Synthèse du Congrès 2010
La Fédération Française de la Course Camarguaise a tenu son assemblée générale, ou plutôt son congrès dimanche 7 Mars à Saint-Gilles.
Initialement prévu à Pérols, les responsables fédéraux ont dû changer de site après l’effondrement d’une partie des tribunes des arènes de Pérols. Au pied levé, le Club Taurin Saint Gillois a offert d’accueillir les congressistes pour cette session 2010.
Une session qui commence avec le bilan moral de l’année écoulée. La FFCC est une fédération sportive forte de plus de 3000 adhérents.
En 2010, elle compte 3074 adhérents [1] répartis dans différents collèges.
Collège | Nb de licences | Evolution |
---|---|---|
CT Organisateurs | 1664 | +97 |
CT Non organisateurs | 38 | +1 |
Total CTs | 1702 | +98 |
Raseteurs | 107 | -2 |
Stagiaires | 35 | 0 |
Tourneurs | 42 | +1 |
Elèves Ecoles de raseteurs | 339 | +62 |
Encadrement Ecoles | 7 | -1 |
Manadiers | 146 | +1 |
Gardians salariés | 31 | -4 |
Gardians non salariés | 597 | -131 |
Adhérents directs | 58 | -1 |
Juges | 5 | 0 |
Le sport reste fortement masculin, avec 2676 licences homme pour seulement 398 licences femme.
L’augmentation de 37 licences cache en fait des disparités sur les évolutions des collèges. Ainsi, le collège de cavaliers a perdu 131 membres, alors que les collèges correspondants aux jeunes élèves et les clubs taurins se sont renforcés.
Géographiquement, on constate aussi une évolution dans la répartition des licences. Les Bouches du Rhône passent derrière l’Hérault, et perd 3 clubs taurins. Un quatrième club taurin disparait cette année, dans le Gard.
L’activité principale de la FFCC tourne autour de la course camarguaise. Ainsi, les licenciés ont pris part en 2009 à 816 courses camarguaises [2] organisées dans les quatre départements des deux régions d’influence Languedoc-Roussillon et Provence Alpes Cote d’Azur.
Ces courses s’expriment dans différentes catégories. Elles se répartissent en :
Catégorie | 13 | 30 | 34 | 84 | total | Nb de spectateurs |
---|---|---|---|---|---|---|
As Elite 1 | 33 | 45 | 42 | 1 | 121 | 112811 |
Avenir Elite 2 | 112 | 149 | 52 | 8 | 321 | 94948 |
Ligues | 45 | 105 | 46 | 0 | 196 | 44319 |
Taureaux Jeunes, Neufs, Etalons | 34 | 81 | 36 | 1 | 152 | 46923 |
Vaches Cocardières | 6 | 11 | 9 | 0 | 26 | 6124 |
L’augmentation la plus sensible du nombre de courses est de 25 courses dans le Gard, 12 dans l’Hérault et 5 dans les Bouches du Rhône.

L’organisation a été réglée via 7 réunions du comité directeur, de 4 réunions du bureau, 1 réunion de la commission des finances, 7 réunions de la commission administrative et des règlements, 4 réunions de la commission sportive, 3 réunions de la commission de discipline, une de la commission d’appel. et de diverses réunions d’information auprès des délégués, juges de piste, stagiaires, manadiers et responsables des grandes arènes.
La communication fédérale s’est exprimée autour de 21 conférences permettant d’informer 2500 élèves et de 8 salons parmi lesquels le salon de l’agriculture à Paris, du cheval à Montpellier, ou encore de la bouvine à Aigues Vives.
Enfin, parmi les nouveautés de l’année 2009, la FFCC a imaginé et mis en place, avec le soutien de la région Languedoc-Roussillon, une compétition novatrice : Les Masters avec pour but d’améliorer la qualité du spectacle en basant l’attribution des points sur une règle de tiers temps, et sur un système de bonifications. Le succès de cette première édition a permis de rééditer l’opération Masters, voire d’impliquer La Région Provence-Alpes-Cote d’Azur.
Les finances sont saines, le trésorier a annoncé un résultat positif de +33.426€ au 31 décembre 2009.
En 2009, la fédération a fonctionné sur une base de ressources propres et extérieures. Les ressources extérieures, accordées sur une base contractuelle doivent entrer dans un cadre précis, et correspondre aux objectifs fixés par les institutions. Hors de ce cadre, la FFCC a ses ressources propres pour surseoir à ses autres impératifs. Ces ressources proviennent des adhésions, abonnements, des publicités, des recettes des manifestations, des cotisations et contributions de courses, pour un total de 601.722€ auxquels s’ajoutent les 81.950€ de subventions.
Cette ligne de crédit a permis de reverser 101383€ aux différents collèges d’adhérents.
