Guide de la Camargue et du pays d’Arles
Texte extrait d’un ouvrage intitulé « Guide de la Camargue et du pays d’Arles » mais non signé

Guide de la Camargue et du pays d’Arles
La Camargue est une terre sacrée et l’on y pénètre comme un fidèle pénètre dans le sanctuaire, les croyants n’ont pas pas besoin d’explications pour comprendre cela.
Ceux qui ne croient à rien, eux, doivent faire un effort et considérer que le merveilleux est là, que le mystère va les posséder. Ils doivent secouer leur conscience et tendre l’oreille pour l’écouter et se plier à ses exigences. Une terre sacrée s’aborde avec précautions, mais simplement mise en condition pour pénétrer l’ âmarécautions et c’est en se faisant léger, léger et respectueux qu’on la foule, imprégné de la grandeur, ô combien grande et effacée, mais toujours perceptible, qui enrobe tout ce qui est beau, noble et pur.
La Camargue est une terre sacrée qui n’admet pas mes touristes effrontés qui peuvent, sans doute, s’égayer sur le parvis, mais ne franchiront jamais le seuil du Pronaos. Cette ferveur est réservée au visiteur, à l’invité, à l’ami et bien sûr au fidèle qui lui, d’ailleurs, pourra être admis jusqu’à la coella.
Oui, seuls sont admis les visiteurs respectueux et pleins de précautions qui savent voir et sentir avec leur cœur, qui savent parler à voix basse pour ne pas troubler la sérénité du temple.
Contraintes, religieuses, pensera peut être l’étranger. Et bien ! non, rien de tout cela, mais simplement mise en condition pour pénétrer l’âme en y mettant ce prix. Il n’en est aucune qui s’affiche et celle de la Camargue moins que d’autres.
La Camargue, enserrée dans son fleuve est quasiment horizontale ; puisqu’elle culmine à Albaron à une altitude de 4,5 m, son point le plus bas est au fond du Vaccarès, à 1,5m au dessous de la mer
Elle est marécageuse et parsemée d’étangs, dont le plus vaste est le Vaccarès, mais parmi bien d’autres dont : la Souteyrane, Malagroy, le grand Radeau, l’Impérial, et en petite Camargue, le Scamandre, le Charnier et celui de Mauguio.
Le delta du Rhône a fait le pays. Le fleuve l’a parcouru en tous sens, y déposant, ici des cailloux, là des alluvions, récupérés dans son cours supérieur ou par ses affluents, dont le plus travailleur fut la Durance.
Le grand Rhône actuellement, par son apport, fait gagner la terre sur la mer à son embouchure. Cette avance serait de près de 60m par an, mais les courants ainsi créés rabotent la côte des Saintes Maries de la Mer, celle-ci était à 2km de la mer, il n’y a pas si longtemps ( il a été estimé que le recul était d’environ 600 mètres au cours des 150 dernières années)
il y a 2000 milles ans, un bras du Rhône longeait les Costières c’était la branche Espagnole qui se jetait dans la partie aujourd’hui comblée, de l’étang de Mauguio.
Le Rhône était comme son homologue de la terre africaine, le nourricier du pays par ses débordements. Les digues maîtrisent le fleuve et l’obligent à continuer son cours, interdisant tout apport d’alluvions, ce qui a pour conséquence d’empêcher l’exhaussement de la Camargue que l’eau envahit de plus en plus.
Le sous-sol camarguais est rocailleux et très salé.
Et par capillarité, le sel monte à la surface où on peut le voir durant la sécheresse estivale, étalé en croûtes blanches dans les sansouires.
Le sol était dessalé par les crues du Rhône.
L’eau en se retirant entrainait le sel, partie à la mer par les roubines, partie dans le sous-sol, les paysans dessalaient la terre en amenant l’eau dans le Rhône par les roubines. C’est cela, qui, jadis a donné naissance à la culture du riz, utilisé pour la nourriture des animaux. La culture du riz pour la consomation a débuté durant la guerre, afin de pallier le manque d’aliments. Le riz paddy était décortiqué avec des moyens rudimentaires. Cette culture s’est étendue et a été grandement améliorée, à tel point que la production permet de combler les besoins de l’hexagone.
Notre région est à un carrefour important de routes d’Est à l’Ouest, c’est à dire de l’Italie à l’Espagne et du nord au sud pour, et même actuellement, n’est-ce pas le fameux axe FOS-ROTTERDAM ?
Le sous sol Camarguais est caillouteux comme l’est la Crau et de la même origine ; c’est-à-dire qu’il provient des déjections de la Durance, ce socle se situe à une quarantaine de mètres sous la surface.
Au Moyen-age, le grand Rhône atteignait la mer par le bras de fer, à huit kilomètres est à pointe de Beauduc, il abandonne ce bras en 1711.
La roubine de la Triquette, du coté d’Albaron est un ancien lit du Rhône, entre les marais de la Grand Mar et de Rousty. Le bras de St Ferréol, lui, se situe entre la Grand Mar et le Vaccarès.
Au 12eme siècle, les premières digues sont construites entre Arles et Albaron, Le Vaccarès est l’étangs le plus étendu au sud des iles où radeaux qui le séparent d’autres étangs.