Lire et relire :
Le drame des arènes de Fourques
Un drame dans les arènes qui se déroula voici bientôt 100 ans puisque ce fut le 15 août 1923...
"Il est des anniversaires heureux, d’autres dramatiques que l’on voudrait oublier, mais parce qu’ils sont liés à des faits historiques on ne peut les ignorer.
C’est ainsi que dans l’histoire de notre tauromachie le drame des arènes de Fourgues, survenu le 15 août 1923, marque une page funeste dans le livre de nos souvenirs d’afeciouna !"

C’était donc le jour de la fête de la Saint-Roch et l’on faisait courir les biòu dans les arènes du village des bords du Petit Rhône.

Arènes actuelles
Ces arènes étaient construites en rondins de bois, formant chevalet, supportant des tribunes de fortune.
Il est à noter que ces installations avaient servi aux fêtes de quartiers de la ville d’Arles durant vingt ans et venaient d’être achetées par la municipalité fourquatenco.
Donc, vers les quatre heures de l’après-midi, le 3ème taureau était en piste et sautait les barricades. Des afeciouna présents dans la contre-piste se suspendirent aux bois de la tribune dans le but d’éviter le cornupède, tandis que le public pour mieux voir se releva sur les gradins.
Il y eut alors un mouvement d’oscillation et tel un château de cartes la tribune s’effondra dans un bruit sinistre.
L’enquête révéla que le plancher n’était pas clouté à l’extrémité de la tribune et que donc, tout déplacement latéral amenait une rupture d’équilibre !

Arènes actuelles
Le malheur est que le dessous des tribunes étant aussi dense en spectateurs que le dessus, les uns écrasèrent les autres !
On s’employa immédiatement à dégager les victimes car de tous côtés on entendait gémissements et cris de douleur !
L’on retire avec précaution de nombreux blessés puis les deux cadavres de Madame et Monsieur Barrai, qui avaient été tués sur le coup, alors que leur
jeune enfant n’avait aucun mal.
On dégage ensuite les corps de M. Feuilles, ancien limonadier à Fourgues, et d’une fille de 16 ans, Mademoiselle Navarro, venue de Fontvieille pour assister à la fête et qui expira en la transportant chez elle !
Puis ce fut le tour de la découverte des restes de Mademoiselle Gonnet.
Pendant plus de deux heures, nombreux furent ceux qui se dévouèrent à cette pénible tâche, les blessés légers étant soignés sur place, les plus gravement atteints étant dirigés vers l’hôpital d’Arles.
Il y eut des blessés de tout ordre ; c’est ainsi que la nièce d’un bijoutier, M. Nicolet, eut un pied brisé, Lavel, un brave facteur auxiliaire, fut blessé à la tête et un nommé Gonfond François dit " Néné " eut des blessures au ventre occasionnées par les efforts produits pour soutenir, tel une cariatide, une partie du plancher !
Le taureau, profitant de l’effondrement, traversa la foule apeurée en blessant une femme puis passa le Petit Rhône à la nage.
Le gardian de la manade Barbier prit son cheval et tenta de garder ou de récupérer le taureau ce qui n’était pas, on s’en doute, des plus faciles !
Avec lui se présente un jeune homme nommé Bonnaud du Mas de Merte qui, avec son " Camargue ", tenta de barrer la route au biòu.
Mal lui en prit car ce dernier, s’élançant sur la chaussée près du pont de Fourgues, enfonça ses deux cornes dans le poitrail du cheval qui s’abattit au sol avec son cavalier !
Puis le taureau se dégagea du groupe équestre laissant le cheval à l’agonie et heureusement l’homme indemne. Après avoir passé la nuit à la Pointe de Trinquetaille, le biòu regagna sa manade.

Arènes actuelles
Le deuil fut immense et aujourd’hui encore (1983, NdR), si vous passez par Fourgues, on vous racontera de vive voix cette tragédie ; car c’est bien d’une tragédie qu’il s’agit, puisque des gens venus pour vivre leur aficioun allaient involontairement en périr !
Si j’ai narré ce drame ce n’est pas par goût du morbide, on s’en doute bien et j’aurais aimé que dans notre passé taurin cela ne ce fut jamais produit, mais ce court récit permettra d’avoir une pensée pour ces innocentes victimes.
D’autre part, même si actuellement la surveillance exercée sur de telles installations rend bien improbable de semblables catastrophes, il n’était peut-être pas inutile de rappeler qu’il suffit d’un instant pour qu’une fête se termine en tragédie !
Fourgues aujourd’hui dispose d’une arène magnifiquement entretenue et où tout est mis en oeuvre pour la sécurité du spectateur mais on n’oubliera jamais dans ce village un certain 15 août 1923....