Le reste du budget fédéral se découpe en pôles sportifs pour un volume de 350k€ en excédent de 20k€, pôle fonctionnement pour 190k€ et un excédent de 30k€ et pôle communication, 130k€ en déficit de 13k€.
La spécificité de la course camarguaise est de placer le taureau au coeur de la compétition. Les manadiers ont dû faire face à divers problèmes sanitaires. L’animal sauvage est mis à rude épreuve avec les contraintes vétérinaires qui obligent les manadiers à les passer au couloir plus souvent qu’à leur tour, affaiblissant leur moral.
Pas moins de cinq passages sont maintenant nécessaires pour cette prophylaxie : antiparasitaire bien sûr, mais aussi l’IBR, Leucose et brucellose sont toujours d’actualité sur des animaux pris au hasard. La langue bleue devient une préoccupation. En effet les règles ont changé quant à la législation sur la langue bleue, passant obligatoire pour les sérotypes I et VIII pour tous les animaux européens en date du 30 juin 2010.
L’intra dermotuberculination est toujours utilisée mais est maintenant complémentée par un test à l’interféron Gamma. Ce dernier est un outil utile pour éradiquer la tuberculose.
L’introduction de ce test à l’interféron a retardé bon nombre de prises de licences cette année. Une situation qui se décante maintenant rapidement, après une phase de demande de dérogations. Seuls les manadiers ayant des positifs avérés sont maintenant bloqués. Les manades ayant un cas "douteux" pouvant sortir en course complète ou sortir un dernier taureau directement depuis le camion.
Le but principal des manadiers reste d’assainir totalement le cheptel camarguais sans pour autant éradiquer la race. L’idée étant de détecter tout cas suspect, et de tuer tout cas positif à l’interféron. La sauvegarde de la race restant à l’esprit de tous les partenaires, un accord a été trouvé pour les manadiers passant dans une phase d’assainissement de leur troupeau. De 230€ un animal abattu lors d’un abattage partiel, le dédommagement passe à 900€ un animal jeune, ou une vache et peut être valorisé au delà pour les cocardiers. La situation précédente dans laquelle les manadiers perdaient à la fois leur source de revenus et n’avaient que peu de dédommagement est passée. L’élevage peut survivre à cette phase d’assainissement en assurant le paiement des frais fixes.
Les éleveurs camarguais avaient obtenu également une reconnaissance du type de réponse à l’interféron. D’une valeur positive ou négative en Espagne par exemple, les DSV reconnaissaient la faiblesse de la réponse au test. Les manadiers ont pris la décision de ne plus tenter de garder ces animaux douteux, et de considérer comme positif toute réaction à l’interféron, après avoir réalisé que des manades qui avaient laissé des animaux douteux avaient vu parfois des foyers sortir de ces rescapés.
Ainsi 279 élevages de toros et taureaux sont présents en 13, 30 et 34. Ceci représente un cheptel de 22600 animaux de plus de 24 mois.
En date du 4 mars, 13036 bovins ont été testés.
Soixante six bovins sont sortis positifs, 198 animaux sont douteux. Le nombre de positifs abattus à cette date est de 51, dont 12 malades. et le nombre de douteux abattus est de 61 dont 5 atteints.
La faiblesse de ces chiffres traduit pourtant mal la répartition des animaux malades. Près de la moitié des manades est en effet touchée par un très faible nombre d’animaux positifs ou douteux.
Il reste encore à tester presque la moitié du cheptel. Les manadiers continuent leur combat, appelant à la compréhension de chacun pour passer ce cap difficile.
Il serait souhaitable que les demandes de taureaux prennent en compte le prix du déplacement d’un manadier afin de lui permettre de rentabiliser au mieux son déplacement. Il devient une obligation morale de nettoyer les cases avant chaque course. Il faut enfin penser que si le temps ne permet pas de nettoyer ces cases, comme lorsqu’une abrivado précède une course, il serait souhaitable que les biòu de l’abrivado n’entrent pas dans le toril, mais dans un char afin d’éviter toute contamination.
Cette année, la commission des licences a ainsi eu fort à faire. 7 réunions ont été nécessaires pour qualifier les 120 manades qui ont répondu aux critères demandés.
Des critères revus récemment, pour rassurer les différents acteurs. Apposition du numéro d’élevage pour faciliter les contrôles, et suppression de la licence probatoire, à la lumière des évolutions de ces dernières années, même si la commission s’engage à examiner tout dossier.
Les manades ayant obtenu la licence sont au nombre de 2 dans l’Aude, 27 dans l’Hérault, 47 dans les Bouches du Rhône et 49 dans le Gard. 5 manadiers n’ont pas renouvelé leur licence et 7 dossiers ont été refusés.
