Epiphanie et Galette des Rois
Où commence la croyance et où demeure la tradition ?
COUTUMES et CROYANCES
Galette des Rois, Gâteau des Rois c’est pour nous l’évocation de l’Epiphanie, de partage des parts, de la fève et, voire, du cidre frais.
En a-t-il toujours été ainsi ?
Ailleurs, que font-ils ?
Si à un moment cette fête est devenue chrétienne il n’en était pas ainsi à l’origine.
(Ce qui me permet d’en parler tout en respectant le principe de laïcité. NdR.)
Dans l’Antiquité et à l’origine, l’épiphanie tire son fond et son sens des célébrations païennes de la lumière.
Dans le calendrier solaire [1] l’épiphanie s’inscrit dans le cycle qui commence au solstice d’hiver, le 22 décembre. Cette nuit du solstice — la plus longue de l’année — annonce le rallongement des jours et, par extension, la renaissance de la lumière censée être à l’origine de toutes choses, notamment dans le calendrier agricole.
On célèbre alors l’Épiphanie, la manifestation de la Lumière.
Les « Épiphanes » sont, dans la culture grecque, les douze divinités de l’Olympe apparues aux hommes, avec en premier lieu, Zeus, le dieu de la Justice céleste.
Il est à noter également que c’est ce jour — en tout cas son équivalent, car le calendrier julien [2] alors en vigueur diffère du nôtre — qu’avait lieu dans la Rome antique la fête des douze dieux épiphanes (autrement dit les douze Olympiens).
La date de l’Épiphanie correspond aussi, à l’origine, à une fête païenne : sous l’Antiquité, les Romains fêtent les Saturnales [3] qui durent sept jours pendant lesquels la hiérarchie sociale et la logique des choses peuvent être critiquées sinon brocardées et parodiées.
• On célèbre ce jour - 6 janvier - l’arrivée à Béthléem des Rois Mages venus d’Orient, guidés par une étoile miraculeuse, pour adorer le fils de Dieu dans sa crèche.
La coutume est de servir à table une galette dorée renfermant une fève.
On coupe la galette en autant de parts qu’il y a de convives, plus une, dite part de la Vierge, part-Dieu, part du pauvre.
Le plus jeune des enfants se cache sous la table.
On lui demande : « Phoebe Domine, pour qui cette part ? »
Celui qui trouve la fève est proclamé roi. Il choisit une reine.
Tous applaudissent quand il lève son verre : « Le roi boit ! »
• En Languedoc, la nuit des Rois, le plus âgé de la maison dispose en ligne sur la plaque du foyer douze grains de blé, chacun représentant un mois de l’année juste commencée.
Sous l’effet de la chaleur, les grains éclatent et sautent.
Un saut en direction du feu signifie que le prix des céréales baissera ce mois-là ; un saut vers le consultant, que le prix des céréales montera.
• Sur la Côte Basque, la Fête des Rois est célébrée avec une ampleur particulière, en compensation de la Fête-Dieu, la Phesta-Berri, qui tombe à une époque où les pêcheurs sont au loin.
• Dans le Nord, le matin du 6, des vendeurs passent dans les rues, proposant les « biets du roi ».
On leur achète une grande feuille de figurines qu’on découpe et qu’on mêle dans un chapeau.
Un enfant les tire au sort et désigne ainsi un roi, qui choisit sa reine, un conseiller, un portier, un
confesseur, un cuisinier, un fou.
Chacun doit tenir son rôle.
• Toujours dans le Nord, les graissiers (épiciers) offrent à leurs clients habituels une bougie
• A Trebeurden (Côtes-du-Nord), l’Enfant-Jésus de la crèche est le Jour des Rois changé pour un autre, qui n’est plus couché dans la paille mais se tient assis sur une petite chaise.
• En Moselle-Est, des garçons déguisés en Rois mages allaient de maison en maison en chantant, tout en faisant tourner une étoile montée sur un bâton : « Es kummen drei Weissen vom Morgenland » (Trois mages sont venus de l’Orient).
Ils obtenaient ensuite des friandises ou des piécettes.
• Les trois rois mages, Gaspard, Melchior et Balthazar [4] sont invoqués à divers titres, notamment contre les dangers des voyages et contre l’épilepsie.
Dans ce dernier cas, poser sa bouche sur l’oreille du malade au moment de la crise et dire trois fois : « Gaspard porte la myrrhe, Melchior l’encens, Balthazar l’or. »
Celui qui portera sur lui les noms de ces trois rois sera délivré du mal caduc par la bonté de Jésus-Christ.
• En Espagne et dans les pays d’Amérique latine : le Día de los Reyes Magos y est souvent un jour férié et les enfants y reçoivent leurs cadeaux plutôt qu’à Noël.
Les rois mages arrivant à dos de chameau, à Barcelone, les enfants mettaient sur le balcon ou dans la rue, des récipients avec de l’eau, de l’avoine, des caroubes.... (souvenirs personnels)
• Balthazar est patron des fabricants de cartes à jouer.
• La fête des rois faillit être interdite sous la Convention (21 septembre 1792 - 26 octobre 1795) car à l’époque, elle portait le nom de la fête des sans-culotte ; le gâteau fut donc rebaptisé le gâteau de l’égalité.
[1] le calendrier solaire est un calendrier dont les dates indiquent la position de la Terre sur sa révolution autour du Soleil ,
Il découpe le temps en fonction des mouvements apparents du soleil.
Il est ainsi adapté aux besoins des cultivateurs, dont les activités agricoles demandent à synchroniser les cultures avec les saisons.
[2] Le calendrier julien est un calendrier solaire utilisé dans la Rome antique
Il a été employé en Europe jusqu’à son remplacement par le calendrier grégorien à la fin du XVème siècle
[3] les Romains fêtaient les bacchanales en l’honneur de Bacchus et les Saturnales en l’honneur de Saturne, les Lupercales fêtes annuelles célébrées en l’honneur de Faunus, dieu de la forêt et des troupeaux, etc, etc...
[4] Question classique posée régulièrement lors du Jeu des 1.000 euros...