"Hommage aux Femmes"
Dans la droite ligne de l’article paru sur ce site Gardianes de Camargue * , voici ce qu’en pensait Francis AMPHOUX dans son livre "Les chemins et passions d’un gardian de Camargue" édité chez Lacour lors du dernier trimestre 1998..

.
Dans les biòu, même si les hommes se taillent la part du lion, j’assure que les femmes, du moins certaines d’entre elles, ont droit au chapitre.
On peut adorer les sensations fortes !
Dans notre métier, elles ne manquent pas.
"Barruler" une bête, galoper sur des terrains souvent difficiles et trompeurs et quelquefois se retrouver le nez dans les "enganes", attendre un tau au fer, même à quatre-vingt-quatre ans, tout cela ne m’empêche pas d’être un homme en admiration devant les femmes.
Je ne suis pas misogyne, souriez pas et surtout, ne me prêtez pas de mauvaises intentions !...
Je veux surtout parler des femmes cavalières (femmes de biòu).
J’en connais, vous aussi ; j’en ai connu, vous aussi, qui alliaient et allient toujours la grâce et l’efficacité et, voir ce qu’elles font à cheval face à des "engins" quelquefois peu coopératifs..., là est mon admiration.
Peu soucieux de l’ordre chronologique, je pense à Mme Fanfonne Guillierme, Mme Françoise Calais, Mme Nicole Rebuffat, la "grande" Conchita Cintron, et de nos jours, la mignonne Marie Sara avec mention spéciale à Mme Dunant (la fille de M. Pierre Sauvel).

Mme Dunant a été, à ma connaissance, la seule femme cavalière à se servir efficacement d’un trident.
Mais, plus près de moi, j’ai pu apprécier les mérites de la "pelote" Mistou Nou de la Houplière, de ma fille Dany, qui, devenue manadière monte toujours à cheval.
En 1957, immobilisé par ce fichu corset de plâtre (suite à mon accident), j’ai eu la chance d’avoir Dany à mes côtés. Elle avait, et je pense qu’elle n’a rien perdu, de tout ce dont a besoin un gardian pour être efficace dans son travail.
Je me revois, moi, l’handicapé, bâton en main, à pied au milieu des bêtes et Dany triant sous mes ordres une ou plusieurs courses.
Le temps passant, et vite, Serge et Mine nous ont gratifié d’une petite Pascale. Elle est aussi une excellente cavalière. Très jeune, je l’ai juchée sur un cheval et le sens de la place, l’anticipation..., elle connaît.
Au chapitre de l’élément féminin parmi les taureaux, je me dois de faire un petit clin d’œil à Pascale Godespki, cette grande fille sympa qui, avant de trouver un compagnon, avant de grimper dans ses garrigues de Corconne, participait efficacement aux travaux de la manade sur son grand cheval Alamo.
Avant de clore..., qu’il me soit permis de rendre un hommage particulier aux "baylesses", à toutes les "baylesses", celles que l’on ne voit pratiquement jamais à cheval, celles qui, sans en avoir l’air, dans l’ombre de leur époux gardian, ont une activité plus qu’efficace, qui favorise grandement la bonne marche des Manades.
J’ai eu la chance d’en croiser sur les chemins de mes passions et d’en apprécier deux, particulièrement.
La première, je l’ai épousée en 1937, et ne vous en déplaise, je l’ai toujours. Nous avons fêté nos noces de diamant (60 ans de mariage ! NdR) dans le courant de l’année.
Ça fait un drôle de bail !
S’il me fallait compter les tasses de café et autres tranches de saucissons qui sont passées par ses mains... j’aurais du travail.
Mais, trêve de plaisanterie..., notre vie ne s’est pas arrêtée au café ou au saucisson. Fort heureusement !
Elle m’a fait deux enfants : Dany et Serge, le choix du Roi, et chose extraordinaire..., elle m’a supporté et me supporte toujours. J’avais un certain temps, envisagé d’en "changer", mais réflexion faire, j’y ai renoncé, pensant que ça pourrait être plus mal.
Alors... Aors que notre chemin continue encore un peu de temps. Mais j’ai confiance, le sel de Camargue conserve !
La seconde baylesse, c’est une jolie Beauvoisinoise que Serge a épousé en 1962 (nous en avons parlé).
Elle représente à mes yeux, à nos yeux, la gentillesse, la sagesse, le courage et bien plus encore.
Elle nous a donné deux petits enfants Pascale et Frédéric.
Grâce à Fredou, nous sommes arrière-grands-parents.
Encore merci Mine ! (Papet René)
