SALIN Marcel, gardian
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Nous allons parler d’un véritable homme de « bouvino » qui a été profondément marqué le 8 Juin 1973 par un accident (chute de son cheval alors qu’il triait une course chez P. Aubanel).
Après de nombreuses semaines d’hospitalisation dans une clinique Montpelliéraine, Marcel SALIN suit actuellement des traitements au Grau-du-Roi.
Il vient chaque semaine passer le « week-end » au milieu des siens et nous avons pu devant cette belle cheminée provençale de son domicile St-Gillois, évoquer sa vie de gardian amateur et professionnel.

Marcel MAILHAN, le président du Syndicat des Eleveurs de Taureaux de Camargue, dit souvent en parlant de la dangereuse vocation des Manadiers et Gardians « qu’aucun de ceux qui exercent ce difficile métier, ne passent pas 5 ans au milieu des taureaux sans avoir un accident plus ou moins grave ».
Marcel SALIN qui fréquente depuis son plus jeune âge, les milieux taurins, a eu son accident à l’âge de 50 ans.
Il suivait déjà son père Emilien SALIN qui fut de longues années gardian amateur chez ROBERT au Mas du Cambon, près de St-Gilles.
Dès l’âge de 6 ans, il fit ses débuts de cavalier dans les prés du Cambon. Sait-on que son premier cheval fut le célèbre FAISAN qui avait appartenu au père de ce grand gardian que fut René Chabaud ?
Il fut formé à la rude école des cavaliers par Londez (gendre de Robert) et René Jalabert qui s’occupait alors de la manade Nou de la Houplière au domaine de Saint-Césaire, près de Saliers.
En 1939 ,alors âgé de 15 ans), il devint « gardianou » chez Augustin Lescot, en Crau, où il gardait les juments et participait aux ferrades chez Angèle Lescot. C’est ainsi qu’en 1941, il vécut cette terrible journée qui vit les taureaux partis d’Entressen, traversant la ville d’Istres pour aller s’écraser dans un ravin où périrent 57 éléments de cette manade.
La guerre 1939-45, la déportation en Allemagne, interrompirent sa vocation de 1943 à 1945.
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Dès son retour, Marcel SALIN reprit la selle et soit chez THIBAUD, chez JALABERT ou AUBANEL on put le voir participer aux triages, abrivados ou ferrades.
Lorsque Denis THIBAUD trouva la mort sur une petite route gardoise au cours d’un accident de la circulation, Jean THIBAUD fit appel à lui pour venir s’occuper des taureaux de la devise « blanc, noir, rose ».
Il y resta de 1955 à 1961, date à laquelle, il dut venir suppléer son père dans l’exploitation familiale agricole. Pendant cette période Marcel SALIN eut le bonheur de voir LOPEZ. le célèbre cocardier de la manade saliéraine, gagner le « Biòu d’Or » et triompher dans toutes les grandes courses ou concours de manades.
Il assista aux débuts du fameux MANDUELLOIS.
Mais si les nécessités familiales le contraignirent à délaisser la profession, Marcel SALIN n’en demeura pas moins un gardian amateur très assidu et de 1961 à 1969 : on le vit aider Emile BILHAU, dans toutes les manifestations taurines auxquelles participaient les taureaux de la devise d’Espeyran.
Puis lorsque Pierrot AUBANEL créa sa manade du Mas de Barjac, il devint la cheville ouvrière de ce néo-élevage n’hésitant en plein froid d’hiver à aller à pied dans la neige donner à manger aux taureaux dans les prés de La Palunette.
Pas une ferrade, un bistournage, une abrivado, une tonte de crinières, une course de nuit, une course de jour, sans que Marcel SALIN n’y participe jusqu’à ce maudit 8 Juin 1973 au cours duquel la chute de son cheval provoqua l’accident qui le tient depuis immobilisé dans un fauteuil roulant.
La veille, il avait participé à l’abrivado de la Féria Nîmoise.
Il conserve pourtant un excellent moral.
Il est vrai que sa fille HUGUETTE, dont la chevelure dorée flotte dans toutes les abrivados (70 par an) et de nombreux amis l’assistent journellement.
Il n’a pas manqué une course de la fête de St-Gilles, non plus que la réception à l’Amicale des gardians, ni le déjeuner aux Arènes de St-Gilles.
Son ardente « Fé », son courage devant l’adversité, sa compétence en matière de taureaux et de chevaux, méritent bien ces quelques lignes.