Cinq heures déjà et le soleil se met à l’abri du Pic Saint Loup.
Dans la grisaille crépusculaire, nous cherchons à situer FONTANES, petit et coquet village à deux pas de Sommières où demeure, depuis sa naissance Jacques ROUMAJON.

Renseignements pris, à l’entrée du village, nous voilà devant une grande bâtisse en pierre et nous pénétrons aussitôt dans la vaste cour pour atteindre, en haut de l’escalier, la porte principale.

L’accueil est chaleureux et Jacques nous reçoit avec sa gentillesse et son amabilité coutumières.
Dans une vaste salle à manger rangée avec goût, devant une magnifique cheminée provençale, la discussion s’engage à bâtons rompus. Nous voulons connaître davantage ce sympathique garçon. Tout jeune, il est vrai, dans ce métier dangereux, mais déjà fort connu et apprécié du monde de la bouvine.

Jacques ROUMAJON est né à NIMES, le 15 Décembre 1947.
Issu d’une grande famille d’exploitants agricoles, il est resté avec son frère Hugues, pour aider son père dans ce dur métier qu’est celui de la culture de la terre. Alors que ses trois autres frères, ont quitté la propriété pour d’autres horizons. Marié, depuis 1969, Jacques est papa d’une douce et charmante petite fille.

Il a fait ses débuts à Calvisson en 1967, mais hélas, ce jour-là, une vache de la manade LOUSTHAU-VEDEL, du nom de Grazillade, lui infligea une sérieuse blessure à la cuisse.

Toute la famille s’était liguée contre lui pour l’empêcher de faire ce métier.
Il a dû céder et pendant deux ans, il a quitté la piste. Mais l’attrait de l’Arène, le plaisir de raseter l’emportèrent. Sur les encouragements de Monsieur et Madame MARTIN, gérants de la cave coopérative de FONTANES, fervents aficionados, et de leur fils Jean-Marie, gardian amateur de la manade Jean Lafont, ROUMAJON reprit le chemin des arènes.
C’était en 1970 et cette saison fut pour lui assez irrégulière, car les travaux de la ferme, la culture du melon en particulier (très importante dans la région) ne lui permirent pas de s’évader comme il l’aurait voulu. Il devait se cacher pour rejoindre les pistes et il inventait n’importe quoi pour échapper à sa famille qui était de plus en plus réfractaire.

En 1970, ROUMAJON obtient quelques récompenses, il enlève le trophée des
commerçants à St-GEORGES D’ORQUES et la coupe des espoirs à Montfrin. Inutile de dire que cela l’encouragea à faire mieux et en 1973, il réussit à être classé au trophée de l’Avenir.

Nous demandons à M. ROUMAJON quelles sont les pistes qu’il préfère : « Je suis à mon aise, dit-il, dans toutes les pistes, même celle de Nîmes qui est pourtant réputée dure, un raseteur doit connaître et accepter tous les risques du métier, et ne doit pas avoir de préférences.
En ce qui concerne les taureaux, il en est évidemment, que je ne peux raseter, car je n’ai pas suffisamment de métier, toutefois, je vous dirai que pour la première fois cette année, j’ai raseté de grands cocardiers, ma surprise fut grande car bien souvent, ils sont beaucoup plus faciles que les taureaux jeunes
 ».

En guise de conclusion, ROUMAJON continue :
"Je suis heureux que votre mensuel mette un Trophée en compétition. Il me paraît digne d’un grand trophée et surtout très démocratique.
J’ai confiance et je crois avoir mes chances. Mon désir serait évidemment de devenir un grand raseteur comme certains.
Il ne s’agit pas de prétention, ni même d’argent, mais seulement de contribuer à maintenir notre bouvine à la hauteur qu’elle mérite
 ».