Le SANGLIER / COMBET-GRANON
Au tableau d’honneur des grands cocardiers sont inscrits tout en tête trois grands noms connus de tous les amateurs de bouvine, anciens ou jeunes, bien que l’on remonte aux débuts du siècle, il s’agit de LOU PARE, de la manade Pouly, LOU PROUVENÇO, de Baroncelli et LOU SANGLIER, de Granon.

Un article écrit par Lucien ANDRÉ en janvier 1974
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Le SANGLIER que nous allons évoquer rapidement, est né au mois de mai 1916, sur les terres de la manade GRANON au Château d’Avignon, du côté de la Bardouine.
Ce nom de Sanglier lui a été donné, parce qu’en même temps qu’il venait au monde, une laie mettait bas toute une petite famille de marcassins proche de sa mère. CHABALET, le gardian d’alors fit cette double découverte du taureau et des sangliers.
Le SANGLIER est fils de la Caillette et de Belcita, deux géniteurs de bonne race et de ce bon sang qui ne trompe jamais...
L’époque était tragique pour les hommes et le Sanglier risqua d’être emporté par la tourmente lors des nombreuses livraisons de jeunes taureaux que le manadier était contraint d’effectuer aux armées.
Lors de sa troisième année, à peu de chose près pour le jour de son anniversaire, le Sanglier fait ses débuts à Aigues-Vives.
C’est d’ailleurs la première course au lendemain de la guerre.
La fougue de l’animal est remarquée. Il plante notamment ses cornes dan un mi-muid et y laisse une point Mais ce n’est vraiment que 3 Octobre que notre jeune cocardier se présente comme le cocardier marne le cocardier de classe qu’il devait être.
Le Sanglier est cruellement blessé lors d’une basselade avec d’autres congénères. C’est au lendemain de la course du 22 Mai à Vauvert.
Il ne reparaît en piste que le 10 Juillet à Lunel où il fait un triomphe qui le sacre vedette parmi les vedettes.
La gloire du Sanglier va croissant et à partir de 1925 il est le roi des pistes où les raseteurs n’osent plus l’affronter, même REY celui qui possédait le plus grand courage pour aller devant lui.
REY, ROGNURE, BENOIT, MARGAILLAN et bien d’autres raseteurs ont combattu avec Le Sanglier.
Certains furent blessés.
Tous redoutaient le coup de tête qui terminait une poursuite, coup de tête formidable que le taureau donnait alors qu’il était par dessus la barrière. La puissance, la rapidité du Sanglier faisaient de lui un cocardier redoutable. Durant toute sa carrière les arènes où il courait se remplissaient de spectateurs qui l’ovationnaient sans cesse...
Dans ces quelques lignes il ne nous est pas possible de retracer la vie du Sanglier, d’autres l’ont déjà fait avec plus d’abondance. Il nous suffit d’esquisser cette vie glorieuse afin de mieux le situer.
Il convient encore de dire la Despedida de cette gloire de la bouvine.
C’est à Aigues-Vives qu’elle eut lieu au mois d’Octobre 1931.
Il y avait un monde fou autour de ces petites arènes où avait pris place un enfant du pays universellement connu : il s’agissait de Gastounet, Gaston Doumergue, qui venait de passer sept ans à la présidence de la République. La foule veut voir Doumergue sans doute, mais c’est surtout du Sanglier dont on veut s’emplir les yeux.
L’as des As ne reparaîtra plus en public et le public du jour le sait et veut s’enivrer à jamais de cette vision qui met un point final à la plus glorieuse histoire d’un grand cocardier qui devait retourner au paradis des taureaux, s’il en est un, le 22 Octobre 1933.
