Si le Maître de Maillane l’a décrite, il ne l’a pas personnellement connue.
Le "gros souper" de la veille de Noël était ainsi appelé parce qu’il durait plus longtemps que d’ordinaire. C’était un repas "maigre" (sans viande) avec les produits locaux du terroir comme le céleri, la carde, les escargots... La morue - le poisson des pauvres à l’époque - ou le muge devaient eux être achetés.
Le repas s’achevait avec un nombre variable de desserts qui dépendait de ce que l’on possédait : lou gibassié (la fougasse ou pompe à l’huile d’olive), raisins secs, amandes, noix, noisettes, châtaignes, confitures, melon vert de Noël... On pouvait en compter deux, trois, quatre ou plus sans alors penser à évoquer le dernier repas du Christ.
Ce n’est que vers 1925 que des félibres marseillais arrêtèrent le nombre 13 que nous connaissons de nos jours, certainement plus pour des raisons commerciales que religieuses.
La liste de ces treize desserts n’est pas rigoureusement fixée. Elle varie suivant les villes et les spécialités locales.
Si la fougasse, le nougat blanc, le noir, les dattes, les quatre "mendiants" [1] (figues sèches, amandes, noix ou noisettes, raisin sec) restent ceux de base, pour la compléter on peut ajouter : confiture de coing (ou autre), oreillettes, oranges, mandarines, poires, pommes, prunes, melon, bûche pâtissière, citron ou autres fruits confits, calissons... pourvu que l’on respecte le nombre de 13 devenu désormais traditionnel.

[1dénommés ainsi en raison de leur couleur à l’image de celle des robes portées par les ordres dits mendiants : noisette pour les Augustins, figue pour les Franciscains, amande pour les Carmes et raisin sec pour les Dominicains