Art 2 : Tout directeur ou organisateur de course libre devra soumettre son programme au moins 10 jours à l’avance, a l’approbation de la commission tauromachique de la ville ou aura lieu la course.
« Sur le visa de la commission, l’autorité compétente (le maire), lui délivrera l’autorisation de faire courir, ce programme bien détaillé devra fournir :
1° Le nom de la manade et les noms des taureaux.
2° Le montant de la prime affectée sur la cocarde de chaque taureau.

Art 3 : Le montant intégral des primes annoncées sera remis par l’organisateur au président du jury de la course, et le sera complètement sans retour pour lui.
« La prime affectée a la cocarde de chaque taureau sera intangible ; elle ne pourra être modifiée que pour un seul cas, celui d’un jeune taureau courant pour la première fois et dont le manadier ne connaitrait ni l’ardeur, ni la combativité »
« Le président du jury règlera aux amateurs le montant des cocardes enlevées ou coupées par eux »

Art 4 : Le jury pourra disposer à sa guise du montant des primes non enlevées, soit en les versant à une caisse dite de secours, soit en les distribuant aux raseteurs, qui ayant satisfait les aficionados, auraient été malheureux pendant la course.

Art 5 : Une fois le taureau décocardé, la direction ou de simples particuliers pourront s’ils le désirent primer la ficelle ou autres attributs et en remettant le montant au Président de course « qui le remettra au jury et le fera annoncer ».
« Au cas ou ses primes ne seraient pas enlevées, le montant fera retour complet au donateur, libre a lui d’en abandonner une part à la caisse de secours ou de le distribuer, au choix des raseteurs ».
« Toutefois, le Président de la course restera seul juge pour accepter ou refuser ces primes supplémentaires, car l’abus de ces primes pourrait forcer la combativité du taureau et, ainsi, résulterait fatalement nuisible au propriétaire-manadier »

Art 6  : Messieurs les manadiers prendront l’engagement formel de faire courir les taureaux dont ils auront fournit les noms aux organisateurs et de les faire sortir dans l’arène dans l’ordre annoncé par les affiches.
« Si, a la suite d’un cas forfuit, maladie ou accident, un taureau devenait inutilisable, le manadier devrait immédiatement et au plus tard 6 heures avant la course, en informer la commission tauromachique en lui donnant le nom du taureau qu’il ne pourra mener et celui du remplaçant, ceci afin que la commission puisse, par voie d’affiche ou de publication, en donner connaissance au public avant l’ouverture des guichets ».
« Les cocardes devront être attachée a la mode Provençale, de façon régulière et sans tromperie aucune, qui pourrait résulter nuisible et léser les intérêts des raseteurs ».
« La cocarde (cordon rouge de sept centimètres), sera placée de façon apparente, autant que possible au milieu de la tête ».
« La sortie de chaque taureau sera annoncée par un coup de trompette ».
« Chaque taureau devra rester 16 minutes dans l’arène, ces 16 minutes commenceront dès la la sortie du toril ».
« Le taureau, à sa sortie, devra rester 2 minutes avant que d’être attaqué ; une deuxième sonnerie de trompette annoncera aux razeteurs que ces 2 minutes sont écoulées ; néanmoins le président de la course pourra user de son droit et faire attaquer un taureau sitôt après sa sortie du toril, si ce dernier se montrait fuyard en sautant les barrières ».
« Les cocardes du garrot devront être posées a la glu ou a la poix. Ces cocardes devront avoir la forme d’une petite devise ; en aucun cas ce genre de cocarde sera apposée avec un crochet, ce mode d’emploie étant trop dangereux et ne permettant presque jamais l’enlèvement »

Art 7 : Les razeteurs devront avoir une tenue correcte(pantalons blancs et sandales de préférence)
« Ils devront se servir du crochet règlementaire à trois branches, mesurant 7 à 8 centimètres de largeur et dont le modèle sera déposé dans chaque arène ».
« L’entrée de la piste ne sera accordée qu’aux raseteurs connus, en tenue régulière »
« Il est interdit de se servir d’une veste ou manteau pour détourner l’attention du taureau ».

Art 8 : « Dans chaque arène, les directeurs seront tenus de réserver un endroit très propre pour servir d’infirmerie, un brancard, une cruche d’eau distillée ou aseptisée, une boite à pansement avec tout le nécessaire devront se trouver à cette infirmerie afin de pouvoir donner, le cas échéant, les premiers soins à un blessé ».
« Avant même de donner l’ordre de commencer la course, le Président devra s’assurer par lui-même et sous sa responsabilité morale que cet ordre est bien exécuté »
« Un docteur sera désigné pour ce service »
« Ce projet a été accepté à l’unanimité et le bureau fédéral sera chargé de faire les démarches nécessaires pour le faire appliquer »

En dehors de ce règlement, la direction de Lunel avait fait accepter par sa commission tauromachique un appendice où étaient stipulées les attributions du Président de la course ; nous croyons utile de les reproduire ici :
1/ Se rendre compte de l’état de l’infirmerie
2/ Observer l’exactitude de l’heure pou commencer la course
3/ Evacuation de la piste
4/ Razeteurs en tenue correcte
5/ Interdire l’usage des manteaux et des vestes
6/ Interdire tous propos ou gestes incorrects de la part des razeteurs
7/ Faire respecter le temps de course de chaque taureau
8/ Le président est seul juge d’accepter ou de refuser les surprimes

Comme on le voit tout avait été fait prévu pour sauvegarder les intérêts de chacun
a/ Les intérêts des spectateurs étaient garantis par les articles 1, 2 et 6
b/ Les intérêts des manadiers étaient garantis par les articles 6 et7
c/ Les intérêts des razeteurs étaient garantis par les articles 4, 6, 7 et 8.

Cela semblait donc devoir marcher sur des roulettes ; il y eut heureusement ou malheureusement pour tous, de 1921 à 1930 la période bénie où l’on jetait les billets de banque par la fenêtre ; ce fut le règne de la facilité splendide qui rendit infiniment dur et pénible le retour vers une période rationnelle et normale.

Ce règlement, sans prétention, comptait cependant les principales clauses indispensables à la bonne marche d’une course.
Les points cause des principaux litiges étaient prévus ; on imposait à chacun ce qui pouvait être imposé, et ces petites exigences ne furent pas toujours prises en compte.

Tamarisso