Si les taureaux ont éprouvé des déboires, les blancs ont eu aussi quelques ennuis. Soixante six blessures ont été enregistrées au cours de la saison, 16 plaies par coups de cornes, 34 raseteurs subissant divers traumatismes.
Les problèmes musculaires sont en revanche en nette diminution, témoignant d’une meilleure préparation sportive. A ce titre, une réunion au "Scamandre" a réuni nombre de raseteurs autour de trois médecins évoquant cette préparation physique, ainsi que l’alimentation ou la sensibilisation aux problèmes de dopage. Sur ce dernier sujet, on ne peut que se féliciter que les divers contrôles effectués au cours de 2009 aient tous été négatifs.
Il reste à prendre en compte le trop grand nombre de courses de la période Juillet-Août qui met les tenues blanches à rude épreuve.
Le nombre de courses pose la question de la médicalisation. Les médecins de village sont de plus en plus frileux à assumer la responsabilité d’une course. En outre, l’ambulance est un incontournable qui pèse. Certains clubs taurins réclament sa suppression, mais cela ne pourrait se faire que s’il existait dans les vestiaires un nécessaire comprenant : un brancard, un collet cervical, un matelas coquille, un liquide de remplissage remplaçant le sang, un ballon d’oxygène, un défibrillateur et enfin un secouriste apte à pratiquer les premiers soins.
En marge de la course, les licenciés FFCC se livrent aussi à des spectacles de rues. A ce sujet, se pose de plus en plus un problème de mutualisation de risque. Le nombre de cavaliers licenciés est en baisse constante, malgré les appels des instances. L’inquiétude vient de la difficulté d’obtenir des assureurs la confiance nécessaire. La tendance actuelle visant à faire finir au tribunal toute anicroche rend ces assureurs dubitatifs vis à vis de nos traditions quelque peu agitées.
Faut-il attendre que les spectacles de rues disparaissent faute d’assurance, à l’image d’autres sports comme le cyclotourisme, et les rallyes automobiles, ces "courses de côte" dont ne subsistent plus que quelques grands rendez vous.
Deux anecdotes devraient faire réfléchir les différents protagonistes. D’un coté un assureur contacté renonce finalement à présenter son devis, et de l’autre un élu affirme haut et clair que chez lui on ne fermera pas le parcours... Des attitudes sont encore à revoir pour une pérennisation de cette activité.
La charte est le seul document écrit, établie par des manadiers après de longues réunions. Respectons donc ce document pour être crédibles.
Enfin, dernier aspect de la charnière 2009-2010, la communication est abordée. L’audit demandé par la FFCC a mis en exergue les forces et faiblesses de notre entité.
Il nous faut développer un véritable plan de communication, travailler tous ensemble, vers les différents publics, avertis ou non.
La FFCC doit être le centre de cette communication. Elle doit se présenter comme l’interlocuteur unique vis à vis de l’extérieur. Celle ci doit s’appuyer sur des relais et des prescripteurs. Une communication ne sera efficace que si elle est acceptée, entendue et relayée par les gens de la profession. Le dialogue doit être permanent entre les acteurs afin de mutualiser les efforts de chacun.
Au final, un pôle de communication permettra de donner une image claire de ce sport, permettant de la faire connaître comme une tradition certes, mais aussi et surtout comme un sport.
Dans ce pôle de communication, il devient important pour la FFCC de modifier l’image de ses média, la Fe di Biòu et le site internet, et développer les partenariats avec la presse ou des partenaires du monde public et privé. Offrir à la presse nationale et internationale les supports nécessaires à une communication à l’extérieur de la Camargue.
Enfin, le mot de la fin appartient au Président. Celui ci souligne en préambule la signature des accords avec le Trophée Taurin d’un coté et le soutien constant de la Marseillaise de l’autre. Son allocution appelle à la réunion des différentes forces à œuvrer dans une même direction, et de cesser les tiraillements. Les problèmes sont nombreux, et suffisants pour mobiliser tout le monde sans qu’il n’y ait besoin de s’entredéchirer. Nous devons agir pour l’amélioration du spectacle, le respect du taureau, l’amélioration sanitaire, et enfin l’amélioration de l’image de la course camarguaise.
Il y a fort à faire " L’heure n’est pas à la discorde, au contraire, il faut que l’on unisse nos forces, nos idées, nos compétences, nos connaissances si l’on veut dynamiser notre sport régional ."
Les modifications de règlement qui étaient proposées au vote émanaient de diverses commissions ayant passé l’hiver à la réflexion. Elles proposaient aussi de remplacer deux raseteurs et deux manadiers démissionnaires au comité directeur. Ces propositions ont fait l’objet d’un vote de sanction de la part de différents collèges et ont donc toutes été refusées.
2010 sera donc comme 2009 du point de vue règlementaire.
A suivre donc...