Un taureau qui défend ses attributs avec fureur à besoin d’un long repos pour se remettre. D’autant plus que les raseteurs sont nombreux.
Je ne sais pas si les aficionados se rendent bien compte de la dépense musculaire qu’occasionne une course à un cocardier (1), razets à gauche, razets à droite, pirouette sur les pattes arrières , coups de reins, coup de tête, très souvent donné dans le vide, poursuites rapides, saut au-dessus de la barrière, détentes successives, bref, toute une série d’exercices qui ne se font pas naturellement et qui épuisent le bestiau.

Les lendemains de courses, les taureaux sont éreintés et restent toujours un certain temps affaiblis. J’ai vu bien souvent, dans les manades, les taureaux revenir des courses, on les devine las, « magnanies » et ils restent un certain temps avant de se joindre aux autres, pour mieux se ressaisir. (2)

Que des taureaux se sont noyés en traversant le Rhône au retour d’une course, alors qu’ils jouent avec le courant du fleuve en allant vers les arènes. Les taureaux se tuent pour défendre leurs rubans et il faut les avoir vu rentrer d’une course pour en être bien persuadés.

Le Hazard avait fait deux courses très brillantes à Rognonas et le lundi il avait dù se défendre contre une trentaine d’hommes. Qui sait si ça n’a pas été une erreur de le faire courir à Beaucaire quinze jours après l’effort de Rognonas !!!

Le « Prouvenço » de Baroncelli, courrait à Eyragues, quinze jours après une fameuse course à Saint Laurent.
Le grand cocardier ce jour là, ne fut pas lui même. Il revint à l’Amarée fourbu, flapi et quelques jours après , il fut attaqué par le Sangar qui le creva.
Le Sanglier fut attaqué au retour d’une course à Lunel où il avait été particulièrement brillant.
Lou Maïanen fut attaqué et tué au retour d’une course à Graveson.

Bien entendu les taureaux « mansos », (3) qui reviennent au toril sans souffler et sans suer une goutte, retournent à la manade aussi frais qu’ils en sont partis. Il ne peut être question que des taureaux qui se défendent et le Hazzard était de ceux là.
En tous les cas, voilà Robert privé d’un taureau excellent, de qui les aficionados attendaient beaucoup.
La course de Beaucaire fut bonne et sans cet accident fâcheux aurait contenté les 200 aficionados qui y assistaient.

Extrait du Toril juin 1927