1861 :
Le maire de l’époque, Charles Bézard, veut donner un nouvel élan à la cité pescalune.
Il adresse alors un mémoire au préfet de l’Hérault, lui demandant l’autorisation d’édifier « un cirque aux taureaux ». Une requête insolite puisque, dans les villes et villages alentours, taureaux et raseteurs évoluent dans des plans de charrettes ou sur les places publiques.
Après quinze ans de travaux, les arènes de Lunel deviennent alors l’unique édifice permanent de la région conçu spécialement pour les jeux taurins.
Lunel et son cirque aux taureaux bénéficient donc d’une primeur qui fait la renommée de la ville. Les cocardiers ne passaient d’ailleurs au statut de vedette qu’après être passés à plusieurs reprises dans les arènes lunelloises.

1899 :
La course camarguaise prend son essor.
Les arènes, bâties par la société Bouscaren et Cie, se remplissent à chaque événement. Et notamment pour la course de la Pentecôte, le 24 mai 1899.
Plus de 4 000 spectateurs, excités par le montant des primes, sont réunis pour voir « Le Paré » affronter les hommes en blanc. À leur grande déception, le taureau roi de l’époque rentre invaincu au toril.
Les foules se soulèvent, arrachent les bancs et sièges en bois et y mettent le feu, soupçonnant une magouille entre raseteurs. Rafistolées, les arènes devront néanmoins attendre quelques années de plus pour vivre un second souffle.

1907 :
Cette année est marquée par les insurrections, les inondations entraînant l’annulation des festivités et notamment de la fête locale.
Des évènements qui sont loin de favoriser les divertissements payants et donc, les rendez-vous tauromachiques. Cinquante ans après leur construction, les arènes de Lunel vivent leur première mauvaise passe.
Bien décidé à leur rendre leur superbe, le premier magistrat, Jean Salducci trouve en la personne d’Émile Olivier-Brun un partenaire financier de taille. L’ancien raseteur reconverti dans le négoce de vins propose un projet d’agrandissement (création d’un deuxième cercle de gradins, de bureaux attenants, d’un toril couvert et d’une infirmerie) et prend en charge le coût des travaux, soit 15 000 Fr.
Il reçoit par la même occasion la concession de la place pour six ans. L’homme d’affaires diversifie alors les activités des arènes en y proposant des corridas, ainsi que des représentations lyriques et théâtrales.

1911 :
Le 14 mai de cette année, la programmation du duel Gordet-Espartet permet d’enregistrer 5 à 6 000 entrées.
Mais, désormais, les courses camarguaises n’ont plus l’exclusivité au sein des arènes. Dès 1912, à l’occasion d’une inauguration, les comédiens de la Comédie Française viennent interpréter « La fille de Roland » [1].
Et même si la Première guerre mondiale a réquisitionné les arènes pour les chevaux de l’armée, le lieu reprend vie après-guerre.

1929 : les arènes sont choisies pour y présenter l’opéra « Le Gardian » de Molinetti en première mondiale.
Deux ans plus tard, c’est au tour de Pierre Ramadier, perchiste lunellois, de montrer sa détente devant des arènes combles.

Et, après 1939-45, Lucien Chavon fait venir les plus grandes stars de l’époque dans les arènes à l’image d’Édith Piaf, Line Renaud ou Charles Aznavour.

A noter la publicité pour "Purfina" [2]

La liesse perdure jusque dans les années 80 où Lunel participe durant trois années consécutives aux jeux d’Intervilles jusqu’à perdre injustement sur une question cinéma en 1987.
Depuis les événements musicaux et divertissants ont repris place dans ce lieu mythique avec les concerts, les toro-mousse ou toro-piscines pendant la Pescalune.

1931 (?) :

1981 :


Le 19 avril de cette année débutent les travaux de réfection des arènes de Lunel.
Les gradins sont entièrement refaits et agrandis et portent désormais
la capacité d’accueil à près de 3 000 places. Ce sont les arènes que nous connaissons aujourd’hui, baptisées Francis San Juan cinq ans plus tard en mémoire de célèbre raseteur décédé accidentellement.
C’est également dans ces arènes, qui n’ont rien perdu de leur réputation, que se sont illustrés d’autres grands raseteurs comme Soler, Pascal, Canto, Castro ou encore Fidani.
Côté cocardiers, on ne pourrait parler des arènes de Lunel sans évoquer les noms de Goya, de Ventadour, de Rousset, de Muscadet ou encore de Pascalet dont la statue trône aujourd’hui sur le rond-point des Abrivado.

Tous ont procuré joie et frissons sur la piste.

Une histoire vieille de 150 ans qui n’est pas près de s’arrêter...

De Bernard, quelques dates et événements :

1861 : elles contenaient 1000 places
1862 : début de la construction " en dur", "en bois", en avril
1885 : mise en place de barrières
1893 : il existait un système d’abonnement
1911 : le 13 août 1ère course dite "elite"
1931 : le 7 juin retirado du Sanglier en nocturne
1991 : le 03 novembre, inauguration de la statue de Pascalet
2017 : début de la réfection complète
2018, le 20 sept inauguration de la nouvelle construction

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[1Auteur : Henri de Bornier (1825-1901) ; drame en 4 actes, en vers
joué pour la 1ère fois à Paris au Théâtre-Français le 15 février 1875

[2Purfina, Société Coopérative des Pétroles à Anvers fondée par American Pure Oil Company et PetroFina. Marque de fabrique N° 4183. - 3 juin 1921
1954 : PetroFina devient Fina