On dit "La critique est aisée, mais l’art est difficile", et l’art d’élever, ou de sortir, de bons cocardiers est très , très, difficile .
C’est d’ailleurs ce qui en fait la valeur.
C’était, car de nos jours on a un peu trop tendance à l’oublier, et à sacrer trop facilement et beaucoup trop vite COCARDIER le premier "boucas" venu de la manade.

Ce n’est pas parce qu’il à quatre pattes, une queue et deux cornes qu’un taureau doit faire un cocardier.
Malheureusement avec le nombre d’arènes toujours croissant, appelant à y faire toujours plus de courses, avec la multiplication des clubs taurins qui chacun voulant faire des courses pour justifier son statut de club taurin, et ses subventions, voit une consommation de plus en plus importante de taureaux.

Les manadiers se voient dans la contrainte de bien vouloir fournir des taureaux qui n’ont pas fait leurs preuves au risque, pour les spectateurs, d’assister à un bien mauvais spectacle. Pourtant parfois les hommes en blanc auraient voulu bien faire, mais la qualité des bêtes n’était pas au rendez-vous.

L’erreur était souvent au départ, dans les courses de taureaux jeunes, où ils avaient à faire à un trop grand nombre de raseteurs, ils subissaient une avalanche de rasets qui leur sapait le moral à tout jamais.
Quand on les envoyait dans la "fournaise d’une bourre", face à quinze ou vingt raseteurs, comment voulez-vous que cela fasse de bons cocardiers à défaut de grands taureaux ?

C’est ainsi que l’on voit certaines manades, jadis prospères, avoir un "trou", pour ne pas avoir laissé le temps à des taureaux de s’exprimer.
Ou bien des "néophytes" créant une manade, et jetant dans le bain des taureaux qui n’ont de valeur que pour l’abattoir.

On ne s’improvise pas manadier, et l’on ne fait pas une royale en triant les six premiers taureaux venus d’un troupeau.

C’est un métier très dur, qui demande beaucoup de patience, de travail, d’abnégation, car les sélections ne sont pas toujours très heureuses, sans parler des capacités pour dépister celui qui va maintenir la renommée de la devise, ou qui va la faire mieux connaître.
La course camarguaise a besoin, pour briller, pour se faire mieux connaître, pour continuer à attirer du monde sur les gradins, d’avoir de bons, ou même de très bons, cocardiers, pas des taureaux de " 14 juillet".

Je pense que d’avoir réduit le nombre de raseteurs en face de jeunes taureaux, d’avoir réduit le nombre de tours de ficelle est une très bonne chose.
Puisse-t-on un jour prendre encore plus la défense de notre raison d’être : LE TAUREAU.