original, une cigale de 11 cm posée sur une branche d’olivier et accompagnée de la devise mistralienne " Lou soulèu me fai canta ", que les Tuileries de Marseille expédient à leurs clients dans le monde entier.

Remarque :
En provençal, la cigalo c’est aussi l’ivresse.
Aganta (attraper) la cigalo ou s’encigala, c’est s’enivrer.