CHAPITRE II
a/ régime actuel

« L’ile de la Camargue, comprise entre les deux bras du Rhône, présente les caractères communs à tous les deltas, une forme triangulaire, des terrains qui se relèvent près du fleuve et se dépriment au milieu, des lagunes et des dunes le long du rivage, des bouches en saillie » (13)
Cette plaine qui, dans la plus grande extension des bras du Rhône, a eu 72 milles hectares de superficie, et qui en compte 55 milles entre les deux bras actuels, (14) est entièrement formée des apports du Rhône. Elle serait sans cesse exposée à de nouvelles inondations du fleuve s’il ne régnait autour de la masse de terres cultivables une ceinture de 106 kilomètres de digues ou de chaussées.
Les apports du Rhône sont, dans cette partie de son cours, formés d’excellente terre qui rappelle le sol de la vallée du Nil. On y trouve de l’argile et du sable fluvial ; très peu de sable maritime et seulement sur la côte ; il s’en rencontre cependant encore, à une certaine profondeur, car la mer en jette sur le littoral par les gros vents et les couches alluviales se sont entendues sur un fond marin. La fertilité est donc, en raison de l’importance des dépôts du fleuve, et la stérilité, en raison de la prédominance des sables de la mer.
Il résulte dès lors de la formation du sol de la Camargue quelle a produit une pente dans le sens du courant du fleuve. Cette pente est de 4.5 mètres depuis Arles jusqu’au niveau de la basse mer.
La pente du fleuve actuel est seulement de 1.785 mètre depuis le niveau de l’étiage du Rhône sous le pont d’Arles, jusqu’au niveau de la mer aux embouchures du fleuve.
La vitesse moyenne du bas-Rhône est de 0.968 mètre-seconde. Le débit total du fleuve au dessus d’Arles, est de 3102 mètres cubes par seconde. Plus des 4/5 de cette quantité forment le bras principal qui lui absorbe exactement les 84/100 de l’ensemble des eaux.
Dans les plus hautes crues, le débit du grand Rhône à Arles est de 8400 mètres cubes par seconde et, dans les plus basses eaux, de 504 mètres cubes.
D’après les calculs consignés dans le mémoire de Monsieur l’ingénieur Surrel, le Rhône entier verse annuellement a la mer un volume d’eau de 54 milliards 236 millions de mètres cubes. Son débit moyen, par seconde, ou pour employer l’expression consacrée, son module, est de 1718 mètres cubes.
En tenant compte de la profondeur à laquelle on prend l’eau, de la quantité proportionnelle de limon contenu dans cette eau à chaque époque de l’année, pendant les grandes crues et pendant l’étiage, (15) les calculs de Mr Surrel, l’ont conduit à fixer le chiffre de la masse de limon annuel charrié par le Rhône à 21 millions de mètres cubes, ce qui donne 17 millions pour le bras principal et , d’Arles à la mer, ou Grand Rhône !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!