1921 :
La grêle dévasta complètement les vignes des communes du Cailar, Aimargues, Vauvert et des environs. A cause de cette catastrophe, il n’y eu pas de fête votive au Cailar et de ce fait pas de courses.

1922  :
Robert redonna Pratique qui avait été brillant l’année d’avant et Drapeau. Grand fournit Cailaren et Aiguemourten. Arnaud, Lagartijo et Peyrolen. Granon, Sigouleto et un taureau jeune.
Ce concours fut marqué par un incident, pendant la pause, alors que les jeunes gens et les jeunes filles « calignaient » dans le plan, l’Aiguemourten, sortit du char et bondit dans la foule. On eut toutes les peines du monde à le maitriser avec des cordes. Ce taureau de Grand qui devint d’ailleurs un maitre cocardier, fit une grande course ce jour là. Mais le meilleur fut a notre avis le Peyrolen dont un accident stupide interrompit sa brillante carrière.

1923  :
Le Marquis parait pour la première fois après-guerre avec deux taureaux remarquables:Maïanen et Bandot. Voilà deux noms qui parlent et sonnent clair. J’ai cité le Marquis en premier lieu à cause de ce qu’il avait fourni, mais il sortit troisième ; Granon débuta avec Mirabeau et un ternen neuf ; Reynaud fils avec Raioù et Valdemore ; Robert avec Lou Caraco et un taureau neuf.

1924  :
Gabriel fournit Bamboula et Le Tigre. Je n’ai conservé aucun souvenir de ces deux taureaux. Baroncelli fournit encore cette fois deux très bons cocardiers, Lou Dur et l’Indian. Granon amena Ramoneur et Brutus. Robert, Lou Signaoù et Hasard. La course de l’Indian, ce jour-là , fut mémorable, quant à Hasard qu’on ne regrettera jamais assez. Il fit une des plus belles courses de taureau jeune que nous n’ayons jamais vues.

1925  :
Granon donne Cornet et Tigre. Reynaud, Greffa et Trimard. Robert, Hasard et Dogue. Grand Desbana et un ternen neuf.
Lorsque nous écrivons ici un taureau neuf ou un ternen neuf cela indique que le débutant n’a pas fait une brillante carrière.

1926  :
Robert ouvre le feu avec Hasard et Renard. Ce premier taureau passait pour la troisième fois au Cailar. C’est vous dire s’il avait dû y faire sensation. Baroncelli, a enfermé Mithra et Poête, deux bons taureaux. Granon fournit Pinero et Orphelin qui devint un des taureaux les plus braves, les plus vaillants qui soient nés « souto la capo doù soulèu ». Grand fermait le concours avec Aiguemourten et Bourgidou.

1927  :
Granon débute avec deux cocardiers sensationnels : attention ! Clairon et Lancier. Peuchère ! Les razeteurs devaient travailler ces deux lascars pour 100 francs. Et Robert n’avait pas même un rien qui vaille Grelot et un ternen neuf ; Baroncelli redonnait Indian et un neuf ; Reynaudet fermait la marche avec Bouisset et Colosse.
Très beaux concours comportant cinq bon cocardiers et trois taureaux neufs.

1928  :
Guillerme à donné encore un taureau jeune et Bouchard un bon cocardier qui n’a guerre duré. Robert avec Boër et Bijou. Granon a bien mené Orphelin et Mounla ; 2 taureaux marquants. Blatière boucle avec Milhaudois et Lieutenant.

1929  :
Vaillant et un ternen neuf sont les deux taureaux de Granon. Desbana et Boucher, sont pour Reynaudet. Gendarme et Boucabeu pour Baroncelli. Lieutenant et un taureau jeune sont fournis par Robert. Le Lieutenant de Robert fut le meilleur.

1930  :
Il y eu un beau concours. Robert qui avait clôturé l’année précédente débuta avec un grand cocardier ; Grelot et un jeune : Sampeur. Reynaudet passa une deuxième fois en second lieu avec Bouchet et Colosse. Blatière fournit Béchet et Londrès. Granon Lou Mounla et Lou Paty, ce dernier, la même année, ou plutôt non, au début de 1931, devait tuer son congénère et compagnon de concours.

1931  :
Baroncelli ouvrit le feu avec Gendarme et Pesca Luna. Granon donne Chanut et Londrès ; Robert lui a encocardé Lieutenant et un ternen. Guillerme fournit Boumian et un ternen neuf lui aussi.

Le moment est peut-être venu de faire certaines remarques. D’abord le lecteur a certainement constaté que Granon et Robert sont de tous les concours. Ils n’en manquent pas un, ni au Cailar, ni à Vauvert d’ailleurs on peut remarquer aussi que Robert fournit toujours ou presque ; un bon taureau et un ternen neuf ou tout au moins un taureau jeune. Robert gâte d’ailleurs toujours les habitués des concours. On peut dire que, dans la mesure du possible, il fournit toujours ce qu’il y a de mieux.

