Ce coup de corne est dangereux car il peut atteindre le bras du razeteur qui est alors, au milieu de l’arène, la proie du taureau.

Certains taureaux se « gardent », c’est-à-dire qu’ils retournent la tête au moment où ils voient l’homme ajuster le coup de crochet, ce qui a pour effet de protéger leurs attributs. On dit aussi qu’un taureau se garde quand il se réserve trop, c’est-à-dire lorsqu’il ne fait plus de « fusées » vers l’homme ou qu’il restreint ses actions au seul moment où un grand nombre de raseteurs l’obligeront à les entreprendre par leurs razets serrés, courts et sans cesse répétés.
On dit alors aussi qu’il est devenu trop « cocardier », ce qui est péjoratif, surtout quand il s’agit d’un jeune animal, ainsi que nous le verrons plus loin.

Considérons maintenant le moment le plus émouvant de la course libre : « le coup de barrière ». C’est un coup de tête vers le haut, parfois accompagné d’un mouvement analogue de l’encolure, par-dessus la barrière, à la poursuite de l’homme qui vient de se réfugier derrière elle. C’est l’apothéose de la défense du taureau pourchassant l’homme.

Cette défense est assez récente et elle est due à une sélection faite dans deux sens ; en effet, il paraît que les taureaux d’avant 1914 allaient peu aux « planches » et que le premier à effectuer le « coup de barrière » fut « Provence », un taureau du Marquis de Baroncelli. Cependant, le premier cocardier dangereux qui ait été consacré par cette réaction fut « Le Sanglier » de la manade Granon.

Le « coup de barrière » peut présenter une gradation que rapporte les « revisteros » taurins et qu’il importe de connaître pour une intelligence plus complète de leur comptes rendus dans les journaux spécialisés.

Il y a d’abord l’inverse du coup de barrière, le taureau qui n’accompagne pas aux planches, ce qui est en général péjoratif, mais n’empêche pas un animal généreux de faire une carrière de premier ou de second de course. Ensuite nous voyons le cocardier qui vient aux planches mais abandonne alors la poursuite sans insister ; puis celui, plus dangereux, qui passe la corne derrière l’homme, ce qui a pour effet de déchirer les vêtements des razeteurs ou de les blesser dans le couloir où ils se sont réfugiés. C’est une action déjà brillante qui relève beaucoup plus de la finesse et de l’intelligence que de la sombre brutalité.

Vient ensuite le taureau qui passe la tête, aidant souvent l’homme, alors comme assis dans le berceau des cornes, à passer la barrière ; puis celui qui, emporté par sa violence, s’engage jusqu’à mi-poitrail dans le couloir et soulève, par cette action, les ovations de la foule.

Il y a aussi le taureau qui saute résolument à la poursuite de l’homme mais dont la course perd alors de sa valeur au point de vue spectacle.
Ces principes étant posés, examinons maintenant comment se déroule la course dans ses règles actuelles.