en 1194 il fit don aux moines d’Ulmet du restant de la Sylve et ceux-ci fondèrent le monastère de Sylvéréal, les abbés prenant le titre d’abbés d’Ulmet de Sylvéréal. Le mas de l’Abbaye ne serait que les ruines de Sylvéréal.

Cependant les habitants de Notre Dame de la Mer (Les Saintes) avaient certain droits sur la Sylve qui leur furent contestés et sur ces entrefaites en 1210, Raymond, abbé d’Ulmet, concède au prieur de Saint Michel de Frigolet le droit de libre pacage dans la forêt d’Albaron qui n’est autre que la pinède de Sylvéréal.

Un différent s’élève entre les habitants de Notre Dame de la Mer et l’Abbé ; en 1233 Arnaldus évêque de Nîmes, le tranche, et prononce la sentence arbitrale qui autorise les premiers à continuer de conduire leurs troupeaux et de couper du bois dans la Sylve, en payant toutefois une cense annuelle de 100 sols Melgoriens à l’Abbaye d’Ulmet ; la continuation est une preuve de l’existence antérieure du pacage.

Le 3 des nones d’Octobre 1264, Bernard 1e Abbé de Valmagne-Ulmet et Sylvéréal (1) permet aux habitants d’Albaron de faire dépaître leurs troupeaux dans la Sylve. Une sentence arbitrale entre l’Abbé de Valmagne-Ulmet et Sylvéréal et les Consuls de la ville d’Arles, mentionnée dans un acte du 13 juillet 1335, donne faculté aux arlésiens de mener les troupeaux dans la Sylve. Le 10 juin 1392 apparaît une sentence arbitrale établissant qu’il est permis aux habitants de Notre Dame de la Mer de faire dépaître dans la Sylve leurs bêtes bovines et rossatines (2) depuis la Toussaint jusqu’à l’octave de St Jacques et de St Philippe moyennant une redevance de 4 deniers par tête de bétail.

Il ressort donc nettement de ce dernier acte que les habitants de Notre Dame de la Mer possédaient des bêtes bovines et que les Arlésiens qui faisaient défendre par leurs consuls des droits analogues en possédaient aussi, et on peut dire que dans les troupeaux cités dans les actes de 1210-1233-1335 il y avait des bêtes bovines et rossatines.

Les manades (3) risquaient donc d’exister à ces différentes dates ; elles existaient certainement en 1392, l’acte cité plus haut en est la preuve. A la bibliothèque municipale d’Arles nous trouvons au registre CC14 dans un extrait du cadastre de 1445, qu’en Camargue, sans indication de lieu, le sieur Nicolas de st Martin possède 320 bœufs et 130 bêtes rossatines.

En 1266 De Bermond, seigneur et maître du Cailar, donne et concède à tous les habitants du Cailar pour services rendus, la liberté de faire dépaître à perpétuité leurs bestiaux dans son terroir.

Actuellement (1945) la tolérance qui veut que tout manadier ayant un feu (une maison) au Cailar a droit de faire dépaître son troupeau dans les près communaux, n’est que la continuité de cette concession de 1266.

En retour chaque manadier profitant du pacage communal donne gratuitement à la ville une course de taureaux dans le cours de l’année.

En 1551 Messire Pierre Quiqueran de Beaujeu, gentilhomme d’Arles, évêque de Senes, dans son livre de Laudidus Provinciai dit : « l’île seule du terroir d’Arles nourrit plus de 4000 juments et non moins de 16000 bœufs. Les uns ont des troupeaux de cent, de deux cents, de cinq cents » et qu’il faut marquer, est ce le début des ferrades ? Ceux qui viennent par surcroît s’ils n’aiment mieux les perdre ou les laisser errer à l’aventure ». « Les gardeurs du gros bétail appelés gardiens ». » Le trident que ceux du pays appellent ficheroun ».

D’après ce qui précède, on voit donc que les manades doivent exister au moins depuis le 12e siècle, que les gardeurs de bestiaux se nommaient déjà gardiens au 16e siècle et que leurs armes de défense contre les taureaux étaient un trident qu’ils appelaient aussi ficheroun comme nos poètes.

Depuis le 16e siècle le nombre de taureaux élevés en Camargue et en Crau a baissé dans de grandes proportions, puis que de 16000 il est tombé a environ 2800 en 1945 ; et pour les chevaux il est passé de 4000 à 550 environ.