1932  :
Moment où nous reprenons notre nomenclature, il fournit deux as : Dragon et Pellegrin qui est un des meilleurs, sinon le meilleur cocardier du moment. Autour de ces deux pensionnaires de Robert défilaient dans le petit plan ombragé : Desbana, Scamandre pour Reynaudet ; Lancier et Bajan pour Granon. ; Vauverdois et Lieutenant pour Blatière. Un concours remarquable celui-là aussi. Desbana fut bon ; Dragon et Pellegrin supérieurs ; Lancier et Vauverdois très bons aussi.

1933  :
Arnaud-Reynaud qui n’avaient plus passé dans le concours depuis 1922, durent fournir deux cocardiers, ils donnèrent Cafetier et un taureau jeune ; Guillerme parut avec Boumian et un taureau jeune ; Grand avec Charmentoun et Mata, deux cocardiers qui se classèrent par la suite, le premier surtout.

1934  :
Robert débute et le Lieutenant fait une grande course suivi de Pellegrin ; Baroncelli a donné un grand cocardier : Ramoun, dont on ne pourra connaitre la valeur a sa juste mesure ; Ramoun est mort trop tôt. Granon a mis deux cocardiers jeunes : Bajan et Aigues-Vivois ; Raynaud ferme avec Pouliche et Coutard. Un des meilleurs concours depuis 1920, le meilleur en tous les cas de la période décennale actuelle.

1935  :
Granon a ouvert toute grande la « temporada » et la représentation est éloquente : Mata et Noël, deux cocardiers que les aficionados suivent attentivement. Robert donne Boër et un taureau jeune ; Guillerme Castillan (un bon taureau) et un produit de la manade Rouvillain ; Blatière fait annoncer : Béchet et Cailaren. Concours que nous n’avons gardé qu’un bien mince souvenir.

Et nous voici arrivé très vite : comme le temps passe, à l’année qui vient de finir. Le compte rendu du concours de 1936 est encore dans toutes les mémoires des amateurs de bouvine.

1936  :
Robert a donné : Pellegrin, qui fit une course sensationnelle, et Prince ; Reynaudet : Jeannot et Contrepas, ce Maufaras, qui a blessé si grièvement le pauvre Richard à Saint Cézaire en août. ; Granon a Languedoc et Peyrolen ; Aubanel qui fait courir pour la première fois sous son nom, donne Gendarme et Angora. Les quatre premiers taureaux seuls furent razetés. Après gouter, il y eu grève, grève justifiée des razeteurs.

Si tous les aficionados se souvenaient parfaitement des détails de ce dernier concours, combien avaient oublié les noms de certains cocardiers fameux qui illustrèrent les traditionnelles courses du jeudi de la fête du Cailar. Est-ce que les noms suivants, noms fameux pourtant, n’étaient pas sortis du souvenir :
Aiguemourten, Maïanen, Indian, Hasard, Mithra, Mounla. Tous les autres vivent encore et nous en parlons souvent ; mais il y en deux surtout en qui nous avions une confiance totale ; nous citons : Peyrolen d’Arnaud-Raynaud, qui passa en concours en 6e lieu et Hasard, de Robert, qui courut en 1924 en dernier, en 1925 en cinquième, et en 1926 en premier de l’après-midi.
Peyrolen et Hasard étaient des cocardiers de race, des cocardiers marqués, des cocardiers de grand, très grand avenir. Ni l’un ni l’autre ne donna sa mesure et nul ne le regretta plus que nous, sinon leur manadier peut être.

Depuis la guerre, j’ai eu la joie d’assister à tous les concours, je m’y suis trouvé dans des situations dangereuses à plusieurs reprises et j’ai sur l’œil gauche une petite cicatrice, excellent souvenir d’une caresse d’un ternen de Granon en 1923. J’ai vu courir des cocardiers de toutes les places les plus extraordinaires : dans un bouvaou, sous une charrette, sur un platane, sur un mur, et cette année, je vous ai dit, il n’y a pas bien longtemps, combien j’étais mal placé. Jamais je n’ai été appelé au théâtre municipal, ni a la tribune officielle et je ne le regrette pas du tout.

Le jeudi de la fête au Cailar est pour moi et pour pas mal d’autres un lieu de pèlerinage. Il faut souhaiter que les incidents de ces dernières et surtout de l’an dernier ne se renouvellent plus. Les gens, qui ont en charge de conserver une tradition pareille, se doivent de ne pas faillir a leurs obligations. Les manadiers et les razeteurs doivent faire leur devoir, c’est bien juste, mais que les organisateurs à leur tour fassent le leur !!!!
De grâce.