3/ Branche de l’ouest : Branche abandonnée
L’ingénieur Poulle, dans son étude sur la Camargue, s’exprime ainsi, « Nous voyons que, dans le treizième siècle, la grande branche du Rhône, par une déviation dite « Brassière de la Cappe », coupait la Camargue en deux grandes parties. Cette Brassière, dont les vestiges sont connus sous le Rhône de Saint Ferréol, avait son origine à une demi-lieue en aval d’Arles, au trou de la Cappe. Elle passait près des mas de Bouchaud, de Beines, de la Capelanière ; longeait la grande roubine de Montlong, côtoyait le marais de la Grand-Mar, au sud, suivait les domaines de Notre-Dame-d’Amour, de Cabassole, de Mas Neuf, de l’Ange, d’Agon, de Méjanes, d’où l’on pense quelle se perdait dans le Valcarès » (11)
Mais, d’après la ligne non interrompue de marécages qu’on aperçoit à l’ouest, depuis la Grand Mar jusqu’aux Saintes Maries, et d’après les indices qu’on y découvre d’un ancien lit , qui, du nord-ouest du mas de Méjanes et de l’est du mas de Carrelet, passe, en suivant les bord orientaux du Vaccarès, à l’ouest des Frignans, touche Bardouine au nord, et fléchit ensuite vers le sud, on ne peut douter qu’un bras du Rhône, n’y ait jadis établi son cours. C’est vers 1440, d’après les annales d’Arles, que le Rhône de Saint Férréol, presque atterri, fut tout à fait abandonné. En 1543, on désignait son lit sous le nom de Brassière Vieille. Il circonscrivait, avec le Grand Rhône, l’étang de Valcarès et la portion de la Camargue, appelée « Camargue- Majour » (12)

Il résulte de ce qui précède que le Petit Rhône qui avait, dans le moyen âge et au commencement des temps modernes, deux bras instincts, n’en a plus qu’un seul et que la direction de ces eaux n’a cessé de se concentrer vers l’est.

Que le Grand Rhône a eu, au moyen âge, trois branches distinctes :
1/ l’ancien lit oriental des Fosses Mariennes, abandonnée en 1587.
2/ le grand Rhône principal, dont la direction et l’estuaire ont changé vers le milieu du moyen-âge, puis sous Henri IV, en 1587, enfin, en 1711.
3/ le bras occidental, divisant la Camargue en deux parties à peu près égales, et qui fut abandonnée en 1440.
Nous voyons donc que toutes les eaux s’ont rassemblées, à partir de 1587, en un seul bras ; que ce bras, qu’on a toute raison d’appeler le Grand Rhône, ayant brusquement changé sa direction en 1711, n’a cessé de prolonger, en pointe, vers le sud, la saillie des apports formés par ses eaux réunies.