THIERS Léon
Un article de Marcel FONTAINE publié en 1981.
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"Léon THIERS vient de mourir dans son Calvisson natal qu’il avait rejoint après sa captivité, sans avoir repris sa vie de gardian qu’il avait illustrée au service de la Manade Granon, avec dévouement et dans une atmosphère de sympathie que suscitait son caractère aimable, tout imprégné de bonté et de modestie." (...)


Gardian, il le fut dans le sens noble du mot qui s’adresse aux humbles qui —de son époque— étaient gardians comme on était berger, charretier dans un mas soit en homme de la terre.
Existence toute pastorale qui se déroulait calmement au rythme des saisons et de la vie du troupeau interrompue par de rares galopades dans les villages de chez-nous —quand il en était strictement nécessaire— car l’essentiel du métier, surtout au Cailar, durant la période des courses, c’était la garde de la manade "à bâton planté" qui ne nécessitait pas de prouesses équestres ni de chevauchées mais beaucoup de conscience et d’amour des bêtes doublés aussi d’intelligentes facultés d’observation.
Léon Thiers l’était dans le sens le plus noble du mot, bien différent de celui qu’on accorde aux "amateurs" qui illustrent tant de cartes postes — (photographiés autant que possible dans une flaque d’eau et trident en main, qui ne servit jamais qu’à cette belluaire attitude)— voués aux défilés, aux spectacles, vêtus de l’uniforme : veston de velours noir, pantalon de peau de taupe et chapeau aux larges bords évocateurs, hélas de celui avec lequel apparaît Basile dans le Barbier de Séville, et que la moindre galopade dissiperait dans les enganes.
C’était un apparat que Léon Thiers ignorait, partageant dans la sérénité et le silence de la nature, la calme vie pastorale de la manade.
Il faisait partie de cette cohorte des frères Granier, Galou, Paulin, Nourrit, fidèles et solides soutiens de la maison "Combet-Granon" assises de sa célèbre "Marque" servis par des montures expérimentées dont l’âge n’altérait les solides qualités comme l’affection qu’elle leur valait.
Accoutumé à cette garde des prés du Cailar, ils justifiaient le beau nom de "gardian" dans tout ce qu’il évoque de pastoral.
Sa mort évoque pour moi des souvenirs datant de 1938-1939 et qui caractérisent si bien cette vie gardianne dans ce cénacle de nos traditions taurines qu’est le Cailar, à l’atteinte desquelles tant de nos contemporains se sont opposés quand il a été envisagé, il y a peu de temps, d’y installer un stockage souterrain de gaz. [1]
Depuis ce temps-là, les prés du Cailar ont bien changé, les manades s’y amenuisent, la maison Granon ne vit que du souvenir des fidèles de la "Marque".
Léon Thiers a connu la captivité, de Montaut est mort d’une imprudence pour être allé revoir ses Hourtés malgré l’inclémence du temps, le cuirassé "Paris" vers lequel j’étais parti du Cailar a été lâchement coulé à Mers El Kebir par la marine anglaise en 1940 entraînant la mort de quelques marins de chez nous, et Léon Thiers est allé rejoindre au paradis des humbles tant de ceux qui furent comme lui, gardian au sens le plus noble du mot, ils n’ont pas connu la gloire des arènes, mais ces humbles perpétuent par leur attachement à la terre et au gardianage, à travers le temps fugitif, cette sentimentalité affective qui reste dans le cœur et l’esprit des générations, même quand elles ont oublié, et qui font la tradition.
[1] Le gaz naturel en 1990, recherches de gaz de schiste en 2014 NdR
Messages
1. Léon Thiers, 13 mai 2015, 09:47, par VOVO
" HONNEUR AU GARDIAN "
Dans le Camariguo, Léon Thiers répondait que le Belcita ne pouvait pas être le géniteur du Sanglier, du fait qu’il courait avant guerre.
Qu’en est-il ?
2. Léon Thiers, 13 mai 2015, 13:36, par Bernard
Sachant que Sanglier a fait carrière de 1920 à 1930, né en 1916 et mort en 1933, ce qui est cohérent,
Belcita est né en 1900, décédé en nov 1916. est-ce qu’en 1915 il pouvait encore être reproducteur !!!
Espérant que mes données soient justes, en remontant dans le temps c’est difficile, de plus il n’est absolument pas question de marquage avec N°, donc pas facile.
1. Léon Thiers, 14 mai 2015, 13:23, par Salva
Sur la carrière du Sanglié (graphie de Mr Granon), voir sur le lien ce site :
http://www.bouvine.info/Lou-Senglie-Le-Sanglier
A noter qu’âgé de trois ans, il courrait à Lunel....
Concernant Belcita, toujours sur ce site, vous pouvez consulter ce lien :
http://www.bouvine.info/Belcita-geniteur-presume-du-fameux
3. Léon Thiers, 13 mai 2015, 18:07, par VOVO
Merci pour ces infos
Effectivement désormais, la question est de savoir si à 15 ans Belcita pouvait être reproducteur parmi d’autres jeunots ?
1. Léon Thiers, 14 mai 2015, 23:25, par Salva
Charlie Chaplin a eu son dernier enfant, Christopher Chaplin le 8 juillet 1962 ; lui était né le 16 avril 1889. Il avait donc 73 ans... avec tout le respect que je lui vénère.
Un taureau... admettons qu’il puisse vivre 30 ans.
Belcita était au milieu (supposé) de la durée de son existence quand il a conçu Le Sanglié....
Est-ce plausible ?
4. Léon Thiers, 15 mai 2015, 06:42, par Bernard
Belcita est-il resté "entier" toute sa vie ?
5. Léon Thiers, 15 mai 2015, 08:03, par VOVO
Dans " De Lou Paré au Vovo " (Noël Danièle) page 94 : " sa fin de vie survenue dans le courant du mois de novembre 1916 " au sujet de Belcita. Dans ce même ouvrage, il serait né comme le siècle (1900), et aurait blessé Belcita en 1903.
Par ailleurs à Lunel, le 23 juillet 1911 le journaliste écrit : Belcita réapparaît après deux mois d’attente... « vaincu par un de ses congénères ».
Il y a fort à parier que Belcita était " entier " en 1911.