Nous ne pouvons pas laisser passer le geste des razeteurs sans leur dire combien je désapprouve leur façon d’agir. Si nous allons de ce train, il sera bientôt impossible de traiter avec ces gens là.
Il y avait donc trois razeteurs à Mouriès ; ils étaient venus là, j’imagine, avec l’idée de travailler, de satisfaire le public, de gagner le plus d’argent possible. Si une dizaine de razeteurs de Beaucaire, de Nîmes ou d’ailleurs avaient fait le déplacement, c’est certainement ainsi que les choses se seraient passées. Mais nos trois acolytes, se voyant seuls dans la piste, dès que le taureau de Reynaud fut sorti, se concertèrent et pensèrent faire marcher l‘empressa, car les razeteurs, aujourd’hui, comme bien des mortel, sont très exigeants, pour ne pas dire plus.
Après avoir parlementé quelques temps, ils ont pris leur veste et sont partis discuter le coup au bistro du coin. Bien entendu les spectateurs qui avaient payé leur place, rouspétaient tant qu’ils pouvaient, et il a bien fallu, pour arriver à donner la course, que l’empressa cède aux exigences de ces messieurs du crochet.
Eh bien, je le dis pour la centième fois ; si nous nous laissons entrainer sur ce terrain là !c’est la fin de tout et la mort des courses libres. A l’heure actuelle, les razeteurs sont très nombreux ; on peut très bien se passer de ceux qui sont trop exigeants. On a trop gâté les razeteurs depuis de nombreuses années, et maintenant, ils sont devenu inabordables, intransigeants, les impresarii sont obligés de leur demander très poliment si telle ou telle chose leur convient, et on est bien forcé, maintenant, de supporter toutes leurs exigences et leurs fantaisies. Cela nous conduira loin.
Répétons une fois encore quel est notre point de vue sur ce sujet si délicat, dont trop de gens se désintéressent : « de l’argent au front des taureaux, tant qu’on voudra, mais pas un sou de prime avant la course ». Que ceux qui veulent gagner leur vie en razetant enlèvent les primes sur les fronts des cocardiers.