La croix du Languedoc et la croix gardiane sont, l’une et l’autre, indissociables de nos traditions. Bijoux, fers de manades, objets coutumiers...
C’est à chaque instant que nous en retrouvons près de nous la présence, en ignorant souvent leur histoire. La voici donc, très brièvement racontée.

 La croix gardianne

La croix gardianne, que certains appellent aussi croix des Saintes, est sans conteste un symbole très fort pour tous ceux qui aiment la Camargue, qui ont la passion des taureaux et des chevaux, qui défendent les coutumes et les valeurs de notre terre. Elle n’a cependant pas une très longue histoire derrière elle, puisque c’est en 1926 que le marquis Folco de Baroncclli voulut donner un emblème aux gens de bouvine.
C’est au peintre Paul Hermann qu’il en demanda la réalisation, en lui signifiant qu’il voulait que les vertus théologales, foi, espérance et charité soient ainsi représentées. Pour Baroncelli, la foi chrétienne et la foi dans la tradition étaient intimement liées.
On veut que l’ancre de marine représente la fermeté inébranlable dans la foi, la croix et le coeur exprimant les deux autres vertus.
Les tridents, en bout des bras de la croix, donnent pour leur part la connotation spécifiquement camarguaise. Erigée à l’entrée des Saintes-Maries-de-la-Mer, la croix gardienne devint effectivement le symbole que souhaitait Baroncelli.
Elle est aujourd’hui la marque de la manade Fabre-Mailhan.
Elle pend au cou de nombreux afeciounas et mainteneurs. On la retrouve scellée sur bien des façades. Elle figure, peinte ou sculptée, sur de nombreux objets quotidiens ou précieux.

 La croix de Languedoc

Cette croix que l’on appelle aussi croix de Toulouse a suscité bien des hypothèses et des controverses quant à ses origines. C’est une croix dite cléchée, c’est à dire évidée.
On dit que l’empereur Constantin la fit mettre sur les enseignes de ses armées après en avoir eu une vision. On a aussi voulu qu’elle ait été un symbole de la secte manichéenne (3 siècles après J.C.), qu’elle dérive de la croix de Malte ou encore que les cathares l’aient prise pour signe de reconnaissance. Elle est même parfois appelée croix cathare.
Les douze perles qui ornent ses pointes représenteraient, dit-on, les douze signes du zodiaque. On fera aussi le rapprochement entre elle et la croix huguenote.
Une chose est sûre, c’est qu’elle fut choisie pour figurer sur les armes du Languedoc depuis bien longtemps. Sur le sceau de Raymond VI. comte de Toulouse (1194-1222), l’écu de ce noble est orné de la croix à douze pointes perlées (on disait alors pommelées).

En 1096, son ancêtre Raymond IV l’avait prise pour emblème en partant pour la croisade, mais peut être figurait-elle déjà sur ses armes. C’est cependant à cette date qu’elle a été adoptée par d’autres familles nobles.
Nous noterons enfin que certains historiens veulent que cette croix ait d’abord été provençale et que les comtes Raymond de Toulouse, dont le nom fut lié à celui de Saint-Gilles, en aient fait seulement l’emprunt.
Voilà qui, par delà les siècles, rapprocherait plus encore Provence et Languedoc !

Aujourd’hui, la croix de Languedoc est, elle aussi, devenue un objet commun ou un bijou.
Elle est le fer de la manade Rouquette - manade du Languedoc.
Elle flotte, surtout et toujours, sur une terre riche de passé et de valeurs.

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