265/ Avantages du canal à 2 branches et des constructions accessoires.
Outres que l’établissement de la chaussée précédente serait facile, il ne changerait rien à la manière dont s’alimentent les salines de la basse Camargue. Les eaux du canal restant par ces constructions toujours pure, porteraient en tous temps au bourg des Saintes Maries une boisson salutaire dont il est privé, le canal lui même, creusé dans les fonds les plus bas et les mins précieux de l’Isle, exigerait moins de dépense que tout autre, son lit porté à une largeur et à une profondeur suffisante, offrirait un système de petite navigation très commode, pour le transport du sel et de toutes les denrées, ses chaussées bien fortifiées présenteraient pour le roulage des voies sures, qui manquent au pays. Elles empêcheraient les filtrations qui, dans tous les cas, seraient reçues par des contre canaux, et ne pourrait nuire à l’agriculture. Les dépôts extrait par le récurage seraient utilement employé sur les terres riveraines, qui s’exhausseraient successivement, et deviendraient les meilleures parties de la Camargue, le dessèchement total des marais, de précieuses et vastes irrigations la disparition d’une foule de sansouires, tous ces avantages seraient nécessairement le résultat des travaux indiqués, et par conséquent l’assainissement et la vinification de l’Isle ne sauraient être douteux.

266/ Branche à conserver dans la supposition qu’on dût en supprimer une.
Le Vaccarès, en échancrant la Camargue, ne permet pas de resserrer le canal dans une seule branche, sans borner extrêmement ces avantages. Il est vrai, d’une autre part, que deux branches d’un canal pourront effrayer les esprits, lorsque d’ailleurs tant de changement pèsent sur les hommes et sur leurs possessions. Il conviendrait, eu égard à cette circonstance, de ne construire d’abord que la branche de l’ouest. C’est à elle qu’il serait avantageux de donner la préférence, comme moins longue, comme uniquement propre à dessécher tous les plus grands marais, et comme seule capable de vivifier cette partie du territoire qui semble frappé de mort. Mais, plus d’un propriétaire ne sera pas satisfait encore. Il ne pourra concevoir le dessèchement des marais de la Camargue, sans crainte pour ses manades et pour ses bœufs, qui ne trouveront plus à paître dans les roseaux. Cette appréhension paraîtra mal fondée sans compter que les Chinois ouvrent toutes leurs terres de riz et de blé, et qu’ils font manger aux bestiaux les pailles qui en proviennent, qui ne sait que les chevaux Allemands, si vigoureux ne sont nourris que de paille hachée où l’on mêle un peu d’orge ou d’avoine ? Ne saurait-on en user ainsi dans la Camargue, joindre d’abondantes moissons à celles qui existent, et se débarrasser enfin d’un air empoisonné ?