""Ces trains étaient l’occasion de discuter, de festoyer ensemble pour de grands moments d’avant et d’après course, les quotidiens ne relatant pas celles-ci, c’était donc quelque chose d’important que de se retrouver, pour parler de celle que l’on avait vue et que d’autres auxquelles on n’avait pu assister.
Donc de grands moments d’échange de point de vues, de nouvelles et autres.

Si, jusqu’à la fin du siècle dernier, le trafic entre Arles et les Saintes d’une part, le Salin de Giraud de l’autre, se faisait essentiellement par la route et accessoirement par le Rhône , le grand ou le petit ; l’établissement du petit chemin de fer de la Camargue en 1892 fût une véritable révolution.

L’étroite ligne serpentait entre les terres cultivées (et les mas) les marais d’une façon capricieuse autant qu’inattendue et offrait aux regards des voyageurs les paysages les plus divers et les plus fascinants, les plus envoutants aussi. manades de chevaux, de taureaux, oiseaux de toutes sortes se rencontraient fréquemment.

Cette ligne qui fonctionnait surtout en été au moment des pèlerinages, en automne pour le riz et les vendanges, n’était pas restée figée ; elle avait été électrifiée en 1931 et de nouveaux wagons peints de couleurs vives, comme le sont aujourd’hui encore les gares que nous connaissons, transportaient touristes et marchandises.

D’un point à l’autre, au milieu de la plaine, se dressaient de petites gares, toutes pareilles, où tous les trains s’arrêtaient car il y avait en Camargue, ni express, ni rapides !
Faisant flotter son petit drapeau rouge, d’un coup de sifflet, le chef de gare donnait le signal du départ...Entre temps il s’occupait de jardinage, chasse, pêche, belle et naturelle vie que la sienne.

Le temps a passé. L’automobile est arrivée et est devenue la reine de la route. Le car a fait au train une concurrence impitoyable et celui-ci a été supprimé. C’est en 1953 que le dernier train des Saintes s’en est retourné à Arles. Celui de Salin , à cause ou grâce au sel, est resté en service jusqu’en 1958.

Et les gares une à une, se sont vidées du petit monde qui les habitait. Quelques unes ont été démolies, d’autres retapées, les rails
démontés, les wagons vendus, les poutres ont servi de bois de chauffage, de fabrications de bouaou.

Les temps de parcours, si les heures de départ étaient respectées, il n’en était pas de même pour les arrivées, tout cela était dépendant du nombre d’arrêts facultatifs, et de la quantité de marchandises a chercher et a décharger.

Hélas....""